Le chantier du tram court après le temps perdu
Le chantier du tram court après le temps perdu
(JFC, avec Rita Ruppert) - «Lorsque le gouvernement a annoncé la phase de confinement à la mi-mars, nous avons réagi très rapidement», explique André von der Marck, directeur général de Luxtram. «Car, d'une part, nous fournissons un service public, et d'autre part, tout devait être fait pour assurer la sécurité tant de nos employés que des passagers.»
Et ce dernier de relever qu'«en quelques jours seulement, le nombre de passagers est passé de plus de 30.000 à moins de 2.000 par jour. Avant la crise, le tram passait toutes les cinq minutes, mais jusqu'à dimanche, ce n'était plus le cas que toutes les 15 minutes. Depuis ce lundi, la fréquence de passage est repassée à dix minutes. De plus, il sera à nouveau en fonction le dimanche, ce dès le 10 mai.»
Au niveau interne de l'entreprise, la crise a entraîné une réorganisation de tous les services. Ainsi, deux équipes de conducteurs ont été formées. Le but est qu'elles ne se rencontrent jamais: l'une est en service le jour A, l'autre le jour B. «De la sorte, si un cas de covid-19 était avéré, nous saurions rapidement qui a pu être en contact avec le conducteur», souligne André von der Marck.
Grâce à ce système de rotation, le chauffeur qui commence son service le matin reste le seul à conduire le véhicule toute la journée. Durant la nuit, le tram est nettoyé et désinfecté, et le lendemain matin, un autre chauffeur prend la relève. Et ici aussi, «nous comptons sur deux équipes pour l'entretien et la réparation de notre flotte: une équipe travaille le jour A, l'autre le jour B, si bien que chacune se retrouve en alternance à la maison», ajoute le directeur de Luxtram.
Du côté de ses services administratifs, Luxtram privilégie le plus possible le télétravail, «une mesure prioritaire», selon André von der Marck. Certains employés ont fait usage du congé pour raisons familiales, mais personne n'a été mis en chômage partiel. Par ailleurs, les membres de la direction se sont quant à eux rendus tous les jours sur le chantier, afin d'adapter sans cesse la situation aux nouveaux développements.
Lorsque le gouvernement a décidé le port obligatoire du masque pour tous les travailleurs sur les chantiers ainsi que pour les usagers des transports en commun, deux employés de Luxtram ont été désignés pour vérifier si les passagers respectaient bien la mesure et les rappeler à l'ordre si nécessaire. «Certes, nous sommes entrés dans une ère différente, mais nous continuons à fonctionner. Même si, avec toutes ces nouvelles règles de vie et de travail, notre organisation s'en trouve forcément très bouleversée», note André von der Marck.
Si le travail a repris depuis deux semaines sur les chantiers, l'activité n'atteint cependant pas encore 100% de ses capacités, selon le directeur de Luxtram. «Il va de soi qu'un arrêt total de cinq semaines a un impact énorme sur l'avancement des travaux.» Et si André von der Marck admet qu'«à ce stade, il est impossible d'évaluer cet impact sur la date d'entrée en service», il tient néanmoins à souligner que «notre objectif reste toujours de faire circuler le tram jusqu'à la gare centrale d'ici la fin de l'année».
Mais pour le directeur général, trop d'inconnues demeurent encore en suspens: y aura-t-il une seconde vague d'infections? Y aura-t-il un congé collectif dans le secteur de la construction? Si tel est le cas, y aura-t-il une exemption pour certains emplois? Quel sera le volume du trafic dans les semaines et les mois à venir? «Car il est certain qu'avec moins de trafic, les travaux sur le chantier du tram avanceront plus vite», avance André von der Marck qui estime que l'octroi ou non d'une dérogation pour travailler pendant les congés collectifs constituera un élément central.
Concrètement, les deux endroits-clés du chantier sont le boulevard Royal au centre-ville et l'avenue de la Liberté dans le quartier de la gare. «A l'intersection de l'avenue Emile Reuter et du boulevard Royal, les travaux avancent bien. Devant le bâtiment "Zénith", qui abritait naguère le siège de la BGL, les rails ont été bétonnés dans la nuit de jeudi à vendredi», rapporte le directeur général de Luxtram. Le même précise qu'il «reste la section située devant le Royal Hamilius, que nous aimerions terminer le plus rapidement possible. La plateforme devrait être achevée dans les prochaines semaines, mais il existe des difficultés concernant la construction des deux quais. Elles sont liées au passage des bus et des véhicules.»
Sur le tronçon entre le pont Adolphe et la place de Paris en revanche, le chantier progresse bien: les derniers arbres, des platanes des Pays-Bas, seront plantés dans le courant de cette semaine. Ils doivent contribuer à préserver l'image historique de l'avenue de la Liberté. Reste enfin la courte section reliant la place de Paris à la place de la Gare, où les travaux devraient rapidement avancer. «Si tout se passe comme prévu, le chantier en direction du pont Buchler pourrait peut-être commencer à la fin de l'année», conclut André von der Marck.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
