Luxembourg
4 min.25.06.2022Cet article est archivé
Cannabis récréatif
La «tolérance zéro» restera de mise au volant
Cannabis récréatif
La «tolérance zéro» restera de mise au volant
En 2021, 16 accidents - dont 4 mortels - impliquant une consommation de stupéfiants ont été recensés au Grand-Duché.
Photo : Shutterstock
S'il sera désormais possible de cultiver et fumer de la marijuana à la maison, conduire sous l'effet de substances psychotropes reste interdit. Des contrôles «réguliers» seront ainsi effectués pour préserver la sécurité sur les routes du Grand-Duché.
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S'il sera désormais possible de cultiver et fumer de la marijuana à la maison, conduire sous l'effet de substances psychotropes reste interdit. Des contrôles «réguliers» seront ainsi effectués pour préserver la sécurité sur les routes du Grand-Duché.
Fumer ou conduire, il faudra continuer à choisir. Si le Luxembourg a décidé de jouer la carte de la souplesse en légalisant la consommation du cannabis récréatif, pas question d'être laxiste pour autant. La conduite sous influence du THC (la substance active reconnue pour ses effets psychotropes) restera bien interdite.
En d'autres termes, aucun changement n'est prévu au Code de la route. Le seuil limite restera ainsi maintenu à 1ng/mL de sérum sanguin THC. Et si, en apparence, cette valeur comporte une marge, dans les faits, elle «équivaut à une tolérance zéro», estime le gouvernement.
Près d'un décès sur cinq
Une absence de tolérance non sans raison. La consommation de cannabis entraîne en effet, «une baisse de la vigilance et une altération des capacités à conduire», souligne une étude française publiée en 2019. Les chercheurs ont ainsi démontré que le temps de réaction des conducteurs s'en trouvait allongé de 17% à 20%. Autrement dit, une éternité au volant.
La consommation de stupéfiants serait d'ailleurs impliquée dans de nombreux accidents sur les routes luxembourgeoises. Selon le dernier rapport officiel, 77 seraient liés à la drogue - dont 19 mortels - depuis 2015. Des chiffres en hausse ces dernières années. L'an passé, 16 accidents ont été dénombrés. 4 personnes ont perdu la vie, ce qui représente près d'un décès sur cinq sur les routes.
Avec la légalisation du cannabis récréatif, le risque de voir augmenter le nombre d'accidents est donc bien réel. Bien qu'il soit «difficile de dire si la situation va empirer», admet Paul Hammelmann, président de l'asbl Sécurité routière. Mais si cette crainte est soulignée par l'association, elle est néanmoins balayée par le ministère de la Mobilité.
A l'en croire, la nouvelle loi ne devrait en effet avoir «aucun impact» sur la sécurité routière. «La conduite sous l’influence de drogues est interdite et elle le restera même si la possession et la consommation de cannabis seront légalisées», affirme ainsi Kim Vo, l'une des porte-parole de l'administration publique. Et pour cela, la police veillera au grain.
Jusqu'à 10.000 euros d'amende
Plus concrètement, «des contrôles réguliers» seront maintenus, précise Kim Vo. La police grand-ducale pourra par ailleurs ordonner une prise de sang «en cas de signes manifestes». Avec le recrutement de 600 nouveaux agents d'ici 2023, les forces de l'ordre devraient être encore plus en mesure de mener la vie dure aux dealers comme aux usagers.
Quant aux sanctions, elles restent lourdes. En cas d'infraction, celles-ci prévoient huit jours à trois ans de prison (et/ou) une amende de 500 à 10.000 euros, souligne de son côté la police.
Pour rappel, le cannabis reste détectable après sa consommation, même lorsque les effets se sont dissipés. Dans le sang, la substance psychotrope peut ainsi être décelée pendant plusieurs heures pour les usagers occasionnels et jusqu'à plus d'un mois pour les fumeurs plus réguliers.
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