Le bois de chauffage devient rare et cher au Luxembourg
Le bois de chauffage devient rare et cher au Luxembourg
Musa Pilici s'était réjoui de pouvoir assurer toutes ses commandes en toute sérénité cette année. Il vend du bois de chauffage chez Co-Labor depuis plus de 35 ans, principalement à des particuliers. Mais aujourd'hui, Musa Pilici n'éprouve plus aucun plaisir à répondre au téléphone qui ne cesse de sonner, car il doit faire patienter de plus en plus de clients.
«De plus en plus de gens veulent s'approvisionner pour l'hiver, mais nous pouvons en proposer de moins en moins», dit-il. Selon lui, la demande en bois de chauffage a nettement augmenté depuis l'invasion russe en Ukraine. Et depuis quelques semaines, il est passé du statut de produit de masse à celui de denrée rare. «Si vous ne passez pas de commande maintenant, vous n'aurez plus rien en septembre», prévient Pilici. «Depuis 35 ans que je travaille ici, je n'ai jamais vu une demande aussi élevée».
Chez Co-labor, le bois de hêtre luxembourgeois provient de forêts certifiées FSC. Le FSC est un système international de certification de la gestion forestière ; il permet d'identifier les produits en bois et en papier qui proviennent de forêts gérées selon des critères écologiques et sociaux spécifiques.
Des prix en nette hausse
La coopérative, basée sur les principes du développement durable, affirme ne pas avoir modifié les prix du bois de chauffage, malgré la nette augmentation de la demande. «De manière générale, les prix ont toutefois fortement augmenté sur le marché», explique Musa Pilici, qui facture lui-même actuellement 180 euros pour deux mètres cubes de bois sec en vrac. D'autres marchands de bois estiment qu'une hausse des prix de 40% est probable.
Pour l'entreprise «Gieweler Holzknacker» aussi, la demande de bois de chauffage est plus élevée qu'elle ne l'a jamais été, confirme Claude Thein. «Nous recevons beaucoup de demandes de clients qui veulent s'approvisionner pour l'hiver. Nous ne pouvons malheureusement pas les satisfaire, surtout parce que nous ne vendons plus autant de bois de chauffage. Notre principale activité est actuellement le bois déchiqueté».
«On n'abat pas assez»
«La situation est critique», explique-t-on chez un autre grand négociant en bois du pays. De nombreux clients appelleraient chaque jour. «Ils craignent apparemment que le bois de chauffage soit rare et cher en septembre et octobre», dit-il. «Mais nous ne pouvons malheureusement plus répondre à la demande, nous ne recevons nous-mêmes plus d'approvisionnement».
Le problème : selon lui, on n'abat plus autant de bois au Luxembourg qu'auparavant. «Nous vendons exclusivement du bois luxembourgeois, mais il n'y a pas assez de bois de chauffage coupé», regrette le commerçant, qui a sollicité un rendez-vous au ministère compétent «pour trouver des solutions appropriées le plus rapidement possible».
En attendant, le commerçant reçoit de nombreuses propositions de l'étranger. «Chaque semaine, quelqu'un nous appelle, mais l'offre ne nous intéresse pas parce que nous avons le label 'Made in Luxembourg'». S'il ne trouve pas de solution pour sortir de la crise, il devra probablement se tourner vers le bois étranger. Il ne comprend pas la logique du marché luxembourgeois : «Nous vendons notre bois à l'étranger pour le réimporter ensuite de l'étranger, ce n'est pas compréhensible». Le négociant en bois ne peut actuellement livrer qu'une partie de ses clients. «Nous sommes en rupture de stock et ne pourrons vendre qu'à partir de septembre».
«La disponibilité est limitée»
Parallèlement, la demande de pellets augmente également au Luxembourg, tandis que les prix s'envolent. «Les pellets sont presque deux fois plus chers qu'en 2020-2021. Par peur d'une pénurie en hiver, le bois et les pellets sont thésaurisés comme jamais auparavant», explique Uwe Klaas, technicien chez «De Kaminbauer». Selon lui, la demande de poêles à bois a aussi énormément augmenté depuis le début de la guerre en Ukraine et la production est déjà bloquée depuis des semaines. «La disponibilité est actuellement très limitée. Nous avons plusieurs fabricants qui ne pourront pas livrer avant l'année prochaine».
Comme d'autres professions artisanales et l'industrie, les poêliers souffrent de problèmes de livraison, ce qui retarde encore le traitement des commandes. Cela ne concerne pas seulement les pièces importées, dont beaucoup proviennent de Chine. En raison de la forte demande et des difficultés personnelles liées au covid, les poêles-cheminées fabriqués en Allemagne et vendus au Luxembourg sont également touchés par des problèmes de livraison.
Les poêles à bois sont depuis longtemps populaires au Luxembourg parce qu'ils diffusent une chaleur «confortable». Mais en même temps, ils peuvent aussi être une source de particules fines. Mais cela ne semble pas être une priorité pour les clients pour le moment.«En général, les poêles à bois ne peuvent de toute façon être utilisés que si les valeurs limites d'émission et les rendements minimaux fixés par règlement grand-ducal sont respectés», explique Uwe Klaas. Ces valeurs limites d'émission diffèrent selon que le poêle est raccordé ou non au circuit de chauffage, et elles dépendent de la puissance qu'ils fournissent.
«De plus, selon l'âge du poêle ou dans le cas d'une cheminée ouverte, il est possible d'ajouter des filtres et de réduire ainsi la pollution par les particules fines». De plus, les nouveaux poêles seraient aujourd'hui beaucoup plus efficaces. «Les clients remarquent qu'avec un nouveau modèle, ils utilisent nettement moins de bois», poursuit encore Uwe Klaas.
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