La vie professionnelle prend le pas sur le privé
La vie professionnelle prend le pas sur le privé
Concilier vie professionnelle et vie privée relèverait-il désormais de l'impossible? Pas loin, à en croire l'index de la Qualité du travail 2019 publié par la Chambre des salariés du Luxembourg (CSL). Au terme d'une étude portant sur 1.495 salariés, 43% affirment ne plus pouvoir équilibrer ces deux parts de leur existence. Et le chiffre ne fait que croître d'année en année. En 2014, seulement 30% des employés pointaient cette difficulté.
L'information n'a rien de si étonnant si elle est mise en perspective avec différents aspects. A commencer par l'allongement du temps de travail, au-delà des heures convenues par contrat. Ainsi, cette même étude a mis en lumière que 46% des salariés du pays dépassaient le quota d'heures hebdomadaires initialement fixé. Avec les conséquences que l'on imagine sur les questions de garde d'enfants, vie associative par exemple.
Et plus le nombre d'heures supplémentaires -le plus souvent non désirées- est grand, plus l'insatisfaction est forte. Ainsi, au-delà de dix heures travaillées en plus par semaine, 64% des personnes interrogées reconnaissent avoir parfois ou souvent des problèmes pour combiner les différentes sphères de leur existence. Sans oublier qu'à ces horaires extensibles, s'ajoute la pression digitale (SMS, mails). Celle-ci prolongeant la disponibilité du salarié même éloigné de son entreprise.
La difficile conciliation entre vie privée et professionnelle trouve aussi sa cause dans les temps de parcours de plus en plus longs. Résidents comme frontaliers passent ainsi plus de temps pour aller ou venir au travail. Soit de moins en moins de temps à consacrer à leurs proches.
L'étude de la CSL met en avant que cette délicate conciliation entre entreprise et maison impacte le plus souvent les femmes. Ainsi 50% des sondées ne cachent pas cette difficulté quand seulement 37% des hommes estiment que l'équilibre est dur à trouver.
Dans l'étude, il apparaît que la catégorie socioprofessionnelle rencontrant le plus de mal à trouver le juste partage entre ces deux temps de l'existence reste celle incluant dirigeants, cadres et gérants (60%). Suivent les professions intellectuelles et scientifiques (52%) puis les conducteurs d'installation et de machines, ouvriers de l'assemblage (46%).
Travailler moins
«Pour les deux premiers cas, cela n'a rien d'étonnant compte tenu de l'évolution des modalités de travail, note David Buechel, psychologue du travail à la Chambre des salariés. Soit parce qu'il s'agit d'indépendants dont la réussite dépend de l'implication dans leur job (et qui ont tendance à ne pas se ménager). Soit parce que ce sont des responsables d'équipe à qui leur employeur a fixé la responsabilité d'objectifs à atteindre selon une deadline (et non en fonction de moyens). Pour y arriver donc, ils doivent sacrifier une partie de leur temps libre.»
Aussi, même si 55,4% des salariés se disent satisfaits de leur travail, rien d'étonnant à ce que dans le même temps de plus en plus de personnes expriment la volonté de faire moins d'heures à leur poste. Si 35% de la totalité des sondés ont exprimé ce souhait, la proportion dépasse les 40% quand il s'agit de femmes. Une façon de renforcer le temps disponible pour d'autres activités.
