Le dialogue social à la sauce patronale
Le dialogue social à la sauce patronale
(MF avec MaH) – Rien ne va plus. Les jeux sont faits entre les trois plus grands syndicats du pays, qui ont déjà programmé un grand rassemblement le 19 novembre, et l'UEL qui n'est plus disposée à se mettre à la table du dialogue tripartite, parce qu'elle s'y sent souvent lésée.
«On nous taquine et on nous manipule», a expliqué ce lundi Nicolas Buck, président de l'Union des Entreprises Luxembourgeoises (UEL), pour décrire la manière dont les représentants des patrons sont traités au sein du Comité permanent du Travail et de l'Emploi (CPTE). Filant la métaphore sportive, il reformule son idée: «C'est comme si lors d'un match de football, une équipe envoyait onze joueurs sur le terrain et une autre, quinze. Mais que les joueurs de l'équipe inférieure ne pouvaient que tirer leur pied gauche».
La rupture entre patronat et syndicats semble consommée en cette fin septembre. S'ils se tournent le dos c'est parce que l'UEL n'entend plus participer de la même façon au dialogue social à trois (syndicat, patronat, gouvernement) que jusqu'ici. Lors du dernier CPTE qui s'est déroulé à huis clos le 18 septembre, l'UEL a provoqué l'ire des syndicats OGBL, LCGB et CGFP en présentant une «nouvelle méthode pour avancer sur les enjeux du monde du travail».
Eviter une « politisation à outrance»
Le patronat reste «viscéralement attaché au dialogue social» et s'inscrit en faux par rapport aux syndicats l'accusant de vouloir le rompre mais souhaite que ce dialogue «ait lieu au sein même de l'entreprise, avec l'ensemble des salariés, qu'ils soient syndiqués ou non».
Au lieu du classique modèle du dialogue tripartite luxembourgeois, l'UEL présentera ce mardi 1er octobre au gouvernement, une méthode de travail «plus efficace» qui «éviterait une politisation à outrance des positions des forces en présence». L'alternative consiste à replacer le ministre du Travail au centre de l'échiquier et de lui conférer un rôle d'arbitre lors d'un match qui se jouerait sans confrontation directe entre patronat et syndicats.
Dan Kersch devra veiller «à légiférer de façon à développer l'activité économique des entreprises tout en tenant compte des intérêts et des attentes des salariés». Dans la méthode, l'UEL aimerait que le ministre mène des entretiens bilatéraux les syndicats d'une part et elle-même d'autre part. Deux parties qui seraient «libres de dialoguer avec le ministre sur la teneur des idées ou projets de loi qu'il aura développés» dans le cadre du droit du travail.
«Une attaque inacceptable»
Au final, c'est bien au ministre que reviendrait la «responsabilité de faire des choix politiques en tenant compte de son idée initiale sur un sujet bien précis et en tenant compte ou non des remarques de l’UEL et des syndicats».
Un «dialogue social» à la sauce patronale qui «permettrait de sensibiliser les parties en présence aux besoins de compétitivité et de flexibilité des entreprises», glisse l'UEL. Les syndicats parlent d'«une attaque frontale irresponsable et inacceptable».
Jeudi 26 septembre, les trois syndicats ont enjoint «le patronat à revenir à la table des négociations du CPTE dans les plus brefs délais et sans conditions préalables».
