Le faux pas de Frank Engel sur l'impôt sur la fortune
Le faux pas de Frank Engel sur l'impôt sur la fortune
Dérapage volontaire ou sortie de route maladroite? Toujours est-il que la récente interview de Frank Engel au magazine en ligne Reporter a fait réagir. Et d'abord dans son propre camp, et pas pour couvrir de louanges les propos du président du CSV. Quelques heures après avoir vu son leader réclamer la réintroduction de l'impôt sur la fortune, le principal parti d'opposition s'est ainsi fendu d'un communiqué. Machine arrière toute : «Pour le CSV, le programme électoral de 2018 adopté par le Congrès national prend position sans équivoque sur les questions fiscales. Et il continue de s'appliquer. Nous disons non à l'introduction de l'impôt sur la fortune pour les particuliers. Par contre, un impôt sur les successions en ligne directe n'est pas un problème».
Recadré Frank Engel, et sèchement. Visiblement, le président qui souhaite que le CSV renforce son profil social n'a pas été suivi. A ses yeux, le parti chrétien-social devait redevenir la voix des «petits et normaux», quitte à remettre en place l'impôt sur la fortune ou sur les successions en ligne directe, voire même sur les transactions financières. Il faudra en recauser en interne...
«Nous avons besoin d'une politique en faveur des citoyens nécessitant le plus d'aide», déclarait Frank Engel dans l'entretien estival qui vient de déclencher la colère de ses collègues. Coup de sang notamment dû au fait que c'est le CSV lui-même qui, en 2005, a supprimé ce même impôt sur la fortune des particuliers...
Et puis les cadres auraient bien aimé être informés de cette prise de position iconoclaste. Le boomerang n'a pas tardé à revenir au visage du président avec ce communiqué contredisant clairement le meneur du parti d'opposition. Une prise de position adoptée après une visioconférence organisée dans l'urgence de cette fin août.
Démission en vue?
Ce n'est pas la première fois que le président du CSV sort ainsi, brusquement, de la voie tracée par sa formation. Considéré comme rebelle dans sa propre famille politique, son caractère frondeur avait failli lui coûter la présidence du parti lors de l'élection de janvier 2019. Serge Wilmes, plus sage, ratant de peu de lui prendre le fauteuil.
La question se pose maintenant de savoir combien de temps le CSV va continuer à devoir surveiller les agissements de son président. Alors que certains partisans se plaignent déjà d'une ligne peu claire, ce trouble supplémentaire n'arrange pas la crédibilité du parti qui rêve de reprendre les commandes gouvernementales. Et déjà certains conseillent à Frank Engel de démissionner de ses fonctions. Mais le parti retrouverait-il pour autant des positions claires, un état d'esprit uni et des députés assumant tous une même position?
A défaut d'avoir bataillé dur face à la majorité Bettel-Bausch-Kersch, voilà le CSV qui se trouve un ennemi en interne : la majorité peut donc avancer tranquillement ses réformes, sans crainte d'un CSV (avec 7 députés à la Chambre) suffisamment fort dans ses rangs pour contredire les mesures cosignées par DP, Dèi Grèng et LSAP.
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