Le chômage bondit... et recule !
Le chômage bondit... et recule !
Moins d'inscrits qu'en avril, mais tellement plus que par le passé... Alors que dire des chiffres du chômage tombés ce lundi si ce n'est qu'ils ne sont ni aussi mauvais que craints, mais loin d'être bons? En un mois, l'Adem a pourtant bel et bien vu le nombre d'inscrits baisser. De 44 personnes... Désormais, le chiffre officiel des demandeurs d'emploi est donc de 20.209 hommes et femmes.
Bien loin de ce que le brusque arrêt de l'activité du pays pouvait laisser pronostiquer. Il n'empêche que de mai 2019 à mai 2020, le nombre aura grimpé de plus d'un tiers. Plus 33,6% sur un an: «Il s'agit d'un accroissement historique», n'hésite pas à commenter la directrice de l'Adem, Isabelle Schlesser.
D'autant plus historique que le pays a connu, ces cinq dernières années, une baisse continue et sans accroc du nombre de demandeurs d'emploi. Jusqu'à ce que le virus pointe le bout de ses infections... «A compter du 16 mars, l'augmentation a été brutale et rapide», relate celle qui était aux premières loges pour voir les compteurs s'affoler. Le mois de mars battait ainsi soudainement les records d'inscriptions à l'Agence pour le développement de l'emploi, particulièrement de la part d'intérimaires du bâtiment privés de mission du jour au lendemain.
Des chiffres de ce mois de mai 2020, il faut retenir que la progression du taux de chômage (7%, contre 5,4% en moyenne l'année passée) provient surtout de la nette baisse des sorties vers l'emploi, plutôt que d'une nouvelle hausse d'inscriptions. En résumé : le bassin s'est rempli plus vite qu'il ne se vidait... Ainsi, le mois dernier, l'Adem a ouvert «seulement» 1.678 dossiers, soit bien moins que pour le même mois de mai 2019 (-19%). Mais alors que cette année-là, 2.484 personnes retrouvaient un job ou sortaient des statistiques, cette fois elles n'étaient plus que 1.230.
S'il faut trouver une éclaircie dans les données de l'Agence, Isabelle Schlesser la voit dans le nombre d'offres de postes. En quatre semaines, 2.309 nouvelles propositions d'emplois sont arrivées. «Soit un total de 5.848 places vacantes qui attendent quelqu'un ici et maintenant, pointe la responsable. Cela ne signifie pas qu'il y a reprise de l'économie, mais que des employeurs continuent à chercher de la main-d'oeuvre.»
Prudence oblige, la directrice de l'Adem reconnaît que les chiffres pourraient bien se dégrader dans les semaines à venir. D'abord, parce que le chômage partiel masque, pour l'heure, certaines situations d'entreprises au bord de licencier. Ainsi, 15.800 sociétés ont sollicité ce dispositif; combien maintiendront leur effectif au complet? «Impossible à prédire, mais il y aura de la casse.»
Ensuite parce que les emplois saisonniers, dans le tourisme ou l'hôtellerie-restauration, qui font qu'habituellement le chômage régresse en été, ne seront peut-être pas au rendez-vous du trimestre à venir. Enfin, qu'en sera-t-il du sort de tous les jeunes quittant d'ici peu leur cycle d'études ou de formation? Le sort de cette tranche d'âge est particulièrement préoccupant, aux yeux d'Isabelle Schlesser.
«Le nombre de demandeurs d'emploi âgés de moins de 30 ans a bondi de 52% sur un an. Les jeunes payent toujours fort le prix d'une crise. Premiers licenciés en cas de difficulté, majoritaires parmi les contrats précaires facilement non renouvelables, ne disposant pas d'un caractère indispensable dans l'entreprise par manque d'expérience... Il faut d'urgence se pencher sur leur situation, si l'on ne veut pas voir la situation sociale du pays s'aggraver.» Un point qui pourra être abordé à la prochaine tripartite, en juillet.
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