Le Luxembourg conserve sa place de mauvais élève
Le Luxembourg conserve sa place de mauvais élève
45 jours. C'est le temps qu'il a fallu aux Luxembourgeois pour consommer l'ensemble des ressources naturelles que le territoire national est en capacité de produire en un an. Une triste performance qui vaut au Grand-Duché la seconde place sur le podium mondial du «Jour du dépassement», entre le Qatar (10 février) et le Canada, les Émirats arabes unis et les États-Unis (13 mars).
À l'image de l'an passé, ce seuil critique, calculé par l'ONG Global Footprint Network, intervient un 14 février. Si l'ensemble de l'humanité avait le même rythme de vie que les résidents du Grand-Duché, il faudrait ainsi huit planètes pour subvenir aux besoins de la population. La réalité est cependant plus nuancée. Alors que la Belgique aura épuisé toutes ses ressources le 25 mars prochain, l'Allemagne le 4 mai et la France le lendemain, certains pays, à l'image du Congo ou du Sri Lanka, n'atteignent même pas leur jour du dépassement.
Lorsque l'on réalise la moyenne de toutes les nations, le jour du dépassement intervient généralement au cours de l'été. En 2020, cette date avait enregistré un recul exceptionnel de trois semaines, dû à la pandémie de covid-19. Mais dès 2021, la régression n'était qu'un lointain souvenir, le Earth Overshoot Day ayant eu lieu le 29 juillet. En 2022, c'est même un jour plus tôt que s'est produite l'échéance: le 28 juillet. Il aurait fallu 1,75 fois la Terre pour subvenir aux besoins de l'humanité.
Les frontaliers absents du calcul
En s'attardant sur le calcul développé par l'ONG pour générer cette date, plusieurs facteurs permettent d'expliquer la mauvaise place du Luxembourg. Si le pays possède l'une des pires empreintes écologiques du monde, c'est en partie car la méthode de Global Footprint Network ne prend pas en compte sa situation si particulière.
Ainsi, les frontaliers, dont le poids pèse lourd sur le marché du travail, ne font pas partie de l'équation, qui se base uniquement sur le nombre de résidents. Pourtant, les navetteurs ne sont pas sans polluer. À cela s'ajoute le tourisme à la pompe, qui pèse à lui seul pour 1,63 des huit planètes consommées par les Luxembourgeois, mais aussi la présence d'industries particulièrement consommatrices en énergie dans le pays, comme l'acier ou les pneus.
Autre limite du calcul: les données utilisées pour réaliser l'équation. Ces dernières datent de 2018. Bien qu'elles soient fiables, puisqu'elles sont celles de l'ONU, leur actualisation laisse à désirer. Il est donc impossible d'estimer le résultat d'une politique environnementale mise en place d'une année à l'autre.
Des angles morts qui ont été pointés du doigt ce vendredi 10 février par le Conseil Supérieur pour un Développement durable. Ce dernier a chargé le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) d'analyser la méthodologie appliquée par l'ONG, afin d'établir un calcul «visant à mieux refléter le profil du pays et à guider les efforts pour réduire de façon systématique son empreinte écologique».
Une consommation indiscutablement importante
Selon ce nouveau calcul, se voulant plus cohérent et plus transparent, l'empreinte écologique du Luxembourg s'établit à 6,88 planètes. Mieux, mais loin d'être parfait, donc. Pour le Conseil Supérieur pour un Développement durable, l'objectif n'était pas d'«embellir un résultat mauvais», car «il est indiscutable que la consommation des seuls résidents du Luxembourg reste trop importante».
L'initiative visait avant tout à mieux comprendre l'empreinte écologique dans le but d'en faire un indicateur que les acteurs, à la fois politiques et industriels, mais aussi les citoyens, puissent s'approprier. À noter que ces derniers peuvent d'ailleurs estimer l'impact de leur mode de vie sur la planète grâce à la calculatrice mise en ligne par l'ONG. Celle-ci permet par ailleurs d'obtenir des astuces pour réduire son empreinte carbone.
Pour le conseil, la réduction de l'empreinte écologique du Grand-Duché doit avant tout passer par des efforts en matière de réduction des déplacements, par une baisse de la consommation de viande, ou encore par l'amélioration du recyclage. Plus généralement, c'est même le modèle social du Luxembourg ainsi que son besoin de croissance économique qui sont à remettre en question. Que l'on se base sur les données de Global Footprint Network, ou celles du LIST, le chemin reste encore long pour atteindre l'objectif de réduction des émissions de 50 à 55% des émissions de CO2 d'ici 2030, fixé par le gouvernement luxembourgeois.
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