Le Luxembourg prépare finalement un plan d'action national contre le racisme
Le Luxembourg prépare finalement un plan d'action national contre le racisme
La rédaction avait rencontré Sandrine Gashonga l’année dernière, après la publication de l’enquête du Liser et du Cefis sur le racisme. Membre fondatrice de l’association féministe et antiraciste Lëtz Rise Up, la militante avait à l’époque déploré l’absence d’un plan d’intégration et surtout de lutte contre les discriminations, et avait même écrit une lettre ouverte à l'adresse de la ministre Corinne Cahen (DP).
Elle avait néanmoins concédé une avancée quant à la dite étude sur le racisme au Grand-Duché, précisant alors qu’il s’agissait d’«une avancée dans la démarche antiraciste». Mais il n’était pas question d’en rester là. Aussi, c’est avec une certaine fierté qu’elle nous a informé qu’un plan national contre le racisme allait finalement être mis en place par le gouvernement, et que Lëtz Rise Up n’y était pas pour rien.
«Après les déclarations de la ministre pendant la conférence de présentation de l’étude sur le racisme, qui annonçait ne pas prévoir du tout la mise en place d’un plan d’action, j’ai fait plusieurs réunions à Bruxelles.»
On a fait du lobbying et ça a marché.
C’est dans cette capitale comptant de nombreux organismes de l'UE qu’elle a pu rencontrer des personnes en charge de la mise en place du plan d’action européen contre le racisme, à qui elle a expliqué «la situation au Luxembourg».
Des paroles qui semblent avoir eu leur effet, puisqu’en décembre 2022, le ministère a fait savoir à l’asbl «qu’il y aurait un plan d’action». Transparente sur la question, Sandrine Gashonga l’affirme sans détour: «On a fait du lobbying et ça a marché». «Nous travaillons actuellement avec le ministère, et nous nous réjouissons de la tournure qu'ont pris les évènements.»
Un plan qui se déclinera en trois volets
D’après les informations déjà confirmées, ce plan d'action à venir se découpera en trois axes majeurs, à savoir, l’éducation, le logement et l’emploi. Un déroulé qui répond donc clairement à des thématiques pointées du doigt par le milieu associatif, preuve que l’on peut être écouté mais surtout entendu «même s'il faut pour cela avoir recours au lobbying».
Lire aussi: Les stéréotypes ont la peau dure au Luxembourg
«Une chose que je salue, c’est qu’ils ont eu la démarche de venir vers nous et de déclarer leur intention d’inclure la société civile dans tout le processus.»
Pour les résultats, il faudra en revanche ne rien attendre avant 2024, puisque «c’est le temps qu’il faut pour contacter les bons intervenants, faire les choses bien». «La personne en charge de tout ceci a l’air très motivé, la rencontre que nous avons eue avec elle a été très positive.»
Dans l’attente des conclusions, le combat continue
En attendant les suites de ce travail en cours, Lëtz Rise Up garde le cap et planche actuellement sur un projet européen Erasmus+ dénommé Sexpowerment. Le but de l'initiative est de créer des ressources pédagogiques en matière d’éducation sexuelle et affective pour les professionnels qui œuvrent avec des jeunes dans un contexte interculturel et inclusif.
Le racisme antimigrant ambiant semble de plus en plus toléré, presque acceptable, alors que c’est une autre façon de déverser de la haine…
«Nous sommes cinq associations sur ce projet, chacune ayant sa spécialité. Notre cheval de bataille, c’est vraiment la lutte contre les préjugés et les stéréotypes. Nous avons déjà produit plusieurs productions intellectuelles, dont des podcasts disponibles sur Spotify sur notre site, pour lesquels nous avons notamment rencontré des éducateurs qui travaillent avec des jeunes primo-arrivants.»
Les militantes de l’asbl n’en oublient pas moins leurs autres combats pour lutter contre toutes les formes d’exclusion et restent très attentives aux débats de société et ce qu’ils sous-tendent. «Le racisme antimigrant ambiant semble de plus en plus toléré, presque acceptable, alors que c’est une autre façon de déverser de la haine… Aucun parti politique, même de gauche, ne se saisit réellement du sujet, cela interroge beaucoup…»
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