Le français domine les offres d'emploi
Le français domine les offres d'emploi
Pour trouver un travail au Luxembourg, mieux vaut parler... français. C'est le constat que dressent Fernand Fehler et Isabelle Pigeron -Piroth dans leur dernière étude, Les langues dans les offres d'emploi au Luxembourg. S'il ne porte que sur les annonces publiées dans le Luxemburger Wort, l'examen des deux chercheurs de l'Université du Luxembourg révèle toutefois qu'en 2019 la majorité des employeurs demandaient «explicitement» la connaissance du français.
D'ailleurs, la maîtrise de cette langue est indiquée dans 76,3% des annonces. «C'est en partie dû à la grande part de travailleurs frontaliers», note Fernand Fehlen. Le chercheur de l'Uni précise que le marché du travail au Luxembourg est «segmenté», à la fois géographiquement et économiquement. «La pratique du français est plus forte dans la capitale par rapport au Nord du pays», souligne-t-il.
Une prédominance qui s'explique par la présence des institutions européennes ou d'entreprises internationales qui n'ont «aucune raison» que leurs employés s'expriment en luxembourgeois. S'adressant à des acteurs internationaux, celles-ci fonctionnent en «vase clos» où dominent l'anglais et le français comme «langues de communication».
Concernant la langue de Shakespeare, qui n'était exigée en 2019 que dans 16,9% des annonces étudiées, Fernand Fehlen appelle à la mesure. Le journal diffusant moins d'offres pour «les secteurs les plus demandeurs en anglais», il est possible que les recherches l'exigeant soient dans la réalité «plus nombreuses ou du moins équivalentes» par rapport au français.
De leur analyse, les deux chercheurs notent aussi que la maîtrise du français émane également d'annonces pour des emplois «moins qualifiés». Dans le domaine de la santé par exemple, les besoins font que les recruteurs ne peuvent pas se permettre de «jouer les fines bouches». «La pénurie est telle qu'on demande surtout à maîtriser une des trois langues officielles», note Fernand Fehlen.
Seules les annonces publiées par l'Etat se démarquent. Ainsi 94% d'entre elles demandent uniquement la maîtrise du luxembourgeois. Et ce, alors même que les fonctionnaires «doivent normalement maîtriser les trois langues officielles», relève le professeur de l'Uni. Pour «pallier le manque de candidats multilingues», l'Etat mise donc sur le luxembourgeois pour «faire le tri» parmi les candidatures quitte à mettre en place des dérogations. L'accès à la fonction publique reste en effet «très demandé».
Si en 2019 la maîtrise des trois langues est exigée dans près de la moitié des offres, cet aspect des fiches de postes pourrait évoluer dans les prochaines années. «L'Etat comme les entreprises doivent être pragmatiques face aux réalités du marché du travail au Luxembourg», indique Fernand Fehlen.
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