La privatisation de l'école publique au cœur du débat
La privatisation de l'école publique au cœur du débat
(ASdN avec Michèle Gantenbein) - La privatisation de l'école publique ? Ana Pinto, auteur de la pétition 1717, n'en veut pas et elle n'est pas la seule. La pétition a ainsi récolté pas moins de 4.900 signatures ouvrant ainsi le débat à la Chambre des députés. Ce mercredi, les députés ont donc échangé sur le sujet, une première. Mais c'est aussi le tout premier débat public sur lequel s'est exprimé Claude Meisch (DP), ministre de l'Education.
La question centrale du débat : faut-il confier la gestion des écoles publiques à des représentants du secteur privé ? Sur le sujet, les députés sont tombés d'accord. Selon eux, les écoles ne peuvent fonctionner de manière isolée du monde professionnel. Des liens et une collaboration restent nécessaires. Pour autant, «cela ne signifie pas que vous devez adopter la logique du secteur privé dans les écoles», prévient David Wagner (déi Lénk), mettant en garde contre les dérive d'une privatisation.
Comprendre les soucis de recrutement
De son côté, Djuna Bernard (déi Gréng) s'est interrogée sur les compétences que les pétitionnaires estiment nécessaires pour être directeur d'école. La députée des Verts a également soulevé la question du recrutement.
Pour Nicolas Sizaret, auteur d'un livre sur la privatisation de l'enseignement public, si le problème réside dans le fait de trouver des enseignants motivés pour diriger une école, il serait alors nécessaire d'examiner «plus en profondeur» les raisons et de fournir des incitations ciblées, a-t-il avancé. Selon lui, ce problème de recrutement n'est pas l'apanage du Luxembourg. L'an dernier, face au manque de professeurs de mathématiques, la France a ainsi dû baisser la moyenne requise à l'examen à 6/20.
De son côté, Philippe Kirsch, ingénieur de formation, estime que la compétence la plus importante d'un directeur d'école doit être l'empathie. «Les élèves sont des êtres humains, pas des robots», a-t-il prévenu face aux députés. Les compétences en matière de tâches administratives, organisationnelles ou techniques viendraient alors en second lieu.
Mais pour Marc Hansen (Déi Gréng), le mouton à cinq pattes n'existe pas. Pour le député, la mise en place d'un «conseil de direction» permettrait de répartir l'ensemble des compétences requises entre plusieurs personnes. Mais pour Francine Closener (LSAP), un directeur doit pouvoir acquérir des compétences dans différents domaines tels que la budgétisation ou la gestion du personnel «s'il ne les possède pas déjà».
Face aux préoccupations d'une privation rampante du système éducatif public, le ministre de l'Education Claude Meisch (DP) a en outre voulu se montrer rassurant. Pour preuve, les trois institutions - Script, IFEN et CGIE - ont par exemple vu leurs effectifs augmenter ces dernières années afin de soutenir le développement scolaire des écoles publiques.
«De nombreuses tâches qui étaient auparavant externalisées sont maintenant effectuées en interne», a-t-il ainsi précisé. «L'ECG (Ecole de Commerce et de Gestion) devrait également être reprise par l'Etat», a-t-il ajouté, ainsi que de nombreuses associations, comme l'Agence nationale pour l'information des jeunes (ANIJ) ou les agents de l'association Infopla. Selon lui, «ces associations ont des tâches qui devraient être prises en charge par l'État lui-même».
Concernant Pearson - un prestataire d'enseignement privé dont les programmes sont achetés par l'État et offerts au Lycée technique Michel Lucius - le ministre a annoncé la fin de la collaboration. Le gouvernement a ainsi progressivement mis fin au contrat au cours des quatre dernières années. Désormais, il travaille avec une organisation à but non lucratif de Cambridge qui offre les mêmes programmes.
Pour rappel, Claude Meisch a signé un accord mardi avec le CGFP. Dans ce dernier, le ministère de l’Éducation nationale et le syndicat tirent un trait à l'idée d'ouvrir les fonctions dirigeantes dans les lycées et d’autres institutions de la fonction publique à des acteurs venus du privé.
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