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Le harcèlement moral en hausse au Luxembourg
Luxembourg 4 min. 26.06.2019 Cet article est archivé

Le harcèlement moral en hausse au Luxembourg

Le harcèlement moral en hausse au Luxembourg

Photo: Shutterstock
Luxembourg 4 min. 26.06.2019 Cet article est archivé

Le harcèlement moral en hausse au Luxembourg

Marc AUXENFANTS
Marc AUXENFANTS
Selon une étude publiée mardi par la Chambre des Salariés du Luxembourg, le nombre de cas de troubles liés au mobbing a augmenté de près de 50% entre 2014 et 2018.

Le harcèlement moral au travail reste l'un des principaux facteurs de stress professionnel. Avec des conséquences graves pour les salariés concernés, rappelaient récemment des chercheurs norvégiens dans un article du Scandinavian Journal of Psychology. Selon eux en effet, «l'exposition au harcèlement professionnel serait un facteur de stress social grave et un problème plus invalidant et dévastateur pour les personnes touchées que les effets de tous les autres facteurs de stress liés au travail réunis». Outre les conséquences sur la santé comme la dépression et le burnout, les effets se font également sentir sur la motivation, l'efficacité des salariés visés, ou encore sur leur satisfaction au travail.

Dans une étude publiée mardi par la Chambre des Salariés du Luxembourg (CSL), le Grand-Duché semble loin d’être épargné par le fléau. L’organisation constate en effet que le nombre de cas de troubles morbides liés au mobbing – un état qu’elle définit comme une «prévalence du harcèlement moral au travail» – a augmenté entre 2014 et 2018. Sur la période, le nombre de personnes interrogées, indiquant être concernées par la mobbing, est passé de 12,4% à 18,1%, soit une hausse de près de 50%. 

Pis: le Luxembourg se classait en 2015 (9,5%) au second rang des pays européens avec le plus fort taux de prévalence du harcèlement moral derrière la France (12,2%) et devant l’Irlande (8,3%). Le Portugal (1%), l’Albanie (0,2%) et la Bulgarie (0,1%) figurant parmi les meilleurs élèves du groupe dans ce domaine. Depuis, ce taux s’est accru de manière constante, «à un niveau relativement élevé», note la CSL.

Au top 5 des comportements de harcèlement moral les plus usités, l’attribution de tâches dénuées de sens – le nombre de personnes concernées par rapport au total interrogées passant de 6,9% en 2014 à 10,9% en 2018) –, ainsi que la critique régulière du travail effectué (de 3,9% en 2014 à 8,1% en 2018). Suivent, le fait d’être ignoré (3,7% en 2014 à 6,3% en 2018), les conflits avec les collègues ou avec le supérieur hiérarchique - dont les taux augmentent, passant de 2,7% à 4,7% des personnes interrogées entre 2014 et 2018 – et le fait d’être ridiculisé par les autres (entre 0,9% et 3,1% de 2014 à 2018).

Charge mentale élevée

Parmi les victimes du harcèlement, «aucune différence importante n’apparaît entre les hommes (15,8%) et les femmes (16%)», observe la CSL. Par contre, les 16-24 ans sont plus exposés au harcèlement moral que leurs collègues plus âgés. Tandis que les salariés célibataires «sont plus concernés par ce phénomène que ceux en couple», poursuit l'organisme de défense des intérêts des salariés. Par ailleurs, les personnes vivant au Luxembourg et en France sont relativement plus affectées par le harcèlement moral que celles résidant en Allemagne. Les salariés des métiers qualifiés de l’industrie, de l’artisanat et des services directs, ainsi que les commerçants et les vendeurs, sont les plus impactés par le harcèlement moral. Ceux du secteur public semblent être plus impactés que les collègues du privé. 


Les jeunes surexposés au harcèlement moral
Si vous êtes âgé entre 16 et 24 ans, de nationalité française ou luxembourgeoise, que vous n’avez personne sous vos ordres et que vous travaillez dans une grande entreprise qui est en train de diminuer leur nombre de salariés, vous risquez plus que n'importe qui d'autre d'être victime de harcèlement moral.

En termes de ressenti, les victimes de mobbing évaluent en moyenne leurs conditions de travail comme plus mauvaises que leurs collègues n’en souffrant pas. Avec des sentiments de perte d’autonomie, de contraintes de temps accrues notamment. Celles-ci déclarent par ailleurs être en moyenne «plus exposées à la concurrence, à une charge mentale et émotionnelle élevée, à une charge physique importante, à un risque d’accident accru», indique la CSL. Autres difficultés les plus souvent citées, celles à changer d’emploi et à gérer son propre équilibre entre vie familiale et vie professionnelle.

L’étude s’appuie sur l’Enquête européenne 2015 sur les conditions de travail (European Working Condition Survey, EWCS) ainsi que sur l’étude «Quality of Work (enquêtes QoW de 2014 à 2018)» réalisée auprès des salariés du Luxembourg

 


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