Une entreprise luxembourgeoise accusée d'avoir aidé le groupe Wagner
Une entreprise luxembourgeoise accusée d'avoir aidé le groupe Wagner
(S.MN. avec AFP) - Des élus américains ont appelé jeudi l'administration Biden à adopter une position plus ferme contre la Chine, accusant des entreprises chinoises de fournir un soutien à la Russie dans sa guerre en Ukraine.
Parmi celles-ci, le Changsha Tianyi Space Science and Technology Research Institute, un institut chinois en recherche spatiale, qui possède une filiale au Luxembourg, nommée Spacety Europe. Le département américain au Trésor accuse la firme chinoise d'avoir fourni au groupe Wagner des images satellites de sites en Ukraine, via une autre société russe, Terra Tech.
«Ces images ont été réalisées afin d'aider les opérations de combat du groupe Wagner en Ukraine», selon un communiqué du département américain au Trésor qui désigne donc la filiale luxembourgeoise
Interrogé par Radio Latina, le gouvernement luxembourgeois dit qu’il était en contact avec les autorités américaines en amont de la décision du Trésor et qu’il prend ces mesures très au sérieux.
Dans sa réponse, ce n'est pas seulement le ministère des Affaires Etrangères qui réagit, mais c'est une position partagée avec deux autres ministères : le ministère de l'Économie et le ministère des Finances. «Les autorités luxembourgeoises compétentes sont dans l’attente d’informations concrètes des autorités américaines sur une éventuelle implication de Spacety Luxembourg, entité subsidiaire de Spacety China, dans le transfert d’images satellitaires évoqué par la communication du Trésor américain», expliquent-ils, dans leur prise de position.
Les différents ministères ajoutent qu'une concertation interministérielle a été lancée pour étudier, au cas où des informations concrètes leur parviendraient des autorités américaines, «d’éventuelles mesures contre la société Spacety Luxembourg SA s’imposent également au niveau national.»
Une coopération étroite
Le gouvernement luxembourgeois explique qu'il «attache la plus grande importance à une mise en œuvre efficace et robuste des sanctions internationales, tant économiques que financières, à l'encontre des personnes et entités au motif qu'elles portent atteinte ou menacent l'intégrité territoriale, la souveraineté et l'indépendance de l'Ukraine.»
D'autre part, les trois ministères rappellent que «l'Union européenne et les États-Unis coopèrent étroitement dans le but de priver la Russie des ressources nécessaires à sa guerre d'agression, notamment par le biais de sanctions aux États-Unis et dans l'Union européenne, respectivement.»
Quant aux contacts bilatéraux avec la Chine, les autorités luxembourgeoises expliquent à Radio Latina qu'elles «demandent régulièrement aux autorités chinoises de faire pression sur les dirigeants russes pour qu'ils cessent leur agression contre l'Ukraine».
Des sanctions contre la Chine?
«Nous devons être bien plus robuste» face à la Chine, a déclaré le sénateur démocrate Bob Menendez, qui préside la Commission des affaires étrangères du Sénat, évoquant «des preuves que des entreprises chinoises fournissent de la technologie à double usage dont des semi-conducteurs» nécessaires par exemple pour guider les missiles. «Il me semble que nous ne devrions pas abandonner le potentiel de sanctions contre la Chine si elle fournit une assistance cruciale et qu'elle ne devrait pas pouvoir se cacher derrière des entreprises», a-t-il affirmé.
Son collègue républicain James Risch a estimé lui que la Chine agissait «en toute impunité» et qu'il fallait «renforcer les sanctions» contre les entreprises chinoises. Les sénateurs s'exprimaient lors d'une audition sur la guerre en Ukraine de plusieurs responsables gouvernementaux dont la secrétaire d'Etat adjointe en charge des affaires politiques, Victoria Nuland.
«Nous sommes d'accord», a-t-elle répondu aux parlementaires en soulignant que les Etats-Unis n'hésitaient pas à en faire part aux autorités chinoises au plus haut niveau à chaque occasion. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken doit se rendre en Chine les 5 et 6 février.
Des sanctions supplémentaires contre Wagner
Les Etats-Unis ont annoncé en parallèle jeudi des sanctions supplémentaires contre le groupe russe de mercenaires Wagner et ses soutiens ciblant justement une entreprise chinoise accusée d'avoir fourni des images satellites en Ukraine.
Le groupe Wagner avait été désigné la semaine dernière par les Etats-Unis comme étant une «organisation criminelle internationale» ouvrant la voie à d'autres sanctions. La Chine, pays allié de la Russie, affiche une position de neutralité dans le conflit en Ukraine, tout en resserrant les liens avec la Russie, particulièrement dans le domaine énergétique.
Mais des responsables américains s'inquiètent de plus en plus du soutien fourni à la Russie par l'entremise d'entreprises chinoises dans le domaine de la haute technologie notamment.
