Le gaspillage alimentaire, tous concernés
Le gaspillage alimentaire, tous concernés
Amélie Pérardot - D'ici 2022, le pays devra réduire ses déchets alimentaires de près de moitié (46%). Le gouvernement ambitionne de faire fondre les déchets des Luxembourgeois à 62 kilos par an et par personne, contre les 124 kilos produits actuellement. Ce qui représente d'ailleurs une perte moyenne de 105 euros par an et par personne selon les derniers chiffres disponibles.
Pour parvenir à cet objectif, l’exécutif a présenté l'été dernier une série de mesures avec son plan national. Le gouvernement compte particulièrement sur ces initiatives puisque près de 72% des déchets alimentaires restent produits dans les foyers.
Des alternatives dans le secteur privé
Parmi cette série de mesures, la plus populaire reste le lancement de l'Ecobox, un système de boîtes consignées à 5 euros, qui permettent de transporter les repas des restaurants associés. Mais le plan s'appuie aussi sur une sensibilisation des consommateurs ou encore un pacte de solidarité signé avec les communes luxembourgeoises.
En parallèle, plusieurs alternatives se sont développées du côté du secteur privé qui n'a pas attendu pour réduire ses déchets alimentaires. Ces projets ont vu le jour en surfant sur la tendance réclamant un mode de vie plus écoresponsable, tourné vers le bio et le local.
Exemple concret: l'épicerie OUNI, spécialisée dans la vente en vrac et qui existe depuis 2016 rencontre un large succès. Une deuxième boutique ouvrira même ses portes à Dudelange. Et cette tendance du sans-emballage n'a pas échappé aux grandes surfaces qui en proposent au moins un rayon avec du riz, noix et autres produits secs.
Autre initiative, digitale cette fois, l'application «Food For All (F4A)», qui propose des produits proches de leur date limite de consommation (DLC), à l'unité et moins chers. Des yaourts à la sauce tomate en passant par une pâte à tarte, «F4A permet de sauver 80% des produits qui auraient terminé à la poubelle», expliquent Xénia Ashby, l'une des fondatrices.
Revendiquant 900 utilisateurs quotidiens, le service n'a signé pour le moment un partenariat qu'avec Delhaize ou Pallcenter. Les fondatrices de cette appli, équivalent luxembourgeois d'autres applications à succès comme «Too Good To Go», «Checkfood» ou encore «zéro-gâchis», envisagent toutefois de proposer de nouveaux supermarchés d'ici quelques mois.
Des paniers à un euro
De leur côté, les grandes surfaces multiplient les initiatives au modèle différent. Lidl a choisi par exemple, de proposer pour un euro des paniers de 3 kilos de fruits et légumes toujours comestibles mais ayant été retirés des rayons en raison d'un aspect non commercial.
La majorité des autres enseignes proposent leurs produits dont la DLC s'approche des six jours ou sortant des normes, à des associations ou épiceries solidaires. Cactus s'est notamment tourné vers la Croix-Rouge, tandis qu'Auchan rétrocède ses produits à l'association Stëmm vun der Stross. A en croire les chiffres fournis par Auchan, des centaines de repas chauds et de pack alimentaires sont ainsi reconditionnés quotidiennement pour les plus démunis.
Des denrées pour les animaux
Preuve du besoin, la Stëmm Caddy revendique la distribution de plusieurs centaines de tonnes d'aliments chaque année. Ce pendant logistique de l'asbl Stëmm vun der Stross est même en plein essor. A tel point qu'une nouvelle structure logistique «Caddy 2» verra le jour, permettant de conditionner près de 500 tonnes de denrées alimentaires. Soit trois fois plus qu'aujourd'hui.
Pour qu'il y ait le moins de restes possible, une solution complémentaire a été mise en place par les enseignes Cactus et Auchan. Les fruits et légumes tachés ou les barquettes de viande proches de leur DLC sont récupérés chaque jour et nourrissent, par exemple, certaines des 200 espèces du parc Merveilleux de Bettembourg.
De la sorte, le parc récupère chaque année depuis le début des années 2010, environ 27 tonnes de denrées encore consommables dont huit à neuf tonnes de viande.
