Le «Chiche!» voit les choses en plus grand
Le «Chiche!» voit les choses en plus grand
Tandis que la gentrification galopante de la route d'Esch et du quartier Hollerich aura eu raison du pâté de maisons où le Chiche! avait fleuri temporairement, le Limpertsberg voit éclore un projet plus grand qui n'a pas fini de pousser.
Ce samedi soir à 18h30, le Chiche! rouvre au 20 de l'avenue Pasteur en ayant «gardé la même équipe, avec le même esprit et sa cuisine libano-syrienne parce que Chadi Beckdach, notre chef-cuisinier est un Syrien, né au Liban», résume Pitt Pirrotte, cogestionnaire de Chiche Sàrl.
L'esprit est identique mais le restaurant est plus vaste. Il s'étale désormais sur 500 m2 et 200 m2 de cuisines. Soit 235 couverts, contre 175 à Hollerich «seulement». Il emploie aussi plus de salariés: «34 personnes. Ce sont quatre employées de plus qu'avant. Tous sont des réfugiés, exceptés le barman et l'informaticien qui sont luxembourgeois», pose Marianne Donven.
Cogestionnaire et co-initiatrice du projet voilà deux ans, elle explique que «le critère de sélection n'est pas leurs compétences mais combien ils ont vraiment besoin d'un contrat de travail pour rester au Luxembourg.»
Il y a dans l'équipe des bénéficiaires de la protection internationale, des demandeurs de protection internationale mais aussi «ceux qui sont complètement déboutés mais qui ne peuvent pas être renvoyés. Comme une dame albanaise qui vit avec ses trois enfants et qui est victime de violences conjugales graves. Parfois le travail permet de régulariser des gens», glisse Marianne Donven en faisant un mouvement de ses lèvres vers la droite.
Syriens, Irakiens, Afghans, Albanais, Nigérians, Somaliens, Camerounais,... tous sont là pour se reconstruire patiemment, reprendre confiance en eux, développer des compétences sociales et linguistiques, et enrichir le Luxembourg de leurs différences et cultures d'ailleurs.
Des fenêtres de Colmar-Berg
Comme avant, la styliste et designer, Isabelle Dickes, a fait du surcyclage d'objets de récupération pour raconter, à travers la déco des salles («stuff», jardin, patio, tente, etc.) le parcours des salariés du Chiche! qui ont laissé leurs portes d'entrée et leurs clefs derrière eux pour répondre à l'appel des sirènes promettant un avenir moins chaotique en Europe.
Autant d'éléments qui ont trouvé une nouvelle vie. Les portes sont devenues des tables. Un garde-corps en fer forgé d'un balcon du 53 rue Baudoin sert à séparer deux espaces, tout comme d'anciennes menuiseries ayant appartenu au Grand-Duc. «Ce sont les anciennes fenêtres du château de Colmar-Berg. Le menuisier qui les avait démontées les avait gardées. Maintenant elles resservent ici», glisse Pitt Pirrotte.
Mais l'aventure du Chiche! ne fait que reprendre. Le choix de la nouvelle adresse est lié à ses grandes cuisines. En réalité, «c'est un outil de travail pour ouvrir d'autres restaurants ailleurs. Cette cuisine va permettre de les approvisionner», rapporte Pitt Pirrotte.
Car «dès que le Chiche! sera rôdé au Limpertsberg, on ouvrira un restaurant dans la rue de l'Alzette à Esch-sur-Alzette, face au Théâtre». Le local est déjà en cours d'aménagement et le restaurant pourrait ouvrir «d'ici la fin de l'année ou en tout début d'année prochaine».
