Le covid-19 accélère l'ancrage du télétravail
Le covid-19 accélère l'ancrage du télétravail
Si elle a bouleversé nos quotidiens, la pandémie sanitaire a également profondément modifié nos façons de travailler. En dix mois, beaucoup de choses ont en effet changé dans le monde du travail, à commencer par le télétravail. Une pratique qui devrait perdurer après la crise.
Pour certaines entreprises, rien fondamentalement de nouveau, à l'image du groupe Post. Le plus grand employeur du pays l'autorisait déjà avant la pandémie. «Nous avions une disposition sur le bureau à domicile dans la convention collective», confirme Claude Olinger à nos confrères du Luxemburger Wort. Mais «elle était très vague», précise le directeur des ressources humaines pour qui «il s'agissait simplement d'une possibilité». «C'était très restrictif», reconnait-il avant d'ajouter que ce n'était en réalité «que des paroles en l'air».
Craintes des managers
Si des discussions ont déjà eu lieu sur le sujet, aucun travail intensif n'avait donc été fait jusqu'alors. «Ça n'était pas un problème», précise Claude Olinger. La situation a toutefois changé d'un seul coup. «Le sujet des bureaux à domicile est venu à l'ordre du jour quand le covid a éclaté», souligne-t-il ajoutant être passé de «0 à 100» salariés travaillant à distance.
Si l'expérience n'a fait qu'accélérer la mise en place de la pratique pour le groupe Post, la situation n'a pas été la même partout. Certaines entreprises se sont ainsi heurtées à des difficultés comme au sein des CFL. Car si le groupe souhaitait renouveler ses méthodes de travail depuis 2019, la question se posait de savoir qui était autorisé à faire du télétravail, les chemins de fer comptant traditionnellement de nombreuses personnes nécessitant d'être sur place.
«Nous n'avions aucun instrument et n'étions que partiellement préparés techniquement», souligne Yves Baden, à la tête du département RH des CFL. En quelques jours, 800 employés se sont néanmoins retrouvés à travailler à domicile. Pour les managers, la crainte était alors de perdre le contrôle. Mais l'expérience s'est finalement révélée positive.
Changement de paradigme
«La discussion 'voulons-nous revenir en arrière ?' est devenue inutile», déclare le directeur des ressources humaines. Une fois la pandémie terminée, les CFL comptent ainsi maintenir partiellement ce nouveau mode de fonctionnement en mélangeant télétravail et présence sur le lieu de travail. Les employés à temps plein pourront ainsi travailler de chez eux deux jours par semaine.
Le cadre contractuel prévoit ainsi une nouvelle forme de gestion, «axée sur les résultats et non sur le temps». En d'autres termes, les employés pourront structurer leur journée librement. «Ils se verront assigner des objectifs personnels et seront évalués par rapport à ça», détaille Yves Baden. «Ce qui compte, c'est que les tâches soient accomplies», ajoute-t-il encore. Selon une enquête interne, 20% des employés de CFL peuvent - et vont - intégrer ce nouveau système.
Au-delà de cette évolution des modes de travail, se pose une question bien plus terre à terre, à savoir celle de la compensation financière. Car certains employés en télétravail utilisent parfois leur propre matériel, du siège à l'ordinateur. Pour les employés, ce travail est par ailleurs associé à des coûts d'électricité et de chauffage plus élevés.
Au Grand-Duché, une nouvelle convention entre les syndicats et l'association patronale de l'UEL règle la question. C'est donc à l'employeur de fournir «les équipements de travail» et couvrir «les frais directement occasionnés par le télétravail», précise le document.
Dans la pratique, la réalité est toutefois un peu différente. Les CFL et Post ne prennent ainsi en charge que les équipements techniques. Un argument justifié par Yves Baden par la possibilité de «choisir entre le bureau et le domicile». De son côté, Post considère le bureau comme «un avantage pour l'employé».
Pour rappel, selon le Statec, 52% des actifs occupés du pays ont eu recours au télétravail au cours du deuxième trimestre. Une expérience pas toujours positive. En effet, pour certains, celui-ci a rallongé les journées. Pour d'autres, les conditions de travail - différentes de celles au bureau - n'ont fait qu'entraîner de nombreux maux.
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