La stratégie de dépistage du gouvernement à la loupe
La stratégie de dépistage du gouvernement à la loupe
Dépister toute la population en un mois. Tel est l'ambitieux projet du gouvernement luxembourgeois pour briser la chaîne d’infection et réduire au maximum le risque d’une deuxième vague. Une stratégie de dépistage à large échelle proposée non seulement aux 625.000 résidents, mais aussi aux quelque 200.000 frontaliers du pays.
Au total, un maximum de 20.000 tests quotidiens seront effectués, mais ce monitoring géant de la population sera réalisé par étapes. Autrement dit, tout le monde ne sera pas testé tout de suite. Le gouvernement a ainsi défini différents groupes en fonction de plusieurs critères, notamment la profession. Des groupes qui se situeront «entre 50.000 et 100.000 personnes», a précisé au Luxembourg Times le Pr Ulf Nehrbass, directeur du Luxembourg Institute of Health (LIH) et porte-parole d'un groupe de travail sur le virus avant d'ajouter que les concernés recevront «une lettre officielle».
Un dépistage progressif déjà entamé depuis quelques jours avec les quelque 63.000 employés du secteur de la construction qui ont repris le travail le 20 avril dernier, mais également les 6.000 élèves des classes de terminale et 2.500 enseignants de retour sur les bancs de l'école depuis le début de la semaine.
Et si ces tests restent volontaires, le gouvernement invite toutefois chaque résident à être dépisté. Car «la protection est d'autant plus importante que le nombre de personnes testées est élevé», expliquait ainsi fin avril Paulette Lenert (LSAP), ministre de la Santé. «Pour chaque patient symptomatique, nous suspectons entre cinq et dix personnes asymptomatiques», détaille quant à lui le Pr Nehrbass. Selon cet expert en maladies infectieuses, la gigantesque campagne de tests permettra de contenir la propagation du virus, alors que le pays s'apprête à lever le confinement général dès lundi.
«Nous ne disons pas aux personnes qui ont été testées une fois qu'elles peuvent maintenant sortir et faire la fête en toute sécurité. Nous essayons d'éliminer les cas positifs», prévient toutefois Ulf Nehrbass. Dans l'idéal, chaque groupe sera retesté à intervalles réguliers. Si le virus réapparaît, l'ensemble des personnes de ce groupe pourrait alors être à nouveau testé.
Car s'il apparaît essentiel de diagnostiquer les cas aux yeux du gouvernement, il l'est tout autant de retracer les personnes avec lesquelles ils ont été en contact, explique le directeur du LIH. «Nos autorités peuvent retracer une centaine de cas par jour. C'est beaucoup». Une application de traçage - solution qui fait toutefois débat - pourrait alors offrir un soutien supplémentaire.
«D'un point de vue purement épidémiologique - sans tenir compte des préoccupations relatives à la vie privée ou des arguments juridiques - elle serait très utile», affirme ainsi Ulf Nehrbass. Sans un traçage efficace, «vous n'êtes qu'à un pas d'un autre verrouillage», alerte-t-il, appelant à la «responsabilité collective». «Nous allons devoir vivre avec ce virus pendant des mois, voire un an... les tests et la recherche nous accompagneront pendant cette période.»
Anticorps et immunité
Car ce projet vise seulement à trouver les cas actifs. En parallèle, une autre étude, permettant de tester les anticorps, a été lancée début avril sous l'égide de la Taskforce covid-19 de Research Luxembourg. Baptisée CON-VINCE, ce projet de recherche révèle que seuls 2% de la population auraient été en contact avec le virus, selon les premiers résultats révélés ce jeudi.
Une présence d’anticorps dans le sang qui «ne signifie pas que les gens sont immunisés», spécifie d'ailleurs le professeur Rejko Krüger. «On ne sait pas encore combien de temps les anticorps restent dans le sang ni leur efficacité contre le virus. Un test sérologique positif n'est donc pas une garantie d'immunité.»
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