Le départ de Fage ne laisse personne indifférent
Le départ de Fage ne laisse personne indifférent
( ndp/jag avec Jmh) - Quatre ans après l'annonce de l'implantation d'une usine de yaourt au Grand-Duché et de la création de quelque 300 emplois, le projet a été officiellement abandonné. Une décision industrielle qui a déchaîné les passions, ce mardi. Pour Laurent Mosar (CSV), cette annonce prouve non seulement que «le gouvernement a vraiment fait une erreur dans ce dossier» mais qu'elle donne «un mauvais éclairage sur le Luxembourg en tant que lieu d'implantation d'entreprises».
Cible favorite du principal parti d'opposition, Etienne Schneider (LSAP), ancien ministre de l'Economie et initiateur du projet en 2016. «Pas plus tard que la semaine dernière, on a appris que la société avait créé des structures douteuses et des emplois fictifs et que le ministère public avait ouvert une enquête. Cela montre que cette entreprise n'est pas le plus sérieux des investisseurs», estime l'ancien président de la Chambre qui juge que«l'ensemble du dossier n'a pas été correctement examiné par le ministère de l'Economie - et c'est la responsabilité de l'ancien ministre, qui n'a manifestement pas fait son travail».
Carole Dieschbourg (Déi Gréng), ministre de l'Environnement, indique de son côté «prendre note de cette décision, même si je suis surprise que ce projet soit abandonné si rapidement», référence au fait que les procédures en cours depuis 2017 se trouvaient «dans la dernière ligne droite». Interrogée sur l'impact des exigences environnementales imposées en matière de consommation d'eau et de rejet de polluants dans l'Alzette, la ministre assure «ne pas savoir si ces questions ont joué un rôle, mais ce qui est certain, c'est qu'au fil du temps, de plus en plus de facteurs de nature différente se sont conjugués».
Si les 15 hectares du site de Wolser seront rachetés par l'Etat au prix d'acquisition, le gouvernement entend mettre en place une nouvelle procédure en ce qui concerne la politique d'implantation de sites industriels. Une approche divisée en deux phases . «A court terme, un 'contrôle de durabilité' sera effectué sur ces projets, et il y a un accord à ce sujet au sein du gouvernement. Nous pouvons alors décider très tôt si une entreprise travaille dans le respect du climat et des ressources», précise Carole Dieschbourg. «Dans une deuxième phase, la législation sur la procédure Commodo sera ensuite adaptée, comme prévu dans le programme gouvernemental».
A Bettembourg, commune sur laquelle devait s'implanter en partie l'usine, la décision de Fage suscite des réactions mitigées. Selon le bourgmestre Laurent Zeimet (CSV), la majorité CSV-Déi Gréng-DP se dit «pas mécontente» car conforme aux décisions prises en conseil communal. Ce qui le pousse à demander à ce que «les bonnes leçons soient tirées de ce projet», à savoir éviter que les propositions d'implantations futures comportent «des incohérences» en matière environnementale.
Son de cloche bien différent à Dudelange où le bourgmestre Dian Biancalana (LSAP) voyait dans l'arrivée de Fage «la possibilité pour la commune de se réindustrialiser après le départ de la sidérurgie». Un élément central dans le cadre de la recherche de nouveaux employeurs dans un bassin impacté directement par les suppressions de postes chez Guardian.
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