Le Luxembourg premier pays à bannir le glyphosate
Le Luxembourg premier pays à bannir le glyphosate
«Au Luxembourg, l'utilisation du glyphosate sera interdite à partir du 1er janvier 2021. Tous les secteurs sont concernés, le secteur agricole bien entendu, le service public, de même que le domaine privé», a annoncé Romain Schneider (LSAP), ministre de l'Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural, jeudi.
Le ministre peut bomber le torse. En actant cette décision de bannir totalement le pesticide - une mesure inscrite dans l'accord de coalition 2018-2023 -, le Luxembourg devient précurseur au niveau européen. Considérant le produit dangereux et polluant, d'autres pays de l'UE ont déjà légiféré, à l’instar de la France, de la Belgique ou encore des Pays-Bas, mais seules des restrictions d'utilisation ont été émises.
13,6 tonnes répandues
«L'Autriche où les Verts sont entrés dans le nouveau gouvernement est en passe de faire comme nous», a précisé le ministre qui attend que l'Allemagne «suive aussi notre exemple». Au niveau mondial, seuls six pays du Moyen-Orient et le Vietnam ont interdit l'importation d'herbicides à base de glyphosate.
Pour ce qui est de l'utilisation du glyphosate dans le secteur agricole luxembourgeois, le ministre a indiqué que les 1.005 exploitations luxembourgeoises avaient répandu 13,6 tonnes en 2019. «Soit 3,5 tonnes de moins qu'en 2013.» Une sensible réduction qui reflète la sensibilisation du secteur en la matière. Et le ministre de se féliciter que «près de 60% des exploitants s'en passent déjà».
De son côté, le secteur viti-vinicole fait encore mieux puisque l'herbicide le plus utilisé au monde a déjà été banni; cela depuis ce début d'année.
Tous les services d'Etat concernés
Le domaine de l'Agriculture s'est doté d'un Plan d'action national de réduction des produits phytopharmaceutiques visant à réduire l'utilisation de tous les pesticides de 50% en 2030. Il est donc le premier concerné par cette future interdiction, mais ce n'est bien évidemment pas le seul.
Toutes les entités étatiques devront se passer de l'herbicide. A titre d'exemple, les chemins de fer sont de gros consommateurs. 40 tonnes, en 2019, pour la SNCF en France. Pour ce qui est des CFL,«ils ont utilisé 10.500 litres pour la période 2009-2016», selon l'entourage du ministre. Un exemple que l'on pourrait retranscrire au niveau des communes.
Le ministère de l'Agriculture a prévu une phase d'accompagnement puisque «l'interdiction impliquera de nouvelles méthodes de production». C'est ainsi qu'un règlement a été négocié avec l'octroi de primes. Les exploitants qui se sont engagés à respecter cette condition recevront une compensation supplémentaire de 30 euros par hectare pour les terres arables, 50€ pour les terres viticoles et 100€ pour l'arboriculture fruitière.
Gare aux sanctions
En outre, les viticulteurs, qui s'engagent à renoncer volontairement à tout emploi d'herbicides dans leur vignoble seront indemnisés entre 500 et 550€/hectare, en fonction de la pente du terrain. «L'alternative au glyphosate est manuelle, mais aussi en grande partie mécanique», a encore souligné Romain Schneider qui a indiqué que les investissements consentis par les exploitants pourraient, en partie, être pris en charge par l’État.
Si la mise en application de la loi est fixée au 1er janvier 2021, les détenteurs de stocks auront la possibilité de les écouler jusqu'au 30 juin 2020. Professionnels et privés pourront utiliser le pesticide jusqu'au 31 décembre. Ensuite, des sanctions financières sont prévues pour les contrevenants.
