La renaissance de Nizar, champion du monde de la pizza
La renaissance de Nizar, champion du monde de la pizza
L'expression «renaître de ses cendres» est sans aucun doute celle qui s'applique le mieux à Nizar El Hajjaoui. Ce quadruple champion du monde de la pizza, originaire de Belgique mais vivant au Luxembourg, s'est retrouvé au plus bas à la suite de galères personnelles, mais aussi et surtout en raison des crises qui se sont succédé ces dernières années.
En 2017, Nizar vit un rêve éveillé. L'ancien banquier, reconverti en pizzaiolo après être tombé amoureux de la cuisine italienne quelques années plus tôt, ouvre Niz Art Piazza, à Perlé (Rambrouch), à deux pas de la frontière belge, près de Martelange. «Je m'étais formé les années précédentes dans d'autres pizzerias mais cette fois-ci, c'était mon projet, ma fierté», se remémore Nizar, non sans une pointe de nostalgie.
Fort de ses titres de champion du monde, le succès est très vite au rendez-vous. Les avis sont dithyrambiques de la part de la clientèle belge mais aussi luxembourgeoise. «De 2017 à 2019, tout était parfait. C'est bien simple, on était quasi complet en permanence et on ouvrait sept jours sur sept. On avait ainsi engagé une vingtaine de personnes pour faire face à la demande».
Et puis, 2020 est arrivé, emmenant avec lui une pandémie mondiale et deux confinements destructeurs pour l'ensemble du secteur horeca, y compris pour la pizzeria de Nizar. «L'activité a donc commencé à ralentir assez fortement.» Cela n'empêche pas le pizzaiolo de se lancer dans d'autres projets Horeca en Belgique. Cette même année, il ouvre sa seconde enseigne «La Buffalina» à Neufchâteau, dans le centre de la province de Luxembourg. Quelques mois plus tard, en 2021, il ouvre son troisième restaurant à La Roche-en-Ardenne, «La Stradella». «Malheureusement, je me suis lancé dans bon nombre de projets, sans pour autant savoir que la crise s'éterniserait à ce point», soupire-t-il.
Les premiers soucis durant la crise sanitaire
Bien mal lui en a pris puisque c'est à ce moment-là que les premiers soucis s'enchaînent. «Mes économies s'amenuisaient et il fallait continuer à payer le personnel. En plus, je n'avais pas droit aux aides covid en Belgique comme je suis résident luxembourgeois». L'homme a dû faire face ensuite à une nouvelle déconvenue: les inondations dévastatrices de juillet 2021. La commune de La Roche-en-Ardenne, là où se trouvait le troisième restaurant de Nizar, faisait partie des communes les plus touchées. «Toute la ville était désertée, j'ai donc dû me résoudre à remettre le restaurant.»
Mais la malchance poursuit l'ancien banquier, qui doit faire face à une immense crise de personnel, le forçant à nouveau à mettre la clé sous la porte d'un de ses restaurants, celui de Neufchâteau cette fois. Reste l'établissement originel, le Niz Art Piazza à Perlé.
Mais là encore, les déconvenues s'enchaînent à une vitesse folle. Nous sommes alors à la fin de la pandémie et au début du conflit en Ukraine. «Les charges ont commencé à augmenter, de même que le prix du gaz et de l'électricité». Sans oublier le prix des matières premières. «La clientèle a commencé à dépenser beaucoup moins. Pour vous donner un exemple, le prix du paquet de 100 cartons de pizzas est passé de 14€ à 32€ HTVA. La mozzarella, je la payais 3,74€ le kilo. Le prix est ensuite passé à 8,70€. C'est tout simplement énorme et de mon côté, il m'était impossible de doubler le prix de mes pizzas», confesse-t-il.
Une facture de 95.000€ à régler
Ce dernier accuse des retards de paiement et a toutes les peines du monde à joindre les deux bouts. Sans compter plusieurs galères personnelles et un accident impliquant une opération du tendon d'Achille. Vient enfin le coup de grâce, en septembre dernier. «Ce jour-là, je reçois une facture de la CNS d'environ 95.000€. J'ai d'abord cru à une blague puis à une erreur. Mais non, il s'agissait de toutes les charges qui avaient été reportées durant la crise sanitaire. J'ai bien tenté de négocier un plan de paiement mais je me suis bien vite rendu compte que cela serait impossible, même pas en faisant un prêt.»
La mort dans l'âme, Nizar est contraint de se déclarer en faillite et de laisser tomber son bébé. «Cela m'a fait énormément de mal mais à un moment donné, il faut pouvoir faire des choix. La fierté est une chose mais d'un autre côté, on n’a toujours aucune idée de quand cette crise va s'arrêter».
Néanmoins, grâce à une force de résilience rare, l'homme parviendra à se relever. «Un peu par hasard, j'ai rencontré Steven Zeeuw van der Laan, le propriétaire de l'hôtel Van Der Valk à Arlon, qui est devenu un ami. Il m'a demandé si je serais intéressé pour une collaboration avec son hôtel. Comme je ne faisais rien à l'époque, j'ai directement sauté sur l'occasion».
C'est ainsi que depuis le 16 mars dernier, Nizar enfile à nouveau son tablier de champion du monde pour cuisiner au sein de l'hôtel arlonais, situé à deux pas de la frontière luxembourgeoise. «Je suis aux fourneaux du jeudi au samedi, de 19h à 22h. On peut y retrouver plusieurs pizzas qui étaient disponibles sur la carte du restaurant à Perlé. De mon côté, c'est super épanouissant car je peux juste me concentrer sur mon savoir-faire et plus sur l'administratif.»
Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, le Niz Art Piazza, à Perlé, devrait également rouvrir début avril. «Ce seront de nouveaux gestionnaires mais comme pour le Van Der Valk, je passerai de temps à autre pour cuisiner». Bref, le pizzaiolo semble enfin entrevoir l'éclaircie tant attendue. «Je commence à remonter la pente. Il y a également le restaurant Carpe Diem à Mertzig qui serait intéressé par une collaboration. Je vais aussi travailler au sein de l'Association Luxembourg Alzheimer à Erpeldange-sur-Sûre pour donner un coup de main dans les cuisines de l'hôpital. Les projets s'enchaînent et cela me motive énormément. Malgré toutes mes galères, je reste très positif.»
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