Le logement, ce facteur aggravant des inégalités
Le logement, ce facteur aggravant des inégalités
Le démantèlement de la structure d'accueil de bénéficiaires de protection internationale (BPI) sur le site de l'ancienne maternité du CHL s'est effectué discrètement. Mais le fait illustre en partie la délicate position du Luxembourg en matière d'accueil des réfugiés. Car si le pays affiche sa volonté de «s’engager pour une politique migratoire et d’accueil humaine» en hébergeant sur son territoire des ressortissants venus de Syrie, d'Érythrée ou du Soudan, il peine à offrir des conditions de vie équitables à ces nouveaux venus, pourtant dotés exactement des mêmes droits que les autres résidents.
Installée le long de la route d'Arlon depuis fin 2015, la structure d'accueil du CHL devra fermer définitivement ses portes début août. Et cela afin de permettre une nouvelle extension de la structure hospitalière qui doit ouvrir ses portes à l'horizon 2028. Conséquence, la centaine d'hommes et de femmes présents dans les locaux ont dû chercher un nouveau point de chute, très souvent avec le support des différents services d'aide sociale.
Mais si «tout le monde a pu trouver un nouveau toit», selon Katia Duscherer, directrice adjointe de l'Office national de l'accueil (ONA), l'opération coordonnée et menée avec l'office social de la Ville de Luxembourg et le ministère de la Famille n'a pas été une mince affaire. Et étalée sur une période de six mois.
«Une grande partie de ces personnes ont retrouvé un logement au sein de la Haus Delta qui vient d'être rénovée et qui était tout juste disponible», note Sandy Lopes, directrice de l'Office social de la capitale. Comprenez que sans cet alignement de planètes entre l'offre et la demande, la situation aurait été bien plus complexe à gérer, voire que cette configuration relève du miracle. La moitié des résidents de l'ancienne maternité du CHL habitent donc désormais quartier Gare.
Une difficulté d'hébergement qui devrait être amenée à se reproduire à l'avenir. En effet, sur les 57 structures d'accueil actuelles, l'ONA recense annuellement «trois ou quatre bails qui ne sont pas renouvelés en raison de la volonté des propriétaires de réaliser des projets de construction», précise Katia Duscherer. Sans compter qu'une fois leur statut de protection internationale obtenu, les bénéficiaires s'engagent à trouver un logement un an après leur arrivée, afin de libérer de la place dans les structures d'accueil.
Sauf qu'«au bout de douze mois seulement, les BPI ne connaissent pas encore très bien les réalités du Luxembourg et ne parlent pas encore les langues usuelles», souligne Marc Josse, responsable du centre pour l'intégration et la cohésion sociale de la Croix-Rouge (Lisko), en référence aux nombreuses difficultés existantes sur le marché de l'immobilier. Pour un réfugié, tout comme pour une personne vivant des aides sociales, parvenir à se loger au prix du marché reviendrait à se mettre «dans une situation de très grande précarité», estime le travailleur social.
Car une fois le loyer payé, «les réfugiés sous statut n'auraient plus que 400 euros par mois pour vivre», indique le membre de la Croix-Rouge puisque bon nombre de BPI ne vivent que du seul Revis et des allocations familiales. Sans compter les réticences des propriétaires à louer leur bien à des personnes sans CDI. Face à cette réalité, les différents acteurs s'accordent sur le besoin d'agir «sur différents critères» dont la hausse de l'offre de logements abordables constitue la pierre angulaire.
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