Le logement social suscite une nouvelle prise de conscience
Le logement social suscite une nouvelle prise de conscience
La majorité de la population luxembourgeoise est propriétaire. Mais à présent, les prix sont si vertigineux que de nombreuses familles ne songent plus à devenir propriétaires, explique notre consoeur Michèle Gantenbein du Luxemburger Wort. Reste le logement locatif, mais là aussi les prix sont loin d'être abordables.
La pénurie de logements met donc de plus en plus le gouvernement sous pression. Si ce dernier souhaite aligner plus étroitement la politique du logement sur le logement locatif social, il compte de plus en plus sur la société civile.
Les organismes mis à contribution
Dans cette optique, le Ministère du Logement soutient les organismes privés et publics qui louent des appartements à moindre coût, en leur versant 100 euros par appartement et par mois. À ce titre, l'Agence immobilière sociale (AIS) a ainsi loué 296 appartements subventionnés par l'État en 2017 et 334 appartements en 2018.
Celle-ci propose également d'autres biens immobiliers, notamment d'anciens appartements de service autrefois propriétés de l'État. Au total, l'AIS en a loué 528 dans lesquels vivent 1.226 personnes, auxquelles s'ajoutent 1.200 autres ménages inscrits sur la liste d'attente, confie Gilles Hempel, son directeur.
En 2017, 13 organismes partenaires travaillaient avec le Ministère. Depuis, le chiffre est passé à 21 en 2018 puis à 24 en janvier 2019.
D'autres organisations telles que Caritas ou Wunnengshëllef ont considérablement augmenté leur offre de logements en un an.
La philanthropie s'invite aussi
En marge des organismes à vocation caritative, les acteurs de la philanthropie semblent désormais s'intéresser à la situation critique du marché du logement, en concentrant leurs activités sur la construction et la fourniture de logements abordables.
À l'exemple de la Fondation Cécile Ginter, qui construit actuellement 21 appartements (douze à Ettelbrück et neuf à Differdange). Elle envisage déjà un autre projet résidentiel majeur à Mersch, qui sera ensuite géré par la Fondation Caritas. Le montant des loyers sera basé sur le revenu des résidents.
4.000 appartements locatifs sociaux
Si ces exemples montrent que le sujet est désormais perçu comme un problème de société, il reste encore beaucoup à faire. À l'heure actuelle, les logements locatifs sociaux ne représentent qu'environ 2% du parc de logements locatifs au Luxembourg.
À la fin de 2018, le Fonds du Logement comptait 1.912 appartements loués. Institué en 1979, l'établissement public autonome a pour objectif de contribuer au développement de l’habitat à travers la construction de logements accessibles pour tous. Autre promoteur social, la Société Nationale des Habitations à Bon Marché (SNHBM) en possédait 208 appartements.
Tandis que les municipalités en comptaient 1.083, selon les données officielles du Ministère de l'Intérieur. Depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur le financement des municipalités en 2017, celles-ci reçoivent 1.500 euros par an et par unité de l'État.
Ainsi, le pays compterait un total de 4.109 appartements locatifs sociaux, selon les chiffres officiels. Ces données ne tiennent pas compte cependant des autres logements loués à bas prix par les municipalités ou par les organismes privés, et pour lesquels aucune subvention au logement n'est versée.
Cinq millions de primes locatives
Un peu moins de 5.300 personnes bénéficient d'une subvention au loyer de l'État. Accordée par le Ministère du Logement, l'aide mensuelle est destinée aux ménages à faibles revenus souhaitant accéder en location à un logement décent. Son montant peut aller jusqu'à 300 euros maximum, selon le revenu et la composition du ménage.
Fin septembre 2018, 5.231 personnes avaient sollicité l'aide de l'État, pour un montant total de 3,542 millions d'euros). Dans le même temps, cinq millions d'euros avaient été affectés à la subvention au loyer inscrite au budget.
Par Michèle Gantenbein, adaptation Marc Auxenfants
