Le grand soir se profile pour les syndicats
par Patrick JACQUEMOT/ 19.11.2019
Faire revenir le patronat à la table des négociations: tel est le but du rassemblement organisé ce mardi soir par OGBL, LCGB et CGFP. Le brusque départ de l'UEL de la tripartite reste «inacceptable» pour les trois syndicats. De son côté, le ministre du Travail rappelle son attachement aux «outils du dialogue social à la luxembourgeoise».
Le 18 septembre dernier, l'Union des entreprises (UEL) avait surpris son monde en annonçant ne plus vouloir prendre part au Comité permanent du travail et de l'emploi. Un CPTE garant du dialogue social. L'historique tripartite - État, patronat, syndicat - a depuis volé en éclats suite aux déclarations du président de l'UEL, Nicolas Buck. Un représentant ayant la dent dure sur les négociations «à la luxembourgeoise» qu'il estime en défaveur des chefs d'entreprise depuis quarante ans.
C'est pour montrer leur opposition à cette attitude du patronat que les trois syndicats OGBL, LCGB et CGFP ont lancé un appel commun à une «grande manifestation» ce mardi 19 novembre. Avec cette idée en tête, résumée par Patrick Dury du LCGB: «Notre petit pays ne peut se payer le luxe d'avoir des grands conflits. Mieux vaut de bonnes négociations».
Dan Kersch - ministre du Travail
Copier le lien
Si les syndicats ont vite et vivement exprimé leur incompréhension face à l'attitude de l'UEL, le ministre du Travail Dan Kersch (LSAP) s'est montré moins réactif. «Mais tout aussi déterminé à rétablir la tripartite», rétorque aujourd'hui le membre du gouvernement. «Mon job ne consiste pas à commenter les attitudes d'untel ou d'untel. Par contre, je dois veiller à ce que les instruments institutionnels en place -comme le CPTE- soient respectés.»
Autrement dit, l'UEL ne doit pas tourner le dos au Comité permanent du travail et de l'emploi, ni à ses acteurs. Dan Kersch donne donc rendez-vous déjà pour décembre «à chacun, Union des entreprises comprise», à la prochaine réunion du CPTE. Et de s'autoriser un avis: «C'est une fausse idée que de penser que le dialogue social tel que pratiqué au Grand-Duché est un échec pour l'une ou l'autre des parties. Il s'agit de paroles perturbant tout notre mode de fonctionnement plus que nécessaire».
Le ministre du Travail a prévu d'organiser, en décembre, une nouvelle réunion du Comité permanent. Il prévient : «Pas question qu'il y ait des absents».
Romain Wolff - CGFP
Copier le lien
Forte de ses 30.000 adhérents issus de la fonction publique, la CGFP s'est volontiers unie à OGBL et LCGB pour organiser la grande manifestation de ce mardi soir. «Par son attitude, l'UEL laisse à penser qu'elle s'oppose à la paix sociale qui règne dans le pays. Comme si , depuis des décennies, la tripartite ne leur avait rien apporté, ni assuré la prospérité des entreprises et du pays. Quelle blague!»
Pour Romain Wolff, président de la Confédération CGFP, «l'UEL doit agir de façon responsable et reprendre le dialogue. En partant, Nicolas Buck me donne l'impression de ne plus vouloir prendre de responsabilités dans le progrès social». Le «patron des patrons» appréciera.
Patrick Dury - LCGB
Copier le lien
«Les patrons se sont mis hors-jeu et se sont montrés irresponsables.» Deux mois après le claquement de porte de l'UEL, la colère de Patrick Dury le président du LCGB n'est pas retombée. Et d'embrayer : «C'est plus facile de casser une tripartite que de développer des idées pour le bon accompagnement de tous les salariés».
Cette rage, il souhaite la transformer en énergie pour mobiliser les troupes pour le rendez-vous de ce 19 novembre: «Nous avons prévu mille sièges au Parc Hôtel Alvisse, il faut qu'ils soient remplis. C'est un signal fort que doit entendre le patronat. Chaque employé doit avoir conscience que ce qu'a fait l'Union des entreprises est grave et ne doit pas être passé sous silence.»
André Rœltgen - OGBL
Copier le lien
Par son attitude, l'UEL ne tourne pas seulement le dos aux syndicats, à entendre André Roeltgen président de l'OGBL «elle méprise aussi le gouvernement qui dialogue avec toutes les parties. Car en 2014 déjà puis avec le nouvel accord de coalition, les partis au pouvoir insistaient sur le caractère important d'outils comme le CPTE dans le dialogue social. Refuser de s'asseoir à la table est donc scandaleux».
Avant même de savoir si mauvais temps, début de soirée et indifférence pourraient avoir raison de la mobilisation espérée, le syndicaliste bat le rappel des troupes : «Plus de deux mois après son coup d'éclat, Nicolas Buck aurait pu faire profil bas, et revenir vers nous sans avoir à rougir. Mais dans les faits, il a maintenu bloqué le rapprochement nécessaire de la tripartite.»
- Grande manifestation de protestation, mardi 19 novembre (19h - Parc Hôtel Alvisse).
