Le covid pousse le gouvernement dans les cordes
Le covid pousse le gouvernement dans les cordes
«Rien à attendre avant la semaine prochaine, voire le milieu de la semaine prochaine.» Tel était le discours de Xavier Bettel et Paulette Lenert ces derniers jours. Le Premier ministre et la ministre de la Santé appuyant leur stratégie sanitaire sur des indicateurs suffisamment bas, à leurs yeux, pour ne pas avoir à modifier les consignes imposées à la population et plus largement à la société. Une posture affirmée samedi soir, assumée mercredi. Sauf que... depuis les curseurs ont bougé vers la zone rouge, et sans doute plus vite que prévu.
Jeudi soir, les chiffres délivrés par la direction de la Santé tenaient lieu de record depuis le début de l'épidémie : 595 nouveaux cas (du jamais-vu et de loin), 140 morts et 69 hospitalisations en lien avec le covid. Sans oublier les 3.563 infections actives reconnues dans le pays... Et la seule réponse du jour était un conseil appuyé à chacun de bien penser à s'auto-isoler ou à se mettre en quarantaine en cas de contamination avérée ou fort soupçon d'infection.
Les découvertes successives de plusieurs clusters dans des lieux tels les services du CHL puis sur le site hospitalier Robert-Schuman au Kirchberg mais aussi à la photothèque de la Ville de Luxembourg (fermée jusqu'à nouvel ordre) n'arrangent pas les affaires. Tout comme les cas positifs qui ne cessent en milieu scolaire à l'approche des vacances de Toussaint (le 31 octobre) et angoissent les familles. Sans compter que la pression sur le gouvernement doit aussi être mise par les services de santé.
En effet, nul doute que la crainte d'être débordés par un flux massif de patients covid inquiète les quatre groupes hospitaliers du pays. En cette fin de semaine, il se murmure déjà que la phase 3 du plan d'urgence sanitaire pourrait d'ailleurs être déclenchée dans les prochaines heures... Sans doute, Paulette Lenert ne pourra-t-elle faire autrement que d'en passer par là. Même à titre préventif pour rassurer autant la population que les professionnels de santé qui payent un lourd tribut au virus côté maladie professionnelle, et fatigue.
Enfin, le Luxembourg n'étant pas une île, il doit faire avec ses voisins. Et là, rien ne va plus. L'Allemagne tremble, la Belgique croule sous les cas et une organisation incertaine quand la France impose le couvre-feu aux deux tiers de sa population (avec des restrictions dans les départements frontaliers déjà).
On voit donc mal comment les responsables du Grand-Duché pourraient rester bras croisés, en espérant que cela passe. Et c'est sans doute tout l'enjeu de cette prise de parole, cet après-midi. Maintenant, au sortir de la rencontre avec l'ensemble des ministres, le discours pourrait aussi être une réaffirmation que le pays doit encore faire le dos rond quelques jours. Seule certitude : chaque choix, chaque annonce, peut avoir de telles conséquences sur la santé, l'activité et l'emploi que rien ne sera simple à décider même avec l'expérience de sept mois de crise sanitaire derrière soi.
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