Le débat s'embrase autour des chèques-repas
Le débat s'embrase autour des chèques-repas
Sur papier, les chèques-repas ont tout pour plaire. En échange d'une quote-part mensuelle de la part du salarié, celui-ci reçoit, pour chaque jour presté, un nouveau chèque dont une bonne partie du coût est prise en charge par l'employeur, renforçant ainsi son pouvoir d'achat. Ce titre peut ensuite être dépensé dans de nombreux points de vente: restaurants, épiceries, boulangeries, etc. pour des produits uniquement alimentaires.
Seulement voilà, ce système ne fait pas que des heureux. En effet, pour de nombreux restaurateurs et commerçants, les chèques-repas représentent une véritable épine dans le pied. Et pour cause, certains établissements rendent la monnaie en cas d'achat avec un chèque-repas dépassant la valeur totale de la transaction. Exemple concret: un client se présente dans une boulangerie avec un chèque-repas d'une valeur de 10,80€ mais ne consomme que pour 8,80€, la boulangerie rendra donc de la monnaie au client, posant de facto des pépins organisationnels et financiers pour les entreprises concernées.
L'Horesca comprend cette décision, pas l'ULC
Une situation qui pose un problème pour beaucoup d'artisans et restaurateurs, dont certains ont d'ailleurs décidé de prendre des mesures fortes, comme le refus de rendre la monnaie ou l'obligation de dépenser un montant minimal.
Sur ce point, les avis sont clairement partagés. Pour François Koepp, CEO de la fédération Horesca, le chèque-repas doit être utilisé par le consommateur pour se restaurer, point à la ligne. «Il est tout à fait normal que des établissements refusent de rendre la monnaie pour le service pour lequel ces derniers doivent payer des commissions. Les chèques-repas ont aussi un prix pour les restaurateurs. Concrètement, si un établissement rentre 100.000€ de chèques-repas et rend la moitié en monnaie, il perdra environ 2.500€. La perte est donc réelle.»
Toutefois, dans un communiqué publié ce mardi, l'Union Luxembourgeoise des Consommateurs (ULC) juge cette manière de faire «inadmissible». «Car il s'agit d'une retenue d'argent pour une prestation non fournie. Il est compréhensible que les entreprises qui acceptent les titres fixent une valeur d'achat minimale acceptable pour la remise d'argent liquide. Cependant, il est inacceptable que les entreprises refusent complètement de payer toute différence entre le montant de l'achat et la valeur du chèque-repas, étant donné que ces entreprises finissent par encaisser le montant total des titres de la part des fournisseurs de chèques-repas, moins les frais fixés évidemment», indique l'ULC dans son communiqué.
Cette dernière demande donc à toutes les entreprises de compenser la différence entre le montant de l'achat et la valeur des chèques-repas, en respectant un montant d'achat minimum, soit en espèces, soit sous forme de bon d'achat. «Il serait par ailleurs souhaitable que le législateur soit plus clair sur ce point tout comme sur d'autres questions relatives aux chèques-repas. Une modernisation du régime des chèques-repas, annoncée dans l’accord de coalition 2018-2023 et qui aurait dû être réalisée depuis longtemps, se fait toujours attendre».
La digitalisation? «Une non-solution»
La solution pourrait-elle notamment passer par une digitalisation accrue en la matière? Si Sodexo et Edenred, les deux principaux émetteurs de titres, proposent d'ores et déjà des chèques-repas électroniques sous forme de carte bancaire, de nombreuses entreprises restent fidèles au traditionnel format papier. «Non, les chèques électroniques ne résoudront en rien le problème», fulmine le CEO de l'Horesca.
Ce dernier ne mâche d'ailleurs pas ses mots. «Les commissions prises aux établissements sont justement bien plus élevées avec ces titres électroniques, presque doublées, alors que cela représente moins de travail pour les sociétés comme Sodexo. C'est quelque chose que l'on ne comprend absolument pas alors que le format électronique est censé être moins onéreux. Quelle est la finalité de la digitalisation si c'est pour, au final, augmenter les coûts?», s'interroge François Koepp.
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