Le Luxembourg ne financera pas l'A31 bis
Le Luxembourg ne financera pas l'A31 bis
Souvenez-vous, il y a quelques mois, le projet d'A31 bis a été approuvé par le gouvernement français, sans pour autant avoir défini de tracé précis.
Une deux fois trois voies entre Thionville et Luxembourg devrait voir le jour, et l'hypothétique péage sur cette portion de route fait de plus en plus parler. Les frontaliers sont-ils prêts à financer leur trajet jusqu'au Luxembourg?
Si l'on en croit les hypothèses du document du maître d'ouvrage, un frontalier qui prendrait l'A31 bis depuis Metz pour travailler au Luxembourg devrait s'acquitter de 576 euros par an depuis Metz et de 335 euros par an depuis Thionville.
Pour le représentant de l'Etat français en Lorraine, «de nombreux frontaliers préféreraient d'ailleurs payer un péage de quelques dizaines d'euros par mois pour éviter de se retrouver tous les jours dans ces interminables bouchons».
L'installation de ce péage aurait un double impact: elle permettrait de gagner jusqu'à 16 ans dans la réalisation des travaux et d'économiser environ 800 millions d'euros de dépenses publiques pour l'Etat ou les Etats qui auraient financé cette A31 bis.
Mais justement, le Grand-Duché est-il prêt à aider le gouvernement français dans ce projet, pour permettre une potentielle fluidité de trafic pour ses frontaliers? Rien n'est moins sûr.
1.4 milliard d'euros à financer
Pour désengorger l'A31, plusieurs aménagements vont être mis en place. Une nouvelle portion d'autoroute entre Hagondange et Thionville verra le jour, et cette fameuse deux fois trois voies sur 14km au nord de Thionville également.
Mais ces travaux ont un coût: entre 1,1 et 1,4 milliard d'euros. A l'heure actuelle, «nous n'avons pas de demandes de la France au Luxembourg ni de proposition du Luxembourg à la France sur les modalités de financement», explique-t-on chez le représentant de l'Etat français en Lorraine. «C'est trop tôt pour en parler.»
Alors comment le gouvernement français voit-il les choses vis-à-vis de cet investissement?
Un «codéveloppement franco-luxembourgeois»
De l'autre côté de la frontière, une partie des élus lorrains tablent sur une participation du Grand-Duché. Un «codéveloppement franco-luxembourgeois» a même été proposé par le maire de Thionville, Pierre Cuny.
Celui-ci nous confiait dans une interview au mois de juillet, qu'il n'était «pas contre un péage, à partir du moment où ce ne sont pas les travailleurs frontaliers qui le paient».
Le maire de la commune explique ainsi qu'«il n'est pas question de dire aux Luxembourgeois "il faut payer". Mais c'est de dire, "nous avons une richesse commune". Nous avons 175.000 travailleurs frontaliers. 200.000 d'ici dix ans. C'est une richesse extraordinaire pour ce territoire. Il faut se réunir sur ce projet. On pourrait imaginer autour d'un projet sur la mobilité comme l'A31 bis que le Luxembourg apporte une contribution. Il faut que ce soit du gagnant-gagnant.»
Certains élus lorrains imaginent aussi une rétrocession fiscale, comme celle qui lie la France à la Suisse, à hauteur de 279 millions d'euros par an et qui permettrait de financer la totalité de l'infrastructure en quatre ou cinq ans.
L'Etat luxembourgeois en «fait déjà assez»
Mais un tout autre son de cloche résonne de notre côté de la frontière. Pour le gouvernement luxembourgeois, il y a suffisamment de projets en cours de réalisation pour la mobilité des frontaliers. «Nous finançons déjà la mobilité des frontaliers», nous assure-t-on ainsi au ministère des Infrastructures.
Dany Frank, porte-parole de ce ministère, souligne, à nouveau, les différents projets qui vont être mis en place pour les frontaliers.
- Ce sont donc deux cents millions d'euros qui seront investis dans l'élargissement à deux fois trois voies de l'autoroute A3 jusqu'à Dudelange. Les travaux devraient commencer l'an prochain et se terminer trois ou quatre ans plus tard.
- La ligne ferroviaire Luxembourg-Bettembourg a aussi fait l'objet de 300 millions d'euros d'investissement de la part du gouvernement, et il faudra attendre l'agrandissement de la gare de Luxembourg (et l'entrée en fonction des cinquième et sixième quais), de celle de Bettembourg et de celle de Howald (dont la première phase a été votée fin décembre 2010) pour mesurer l'impact de ce financement sur la mobilité frontalière.
La porte-parole du ministère ajoute que «ce n'est pas à nous de financer encore les infrastructures de ce côté-là de la frontière». Pourtant, la ligne à grande vitesse de l'Est, elle, a en partie été financée par le Luxembourg, à hauteur de 40 millions d'euros, alors que celle-ci était également un projet français...
Sans compter les investissements dans le lancement et l'exploitation de lignes de bus transfrontalières.
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