La recherche sur le VIH avance à grands pas
La recherche sur le VIH avance à grands pas
Ils et elles ont été 50 en 2021. 50 personnes à être infectées par le VIH l'an passé au Luxembourg. Au total, près de 1.200 résidents vivent avec le virus dans le pays. Ce n'est pas une fatalité. Il est aujourd'hui possible de vivre avec le VIH, et même de ne plus le transmettre.
Mais avant la thérapie, il existe la prévention : le préservatif bien sûr, le test de dépistage aussi. Ou encore la PrEP, pour prophylaxie pré-exposition : un traitement qui consiste à prendre un médicament afin d'éviter une contamination. Il existe depuis 2016. «Au Luxembourg, la PrEP est disponible sous prescription médicale par un médecin infectiologue du service national des maladies infectieuses et est remboursée par la Caisse nationale de santé (CNS)», rappelle le ministère de la Santé.
Insister sur la PrEP
Aujourd'hui, la PrEP prend la forme d'une pilule orale quotidienne. «Elle est très efficace, discrète et permet aux utilisateurs de commencer et de terminer le traitement rapidement, soit tous les jours, soit en demande lorsque la date de prise de risque est planifiée», décrit la Dr Carole Devaux, qui complète son propos d'une donnée chiffrée globale. «Aujourd'hui, 1,3 million de personnes bénéficient de cette forme de prévention biomédicale dans le monde, mais c'est bien peu par rapport aux 3 millions de personnes que l'ONUSIDA (programme commun des Nations Unies sur le VIH et le Sida, NDLR) espérait d'ici 2020.»
Prendre une pilule par jour, c'est compliqué sur le long terme et c'est aussi un peu stigmatisant.
Dr Carole Devaux
Néanmoins, le travail et la recherche sur cette méthode de prévention se poursuivent, et les résultats sont plutôt encourageants. «Prendre une pilule par jour, c'est compliqué sur le long terme et c'est aussi un peu stigmatisant, surtout chez les jeunes, concède la Dr Devaux. L'idée est donc de le faire par injection, ou alors avec des comprimés qui ne se prennent qu'une fois par mois. L'idée est aussi de cibler les pays qui sont les plus touchés.» En Afrique par exemple.
L'appel aux médecins généralistes
Un autre objectif est aussi que le chemin jusqu'à la PrEP soit plus aisé. «Londres est un superbe exemple: vous avez des endroits où vous pouvez vous faire tester et recevoir la PrEP anonymement, dans des sortes de cliniques pour la santé sexuelle qui ressemblent, de l'extérieur, à des lieux culturels ou des bureaux. La prise est beaucoup plus facile, par exemple, qu'au Luxembourg, où il faut se rendre au CHL. Mais nous travaillons sur plusieurs projets pour que ça soit justement plus accessible.»
Pour ceux qui ne souhaitent pas forcément se rendre à l’hôpital, nous avons le projet de proposer des consultations à l'extérieur, gratuites.
Dr Carole Devaux
Parmi les pistes étudiées, il y a le recours aux médecins généralistes. Mais il s’agit d'abord de dénicher des volontaires, chose pas forcément évidente. «Ils doivent pouvoir faire le test VHI, annoncer le résultat au patient, effectuer le suivi d'une personne positive.» Ce qui nécessite motivation et formation. Autre solution envisagée au Grand-Duché, à destination des jeunes notamment : «Pour ceux qui ne souhaitent pas forcément se rendre à l'hôpital, nous avons le projet de proposer des consultations à l'extérieur, gratuites.»
En conjuguant les progrès de la recherche médicale et une meilleure accessibilité à la PrEP, la Dr Devaux en est persuadée : «A l'avenir, ce sera beaucoup plus simple et cela aidera à diminuer le nombre d'infections.» Au Luxembourg et ailleurs dans le monde.
Evolutions positives des thérapies
Parallèlement à ce volet prévention, il y a évidemment un autre enjeu d'importance : soigner les personnes infectées. Là aussi, les évolutions sont positives. Comme pour la PrEP, l'idée est d'arriver à des thérapies «à partir d'injections, parce que prendre un médicament tous les jours conduit à une fatigue qui fait que vous n'êtes pas forcément adhérent.»
Grâce à des antiviraux très efficaces, l'ambition est aussi de passer d'une bithérapie, ce qui se fait actuellement, à une monothérapie, grâce à de «nouveaux médicaments avec très peu d'effets secondaires. Evidemment, il faut tout évaluer, on est seulement au début des études cliniques. Mais, on avance à grands pas.»
Le VIH échappe toujours à ses anticorps neutralisants au bout d'un moment.
Dr Carole Devaux
Et le vaccin dans tout ça ? Il n'y en a toujours pas, et il paraît même compliqué, pour l'heure, d'arriver à un vaccin qui permette de guérir du VIH. Et pour couper court à une actualité et une comparaison récente, la Dr Devaux pose le cadre. «Le VIH n'est pas du tout le même virus que le SARS-Cov2 (le virus du covid-19, NDLR). Le VIH est beaucoup plus variable et le problème, c'est l'antigène. Un vaccin doit stimuler des anticorps neutralisants. Mais le VIH échappe toujours à ses anticorps neutralisants au bout d'un moment. Et le problème, c'est que s'il échappe aux traitements, il va se cacher dans les cellules, crée des réservoirs et donc forcément, dès qu'on arrête le traitement, il est toujours là et il repart. C'est le vrai problème de ce virus.»
Un investissement massif est nécessaire
Plutôt qu'un vaccin pour guérir définitivement, les chercheurs se focalisent donc sur «un vaccin thérapeutique pour repousser la réponse immune.» Actuellement, à travers le monde, les scientifiques spécialistes du VIH s'attellent ainsi à trouver la bonne formule de ce vaccin thérapeutique.
Beaucoup de choses ont été réalisées. Mais jamais un investissement massif à toutes les étapes pour pouvoir aller vers un développement d'un vaccin.
Dr Carole Devaux
Reste que la lutte contre le covid-19, et les moyens considérables qui l'ont accompagnée, peut aussi avoir fait apparaître une sorte de petite frustration chez celles et ceux qui mènent la bataille contre le VIH depuis des décennies. «Beaucoup de choses ont été réalisées. Mais jamais un investissement massif à toutes les étapes pour pouvoir aller vers un développement d'un vaccin» qui permettrait «que les gens se sentent libérés du virus. Car le problème est, même s'ils en arrivent à ne plus transmettre le VIH, ils l'ont toujours en eux: ils ont des effets secondaires, sont fatigués, ont plus de maladies associées. Donc il faudrait vraiment qu'on trouve les moyens de faire ce vaccin.»
Tout cela fait dire au Dr Devaux, en guise de conclusion : « Ce que nous avons appris avec le covid-19, c’est qu'une attention et une concentration incroyables sur le sujet, couplés à des investissements massifs sont la voie du succès. » A bon entendeur...
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