Le chantier de la nouvelle prison de Sanem se termine
Le chantier de la nouvelle prison de Sanem se termine
Bien que le Luxembourg soit loin d'être le pays criminogène par excellence, il se doit d'être doté de structures permettant d'accueillir les personnes condamnées ou détenues de manière préventive, pour un long ou un court séjour. Deux structures existent à l'heure actuelle: le centre pénitentiaire du Luxembourg (Schrassig) ainsi que le centre pénitentiaire de Givenich, dans la commune de Rosport-Mompach (Echternach).
Si le premier établissement cité opte davantage pour un régime fermé, le second vise à accueillir des détenus purgeant des peines plus courtes ou étant en fin de peine grâce à un régime plus ouvert. Toujours est-il qu'en ce qui concerne la prison de Schrassig, les places font cruellement défaut et ce, depuis plusieurs années. Le 10 mai dernier, il y avait ainsi 584 personnes détenues au sein de l'établissement, pour une capacité d'accueil théorique d'environ 540 personnes.
«Proche de l'épuisement»
«On est assez proche de l'épuisement», concède aisément le directeur de l'administration pénitentiaire, Serge Legil. «Toutefois, il y a une différence entre la capacité d'accueil théorique et le nombre de lits réellement utilisables. On doit parfois mettre trois lits dans des chambres doubles ou deux lits dans une chambre simple. Cela reste raisonnable pour le moment. On parvient également à réaliser toutes les séparations qui sont parfois nécessaires entre certains détenus: coauteurs et auteurs, fumeurs et non-fumeurs, etc.», dit-il.
Le directeur de l'administration pénitentiaire assure que le bien-être de chaque détenu reste respecté malgré cette surpopulation carcérale ponctuelle. «On ne touche pas aux droits des détenus. Ils ont toujours leur droit aux visites ainsi qu'aux activités sportives, culturelles, médicales, spirituelles de même que les promenades.»
Il ne s'agit donc pas d'un cas exceptionnel puisque la prison luxembourgeoise a déjà dû redoubler d'ingéniosité à plusieurs reprises afin de pousser les murs pour permettre de loger davantage de détenus. «Vers 2007-2008, on avait eu affaire à 720 détenus à gérer et là, pour le coup, cela avait clairement porté préjudice à la qualité de la détention. Mais nous ne sommes clairement pas dans cette situation». Si la situation est moins alarmante à Givenich (88 détenus sur une capacité de 114 personnes), il est clair qu'il fallait trouver des solutions.
Et c'est dans ce contexte que le projet d'une nouvelle prison à Uerschterhaff, dans la commune de Sanem, a vu le jour. «Ce n'est pas tout à fait le cas», rétorque Serge Legil. «Il y a deux raisons qui expliquent le début du projet d'une nouvelle prison. La première, c'est effectivement le manque de places. La seconde, c'est également pour offrir une meilleure prise en charge du détenu.»
Et le directeur de l'administration pénitentiaire de s'expliquer. «Le Luxembourg est l'un des seuls pays du monde qui ne disposait pas d'un établissement dédié à la détention provisoire, pour les personnes en attente de leur procès. La prise en charge est complètement différente dans le cadre de ce type d'établissement car il y a beaucoup plus de mouvements, contrairement à un centre pénitentiaire exclusivement fermé. Par exemple, la nouvelle prison de Sanem disposera de locaux réservés à la police en charge des transports des détenus. Cela permettra également une meilleure prise en charge psychologique puisque la prise en charge sera spécifique aux détenus supposément là pour une courte période. On table d'ailleurs sur une occupation maximale d'un an, voire 18 mois maximum pour chaque détenu».
Un projet vieux d'une quinzaine d'années
Les premières réflexions sur un nouvel établissement pénitentiaire à Sanem remontent déjà à une quinzaine d'années. «Il y a eu de grandes discussions au niveau national sur la situation géographique de l'établissement. Il faut dire que les communes ne sont pas forcément demandeuses d'avoir une prison sur leur territoire. Néanmoins, la commune de Sanem avait fini par marquer son accord», détaille Serge Legil.
Mais cette fois-ci, c'est désormais officiel: l'établissement ouvrira ses portes à l'automne prochain. «Le chantier est déjà largement terminé. Il n'y a plus de gros œuvre à réaliser, ni de travaux de peinture. Ici, les derniers travaux se concentrent sur l'aspect informatique, électrique et technique des choses. Pour l'instant, on table sur une ouverture au 1er octobre ou au 1er novembre 2022. Néanmoins, nous n'accueillerons pas des dizaines de détenus venus de Schrassig du jour au lendemain. Ce qu'on fera probablement, c'est qu'à partir d'une certaine date, le 1er novembre par exemple, tous les mandats de dépôt, environ une quarantaine par mois, auront comme destination la nouvelle prison de Sanem et non plus vers Schrassig», explique Serge Legil. «Et généralement, après un mois, il reste environ une vingtaine de détenus des 40 amenés au début du mois.»
On recherche toujours des agents pénitentiaires
En d'autres termes, ce dernier pense que d'ici Noël prochain, la population carcérale de l'établissement fraîchement ouvert ne devrait pas dépasser les 100 détenus sur une capacité totale d'accueil de 400 personnes. «De l'autre côté, la prison de Schrassig verra sa population carcérale diminuer également du fait qu'elle ne devra plus accueillir de détenus de manière préventive.»
A noter que l'administration pénitentiaire est toujours à la recherche de personnel. «Les recrutements sont pratiquement achevés sauf pour les agents pénitentiaires. On en recherche encore 70 pour le 1er octobre.»
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