La production de masques peine à prendre
La production de masques peine à prendre
Que les fournisseurs asiatiques ne se fassent pas trop de souci: ils ont encore de beaux jours devant eux dans la distribution de masques anti-covid. L'épidémie ne semble pas vouloir s'éteindre et l'offre locale en protections buccales tarde à s'organiser. De quoi désoler celles et ceux qui, depuis le printemps dernier à la direction des Classes moyennes, incitent le tissu industriel à se lancer dans la production de masques. «Une résilience utile maintenant, mais aussi pour d'autres crises sanitaires», assure-t-on du côté du ministère dirigé par Lex Delles (DP).
A la main tendue par le gouvernement pour aider les sociétés osant réorienter tout ou partie de leur outil vers cette production, seules une douzaine de compagnies luxembourgeoises ont fait part d'un intérêt. Mais au final, seuls deux dossiers ont été retenus et 210.000 euros de soutiens publics attribués au total.
Nico Peters fait partie du «duo gagnant». Avec la somme attribuée, sa firme Peters Sports a pu s'acheter une nouvelle machine pour fournir plus vite et en plus grande quantité des «buff», ces tours de cou qui - à défaut de masques labellisés- constituent déjà une barrière dans la circulation du virus.
Mais le bénéficiaire le plus important est à chercher du côté de la Fondation des Hôpitaux Robert-Schuman. Et plus particulièrement la société dont elle est l'unique actionnaire : Santé Services SA, «entreprise de prestations de services dans le domaine de la santé». Le projet de cette dernière a reçu, à lui seul, 200.000 euros d'aides.
A plus petite échelle, Nico Peters reconnait volontiers que le soutien ministériel a été le bienvenu. «A un moment, tout le pays recherchait des masques et moi j'avais ce produit, le Neck, qui pouvait bien servir». La preuve, en un semestre, il a dû produire quelque 30.000 pièces de son produit phare. Un tour de cou en microfibre, au tissu indéformable et existant déjà en deux tailles (enfant, adulte). Avec la subvention, l'entrepreneur a pu doter son atelier d'une presse augmentant sa capacité de production.
«Franchement, j'aurais préféré qu'il n'y ait pas ce virus, sourit l'ancien kayakiste désormais reconverti dans la vente d'articles de sport. Mais quand il s'est agi de réfléchir à comment faire fonctionner mon entreprise, j'ai eu cette idée de développer cet accessoire. Et ça a marché!» Une adaptation aux exigences du marché saluée par une visite du Premier ministre dans les locaux de l'entreprise en fin de semaine dernière.
Des firmes comme les CFL, la Chambre de commerce ou les communes d'Hesperange, Esch ou Rosport sont notamment passées par Peters Sports pour s'équiper en protections buccales pour leurs employés. «Mais l'essentiel, en tant que chef d'entreprise, c'était bien de pouvoir trouver une mission à mes employés sans trop avoir recours au chômage partiel.»
Mieux encore, l'homme a adapté son produit. Y ajoutant, par exemple, une barrette métallique afin de pincer le nez et offrir une meilleure étanchéité encore au dispositif. Il y a aussi cette version «spécial enfants» qui propose non seulement le bout de tissu mais aussi les feutres de couleurs qui leur permettront de personnaliser l'objet à leur goût.
«Il faut se montrer inventif car, à mon avis, nous n'avons pas fini de vivre avec ce virus», commente le patron en regardant la palette de neck déjà réalisés. «Mais que l'on ne s'y trompe pas : cette production ne compense pas la perte d'activité des autres secteurs de notre commerce», assure Nico Peters.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
