Le bide des autotests HIV en pharmacie
Le bide des autotests HIV en pharmacie
(JFC, avec Rosa Clemente) - Afin d'obtenir un diagnostic aussi rapide que fiable, anonymement et facilement, les autotests HIV à usage domestique sont disponibles depuis l'été dernier dans toutes les pharmacies du pays au prix de 29,90 euros. Toutefois, «la plupart des pharmaciens ont déclaré qu'ils en avaient vendu peu depuis l'été», explique Théodore Biewer, consultant auprès de l'Association professionnelle luxembourgeoise qui représente le syndicat des Pharmaciens dans ce dossier. Depuis le 22 novembre, le produit se retrouve aussi dans les rayons des supermarchés Cactus. Et, comme l'explique Christopher Probst, porte-parole de la chaîne de supermarchés, «entre fin novembre et début février», soit en moins de trois mois, un total de «179 tests de ce type ont été vendus aux clients de Cactus au prix de 20 euros la pièce.»
Danielle Becker-Bauer, vice-présidente du syndicat des Pharmaciens, établit un lien entre le succès des ventes et l'emplacement de la pharmacie: «A Bettembourg par exemple, seulement six demandes ont été enregistrées depuis septembre, dont cinq au cours du seul mois de décembre, aux alentours de la date de la Journée mondiale de la lutte contre le sida (1er décembre, ndlr). Dans la capitale ou à Esch-sur-Alzette, la demande est très certainement supérieure.» De fait, le son de cloche diffère à la Pharmacie du Globe, dans le quartier de la gare de la capitale. Selon l'exploitant de l'officine, trois à quatre tests de dépistage HIV y sont vendus en moyenne par mois. En revanche, à la Pharmacie Trierweiler, située au boulevard J.-F. Kennedy à Esch-sur-Alzette, «très peu, voire presque pas de tests ont été vendus.»
Dans l'ensemble, il apparaît donc que le fait de se tester soi-même régulièrement n'est pas encore un comportement entré dans les mœurs du grand public. Au contraire, les personnes concernées ne se soumettent le plus souvent à un test qu'après un comportement sexuel à risque.
Sandy Kubaj, chargée de direction du service «HIV Berodung» qui fait partie de la Croix-Rouge luxembourgeoise, est d'avis que l'inhibition des gens freine les ventes des autotests, tant en pharmacies que dans les magasins. Elle explique que «de nombreuses personnes viennent nous poser des questions sur les autotests avant de les acheter.» Et d'en conclure que «l'intérêt existe donc, mais je pense que les produits ne sont pas toujours idéalement placés, c'est-à-dire assez visiblement, dans les points de vente. Ce qui limite forcément l'achat, car de nombreux clients ont peur de demander des informations au vendeur.»
Par ailleurs, Sandy Kubaj considère les nouveaux points de vente comme des plateformes supplémentaires pour briser le tabou entourant le HIV et sensibiliser les gens à un dépistage régulier. «Notre centre de conseil est important, car les personnes concernées peuvent y obtenir des informations complètes. Nous n'avons pas non plus constaté de diminution du nombre de visiteurs suite à l'apparition des autotests sur le marché», explique la chargée de direction, qui ajoute: «En collaboration avec le ministère de la Santé, nous prévoyons de lancer prochainement une nouvelle campagne de sensibilisation pour informer les gens des différentes possibilités de dépistage.»
Pour rappel, selon les derniers chiffres de l'Organisation mondiale de la santé, environ 38 millions de personnes dans le monde vivent actuellement avec le virus HIV. Au Luxembourg, les estimations font état de quelque 1.200 personnes atteintes, avec 40 nouvelles infections enregistrées l'année dernière. La détection précoce protège non seulement contre la transmission du virus par ignorance, mais aussi, grâce à des traitements efficaces, contre une éventuelle infection par le sida.
