Le «carsharing» représente-t-il une véritable économie?
Le «carsharing» représente-t-il une véritable économie?
(S.MN. avec Nadia DI PILLO) Le prix des carburants ne cesse de grimper. Dernier exemple en date avec la récente hausse folle des prix il y a quelques jours. Même si les prix ont baissé depuis, de nombreux automobilistes réfléchissent désormais à deux fois avant de sortir leur propre voiture du garage. Les experts en sont convaincus : la hausse continue des prix des carburants rend l'autopartage attractif pour de nombreux citoyens en tant que forme d'utilisation alternative à la mobilité électrique.
L'idée de base de l'autopartage, appelé «carsharing» dans la langue de Shakespeare, est la suivante : plusieurs utilisateurs se partagent une seule et même voiture. Chaque personne impliquée ne conduit la voiture que lorsqu'elle en a besoin, et le reste du temps, la voiture est à la disposition des autres utilisateurs. En principe, tout le monde peut s'inscrire à l'autopartage : la principale condition est d'avoir un permis de conduire valide. Tous les frais fixes, comme l'assurance, sont répartis entre tous les participants et chacun paie le carburant qu'il consomme réellement. Les experts estiment que l'autopartage permet d'économiser jusqu'à 5.000 euros.
Deux opérateurs sont actuellement présents au Luxembourg : Flex propose des voitures dans plus de 50 stations à travers le pays, Carloh est présent dans une vingtaine d'endroits de la ville de Luxembourg.
Pas de solution miracle, mais...
Le ministre de la Mobilité François Bausch (Déi Gréng) veut désormais promouvoir l'autopartage dans tout le pays. «Nous travaillons à un cadre juridique qui permettrait à une commune de réserver une place de parking sur l'espace public à un opérateur privé d'autopartage», a fait savoir le ministre cette semaine. François Bausch a toutefois prévenu que l'autopartage n'était «pas une solution miracle». «Ce n'est pas non plus comme si l'autopartage était utile pour tout et à toutes fins dans le domaine de la mobilité individuelle. Mais c'est un élément important de la chaîne de mobilité, surtout dans le domaine du transport individuel».
Ainsi, le remplacement de plusieurs voitures privées par une seule voiture «publique», utilisée en commun, permettrait de réduire le besoin de places de stationnement dans le voisinage ou dans une entreprise. De plus, un ménage dont la voiture - ou la deuxième voiture - n'est que très peu utilisée peut réaliser des économies considérables si ce véhicule privé est remplacé par l'utilisation d'un service d'autopartage. Cela permet également de libérer des terrains publics ou privés pour d'autres usages. Ce qui n'est pas négligeable pour un petit pays comme le Luxembourg. «Si vous avez des voitures partout, qui restent inutilisées 95% du temps, vous utilisez aussi l'espace public, les parkings et les garages. Cela représente des coûts très élevés, y compris pour les entreprises, et ce n'est pas très efficace».
Un cadre uniforme à l'échelle nationale
Une nouvelle loi doit donc créer une base permettant de délimiter en toute sécurité juridique des places de stationnement pour les voitures en autopartage, par exemple. Dans la pratique, les communes pourraient alors définir des emplacements, par exemple avec un panneau de signalisation similaire à celui des stations de taxis. Mais il ne s'agit pas de «dicter aux communes ce qu'elles doivent faire. Nous voulons créer un cadre juridique afin d'offrir aux communes une base flexible», a déclaré le ministre. Parallèlement, il souhaite qu'une sorte de «coalition des bonnes volontés» se mette en place avec les communes du pays afin de lancer des projets pilotes concrets dans le domaine de l'autopartage.
Le ministère a chargé une équipe d'experts internationaux d'analyser l'offre actuelle et la demande potentielle au Luxembourg et de formuler des recommandations concrètes. Les résultats de cette étude ont été présentés hier par l'équipe dirigée par Arnd Bätzner, membre du conseil d'administration de Mobility Carsharing en Suisse. Selon lui, il existe déjà un bon point de départ au Luxembourg avec les deux offres existantes. Mais la demande pourrait encore augmenter «si l'intégration dans le développement urbain, la construction de logements et la gestion de parcs d'affaires et de zones industrielles ainsi que la gestion de flottes d'établissements publics sont développées».
Des exemples probants à l'étranger
Pour ce faire, il pourrait être nécessaire «d'adapter le cadre juridique en vigueur, les aides fiscales et les aspects de la planification». Arnd Bätzner a cité des exemples concrets à l'étranger. La ville de Brême, par exemple, a développé et mis en œuvre son propre plan d'action pour l'autopartage. Le concept y présente un taux de remplacement total de 1:16, ce qui signifie que chaque véhicule en autopartage y génère un allègement de 16 voitures privées supprimées ou non acquises. L'Allemagne aussi a déjà créé un cadre juridique clair avec une loi sur l'autopartage au niveau fédéral, afin de pouvoir installer des stations sur la voie publique en toute sécurité juridique.
En Suisse, toutes les communes de plus de 10.000 habitants ont une offre de «carsharing», mais aussi de nombreuses petites communes. Il peut également imaginer une telle offre pour le Luxembourg : «Chaque commune de plus de 10.000 habitants et en plus les petites communes pourraient faire une offre, ce serait certainement un bon début au Luxembourg». L'expert voit également un grand potentiel dans les nouveaux projets de construction. «Les places de parking pour voitures sont un facteur de surface et de coût dans la construction de nouveaux logements. Les places de parking souterrain coûtent rapidement entre 40.000 et 60.000 euros. Des concepts de mobilité innovants pour les nouveaux projets, qui intègrent l'autopartage, offrent donc une option pour une construction de logements moins coûteuse».
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
