Le Luxembourg doit mieux investir dans son avenir
Le Luxembourg doit mieux investir dans son avenir
Mercredi, la Commission européenne a présenté ses principales recommandations d’amélioration au Luxembourg. L’instance européenne s’est tout d’abord penchée sur le système de retraite: «Les hausses attendues des dépenses liées au vieillissement menacent la viabilité à long terme des systèmes de soins de santé et de soins de longue durée», explique-t-elle dans ses recommandations économiques semestrielles.
Le document juge donc «nécessaire de faire concourir les politiques démographiques et les politiques en matière d’éducation et de formation dans le cadre d’une stratégie globale qui tienne compte à la fois des possibilités d’évolution sur le plan démographique et dans le secteur de l’économie numérique et des difficultés y afférentes, de manière à pérenniser la cohésion sociale et les finances publiques».
D’autant que selon ses auteurs, le vieillissement de la population pourrait à long terme accroître les pénuries de main-d’œuvre dans certains secteurs et, par effet de boule de neige, entraver la croissance de la productivité et réduire le potentiel de croissance à long terme. Autre point d’achoppement mis en avant par la Commission: le vieillissement démographique. Le phénomène pourrait en effet accroître «les pénuries de main-d’œuvre dans certains secteurs, entraver la croissance de la productivité et par conséquent réduire le potentiel de croissance à long terme», prévient-elle.
Malgré les bonnes performances globales sur le marché du travail, elle relève dans son rapport que le taux d’emploi stagne dans le pays, et que certains groupes demeurent confrontés à des difficultés spécifiques sur le marché du travail. «En particulier, le taux d’emploi des personnes âgées reste particulièrement bas et des mesures supplémentaires sont nécessaires pour améliorer leur participation au marché du travail», précise-t-elle.
Pour favoriser l’emploi des travailleurs âgés, il est donc selon elle nécessaire de disposer d’une stratégie globale comprenant des mesures visant à les aider à rester en activité plus longtemps. «Le 'pacte de l’âge', un projet de loi soumis au Parlement en avril 2014, dont l’objectif est d’encourager les entreprises de plus de 150 salariés à embaucher et à retenir les travailleurs âgés grâce à des mesures de gestion de l’âge, est encore en cours d’examen au Parlement», rappelle la Commission.
Investissements insuffisants
Le Luxembourg peut également mieux faire en matière de diversification économique, estime le rapport. «La croissance de productivité a stagné ces dernières années», précise le document, «entravée par de faibles niveaux d’investissement des entreprises dans l’innovation et l’intégration numérique». Ses auteurs reconnaissent certes que le pays a procédé à «des investissements élevés et convergents dans des secteurs clés à forte intensité de connaissances, tels que celui des technologies de l’information et de la communication». Ils notent cependant que «cet important investissement public n’a pas eu d’effet d’entraînement ni contribué à stimuler l’investissement privé dans l’innovation et la numérisation.».
Sur ce point, ils recommandent donc «d’accroître les investissements en matière de recherche et d’innovation, ainsi que d’intégration numérique, en particulier dans les entreprises et, plus particulièrement, dans les petites et moyennes entreprises, afin d’améliorer la croissance de la productivité et de diversifier davantage l’économie luxembourgeoise».
Plus particulièrement, cet investissement «devrait cibler les compétences dans les domaines des technologies de l’information et de la communication, de l’employabilité, de l’éducation et de la formation», préconise la Commission. «Le tout afin d’améliorer la productivité, l’emploi et les possibilités de croissance à long terme du Luxembourg, et d’y favoriser l’égalité des chances».
Accroître la vente de terrains
Autres domaines qui fâchent, les problèmes de mobilité et de logement: «La pollution de l’air et les embouteillages aux heures de pointe restent des problèmes majeurs au Luxembourg, tant du point de vue de la compétitivité que de l’environnement», relève son rapport. «En outre, les émissions de CO2 dues au transport routier contribuent au changement climatique», pointe l'institution européenne. En cause selon elle «le nombre de travailleurs frontaliers, qui représentent actuellement environ 45% de la population active du Luxembourg, la faible taxation du carburant destiné au transport et les prix élevés de l’immobilier qui favorisent l’utilisation accrue de la voiture». Elle préconise donc l’utilisation de carburants de substitution dans les voitures particulières neuves.
Quant à l’offre insuffisante de logements, qui «peut avoir une incidence négative sur l’attractivité du Luxembourg», elle suggère la mise en place de «mesures incitant les propriétaires terriens à construire de nouveaux logements ou à vendre leurs terrains», ainsi que l’accroissement de l’offre de logements sociaux, qui «se révèle également insuffisante». Elle juge donc nécessaire «d’investir à grande échelle pour atténuer les tensions croissantes sur le marché du logement.»
Dernier point sensible: la lutte contre la planification fiscale agressive. Sur le sujet, la Commission a épinglé, outre le Grand-Duché, un certain nombre de pays européens, pour leur systèmes fiscaux permettant aux contribuables et plus particulièrement aux entreprises «de réduire l’impôt dont ils sont redevables par des arrangements qui, bien que légaux, sont en contradiction avec l’esprit de la loi».
Si le Luxembourg a adopté des mesures contre la planification fiscale agressive, le rapport relève que certaines dispositifs comme notamment l’absence de retenues à la source sur les paiements de redevances et d’intérêts versés à l’étranger, et l’exonération de retenue à la source sur les paiements de dividendes dans certaines situations peuvent conduire à l'échappement fiscal, s'il n'existe également aucune imposition dans la juridiction du bénéficiaire.
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