Le Grand-Duc dénonce des «rumeurs très blessantes»
Le Grand-Duc dénonce des «rumeurs très blessantes»
Le 7 octobre 2000, le Luxembourg changeait officiellement de chef d'Etat. De Grand-Duc héritier, Henri Albert Gabriel Félix Marie Guillaume de Nassau devenait officiellement le grand-duc Henri, après 35 ans de règne de son père, le grand-duc Jean. 20 années «qui ont passé très vite», selon la formule livrée par le souverain dans une interview accordée au Luxemburger Wort.
Deux décennies «impossible à résumer en une seule phrase» mais marquées par des grandes tendances. Que ce soit l'émergence d'un monde «qui tourne de plus en plus vite», l'arrivée de nouvelles technologies aux conséquences réelles comme «les réseaux sociaux qui ont leurs bons, mais aussi leurs mauvais côtés» ou bien encore «le retour du radicalisme et du populisme». Autant d'évolutions sociétales et géopolitiques que le chef de l'Etat assure «prendre au sérieux», notamment en ce qui concerne «la montée du racisme».
S'il indique s'être interrogé au début de son mandat sur sa légitimité en succédant à des «personnalités remarquables (...) en raison de leurs réalisations pendant la Seconde Guerre mondiale», le grand-duc Henri assure avoir toujours le même objectif: «œuvrer pour une coexistence harmonieuse» dans un pays marqué aussi bien par «sa diversité sociale» que par son «besoin des étrangers et des travailleurs frontaliers pour assurer sa croissance économique». Pour ce faire, il réaffirme «l'importance d'écouter les gens» et sa volonté de conserver une «neutralité politique», coûte que coûte.
Une position au-dessus de la mêlée garantie par la Constitution qui fait du Grand-Duc le garant de la continuité de l'Etat. Ce qui ne l'empêche pas de juger «compréhensible» la remise en question du système politique en place, allant même jusqu'à se dire «pas du tout intéressé par la défense de la monarchie en toutes circonstances». Le grand-duc Henri jugeant toutefois que l'existence de la Maison grand-ducale «offre une stabilité (...) qui s'accompagne d'une certaine continuité», il assure que «si la population perçoit le système comme dépassé, une nouvelle forme de gouvernement doit alors être décidée démocratiquement».
Partisan d'une «adaptation de la Constitution» en raison de la présence «de formulations démodées», le chef de l'Etat ne plaide pas pour une modification de la loi fondamentale qui lui octroierait un réel rôle politique mais souhaite «continuer à avoir son mot à dire dans le processus de formation du gouvernement», présenté comme «l'un des aspects les plus intéressants de [s]on travail». Ayant connu, au cours de ces 20 années de règne, Jean-Claude Juncker (CSV) et Xavier Bettel (DP) comme Premier ministre, le grand-duc Henri assure «avoir de bonnes relations avec les deux (...) sans problème majeur».
S'il juge que les conclusions du rapport Waringo auront été «une étape très positive» puisque la réorganisation de la Cour «va changer beaucoup de choses pour le mieux», le chef de la maison de Nassau ne peut s'empêcher de signifier qu'il était partisan d'«une approche différente» dans la manière de procéder aux changements en cours. Et d'aller plus loin en indiquant que «la Grande-Duchesse et moi-même avons été choqués par les rumeurs qui se sont répandues». Rumeurs qualifiées de «très blessantes» pour le couple grand-ducal en référence aux interrogations portées sur le rôle non officiel joué par la grande-duchesse Maria Teresa au sein de la Cour.
«On a beaucoup parlé du mélange des activités privées et officielles, du manque de transparence», indique le grand-duc Henri en précisant qu'il «travaille depuis 20 ans à la modernisation de la Cour grand-ducale au sein de laquelle il y a eu une très forte résistance au changement». Interrogé sur une éventuelle abdication prochaine, le père du Grand-Duc héritier dément encore une fois catégoriquement l'hypothèse, estimant qu'«il n'est pas possible de démissionner en temps de crise, ce n'est pas possible de faire cela». Car, pour le chef de l'Etat, «ce serait comme rendre les armes».
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