Le coup de pompe des stations-service
Le coup de pompe des stations-service
S'il est un secteur qui a joué au yoyo depuis l'apparition du covid-19, c'est bien celui des carburants. Sans surprise, le confinement des premières semaines et les routes désertes ont plongé les stations-service du pays dans la plus profonde sinistrose. Résultat: un effondrement historique de 56% des ventes de carburants observé entre février et avril 2020. Spectaculaire par sa courbe, la reprise de l'activité (et du trafic routier) liée au déconfinement s'avère rapide. Néanmoins, les ventes demeuraient en août encore de 13% inférieures à celles enregistrées en février, selon des données du Statec.
«Ni le recul très spectaculaire du printemps, ni le rebond depuis la mi-mai ne m'étonnent», affirme Jean-Marc Zahlen, secrétaire général du Groupement pétrolier luxembourgeois (GPL). Selon lui : «les ventes d'essence ont chuté davantage» que celles de diesel, car «le transport de marchandises, certes très nettement diminué, a néanmoins continué à se faire durant le confinement». Le secrétaire général du GPL qui poursuit en témoignant que «les stations situées près des frontières ont été les plus impactées» par la situation. Certaines auraient même connu «des moments dramatiques où les ventes ont flirté avec le zéro absolu».
Les distributeurs de carburants situés le long des autoroutes ont également subi la crise de plein fouet, car «ce sont des concessionnaires qui ont des contrats à respecter avec l'État» et «doivent remplir d'autres obligations, comme le magasin ou la restauration». Ils ont donc dû faire face à d'autres problèmes que simplement la chute des ventes de carburants.
Le secrétaire général du GPL n'«envisage pas que certaines stations-service puissent purement et simplement disparaître» du paysage à l'heure actuelle. Même si, ajoute-t-il, «cela dépend des stratégies décidées par les grands groupes pétroliers». Il n'en demeure pas moins que par rapport à ses pays voisins, le Luxembourg a subi la chute des ventes la plus importante.
Il est difficile de définir l'impact exact du télétravail sur les volumes de ventes
Au premier semestre 2020, les ventes ont baissé de 28% en comparaison aux six premiers mois de 2019, selon les données du Statec, contre -18% en Belgique, -13% en France et -10% en Allemagne. Cela tient au fait que le Luxembourg reste un territoire de transit par excellence, au cœur des liaisons européennes, pour qui «le côté transfrontalier et le trafic international restent fort importants». Sur les huit premiers mois de 2020, 1,241.041 m3 de carburants ont été écoulés, soit une moyenne de 155.130 m3 mensuels. Par comparaison, les 2.393.004 m3 vendus en 2019 correspondent à 199.417 mensuels. Soit une diminution de 22,2%.
Reste à voir ce que l'avenir réservera au secteur. Le niveau encore relativement faible des ventes sur la période estivale peut s'expliquer par les vacances, une activité économique post-confinement encore peu dynamique et la persistance du télétravail, en particulier des navetteurs frontaliers. «Nous ne craignons pas spécialement que le télétravail s'impose de plus en plus à l'avenir. Pour l'heure, il est très malaisé d'isoler cet effet et de définir son impact sur le volume des ventes», avoue Jean-Marc Zahlen.
D'après les projections du Statec, ce volume devrait baisser de 16% sur l'ensemble de l'année 2020. Cela avant de se redresser de 13% en 2021. Mais le secrétaire général du GPL se veut plus prudent. «C'est très compliqué. L'évolution de la situation reste très incertaine et nous manquons clairement de perspectives. Il est impossible de planifier un moment où nous pourrions revenir au niveau d'avant. Nous dépendons étroitement de la reprise des activités de transport et des politiques qui seront mises en place au niveau européen».
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