La précarité énergétique en forte hausse pour 2022
La précarité énergétique en forte hausse pour 2022
La cohésion sociale est sous pression au Luxembourg, mise à mal par la crise sanitaire d'abord puis par la crise qui découle de la guerre en Ukraine. C'est le constat sans appel que dresse le Statec, dans son nouveau rapport travail et cohésion sociale, trois jours avant la journée internationale pour l'élimination de la pauvreté du 17 octobre. Lors de la présentation de celui-ci, les auteurs ont mis en évidence 10 chiffres clefs qui ressortent de l'étude.
Une population multipliée par 4
Au Luxembourg, la croissance démographique élevée s'est maintenue, même durant la crise sanitaire. Celle-ci est due principalement aux immigrations internationales, majoritairement en provenance de l’UE. Depuis le début de l’année, de plus en plus de ressortissants ukrainiens trouvent aussi refuge au Luxembourg. Leur nombre a d'ailleurs été multiplié par 4. A la mi-juin, ce nombre atteignait près de 4.500 résidents.
Un autre fait saillant au niveau de la démographie est le fait que les Luxembourgeois sont de plus en plus nombreux à quitter le pays. Ils s’installent principalement dans un des trois pays voisins que sont la France, l'Allemagne et la Belgique.
Un taux de chômage à 5,3%
En 2021, l'emploi salarié s'est bien remis de la crise sanitaire, constate le Statec. Surtout pour les frontaliers, qui sont de plus en plus nombreux à franchir la frontière chaque jour pour venir travailler au Luxembourg. Les perspectives d'emploi sont cependant moins favorables pour 2022. Alors que certains secteurs tirent leur épingle du jeu en ces temps de crise, comme les services aux entreprises et les services publics, d'autres tirent la langue. L’industrie et les activités du commerce, du transport, de l'hébergement et de la restauration sont touchés de plein fouet par la crise actuelle.
«Sur le front du chômage, on note une certaine accalmie en 2021 après une année marquée par la crise sanitaire», ajoute le Statec. Avec 5,3%, le taux de chômage est en recul au Luxembourg et reste en dessous de la moyenne européenne qui atteint 7 %. Le Luxembourg améliore même sa performance au niveau européen en grignotant six places par rapport au classement de 2020 pour terminer à la 9e place.
Le marché du travail ces derniers mois au Grand-Duché est cependant marqué par un nombre record de postes vacants et ce, pour quasi tous les secteurs. «Ceci prouve les difficultés croissantes que les entreprises rencontrent pour recruter et témoigne aussi d’une certaine inadéquation de l’offre à la demande», souligne l'Institut national de la statistique.
34 % des actifs ont fait du télétravail
Le télétravail s'est généralisé à grande échelle lors des confinements liés au covid-19. Il représente maintenant une nouvelle réalité sur le marché du travail. «Au 2e trimestre 2022, 34% des actifs ont effectué du télétravail», rapporte le Statec. Si le niveau est encore élevé, il n'atteint cependant plus les sommets du 2e trimestre 2020, où 52% des travailleurs faisaient du home office. Au niveau européen, le Luxembourg est aux premiers rangs du travail à domicile, après les Pays-Bas et avant la Suisse et la Finlande.
C'est surtout dans les secteurs de l'administration publique et des activités financières et d’assurance que l'envolée du télétravail a été la plus significative. Les cols blancs qualifiés ont en effet travaillé encore plus à distance qu'ils ne le faisaient déjà auparavant.
0% d'écart salarial
L’égalité salariale entre hommes et femmes est en moyenne atteinte au Luxembourg, d’après le «Gender Pay Gap». Le salaire médian des femmes dépasse même celui des hommes. Mais des écarts importants subsistent dans certaines branches d’activité et les femmes ont toujours plus recours au temps partiel que les hommes, ce qui impacte leurs revenus.
15 % se sentent discriminés
Les contacts et les rapports avec les clients et les collègues ne sont pas toujours simples. Ainsi, 15% des employés au Luxembourg, soit un peu moins d'une personne sur 7, se sentent discriminés au travail. Cette part atteint même 24% dans l'horeca.
En ce qui concerne les immigrés, un tiers d'entre eux exercent un travail plus exigeant au Luxembourg qu’avant leur migration. «7 immigrés sur 10 n'ont pas rencontré d'obstacles pour obtenir un emploi adéquat à leur niveau d’étude», relate le rapport du Statec. Et seuls 6% des immigrés ont très peu de connaissances des langues du pays.
36 % du budget aux dépenses imposées
La flambée des prix que nous connaissons actuellement affecte différemment les ménages. Les plus pénalisés sont ceux qui ont le niveau de vie le moins aisé. Pour ces ménages, il est encore plus difficile de faire face à certaines dépenses, notamment celles qui concernent l'énergie et les produits alimentaires, qui ont connu une forte augmentation depuis 2021.
D'autant plus que toute une série de dépenses-les dépenses pré-engagées- s'imposent à tous les foyers. En 2021, ces dépenses représentaient en moyenne 36% du budget total des ménages. Mais pour les 10% des ménages les moins aisés financièrement, celles-ci représentent près de la moitié du revenu disponible.
En 2021, le revenu disponible moyen réel par mois et par ménage s’élevait à 4.185 euros, alors que le revenu disponible moyen dépassait 6.000 euros par ménage.
Un taux de pauvreté à 19,2 %
Le seuil de pauvreté au Luxembourg (60% du niveau de vie médian) s’élève à 2.177 euros par mois et par adulte. L'an dernier, 115.980 personnes (19,2% de la population) vivaient en dessous de ce seuil. Le taux de risque de pauvreté tombe à 7,3% si on tient compte de la fortune et de la consommation, à côté du revenu disponible.
La précarité énergétique est en forte augmentation pour cette année. Le Statec estime que 3,2% des ménages résidant au Luxembourg pourraient tomber dans la précarité énergétique en 2022, si l'on ne tient pas compte des récentes mesures gouvernementales destinées à freiner l'ascension galopante des prix de l'énergie.
46 %, la proportion du revenu consacré aux prestations sociales
Le système socio-fiscal luxembourgeois est bien distributif, constate le Statec : «les ménages les moins aisés bénéficient plus des prestations sociales qu’ils ne contribuent par leurs prélèvements obligatoires». Les prestations représentent 46% du revenu brut des 10% des ménages les moins aisés, contre seulement 11% de celui des ménages les plus aisés.
Jusqu'à 744 euros par mois par enfant
La présence d’enfants dans un ménage influence en grande partie la capacité des ménages à joindre les deux bouts à la fin du mois. Depuis quelques années, le Statec calcule des budgets minimums nécessaires afin de vivre une vie décente au Luxembourg. Concernant les enfants, le budget augmente graduellement suivant l'âge. Ce dernier varie de 332 euros à 744 euros par mois pour un adolescent.
Un budget minimum de 3.608 euros
Le budget minimum pour vivre décemment au Luxembourg pour un couple avec un enfant âgé entre 0 et 6 ans est de 3.608 euros par mois. Celui d’un couple avec trois enfants est fixé à 5.186 euros.
«Les allocations directes couvrent 100% des besoins minimums pendant la petite enfance», souligne le Statec. Pour les 8-14 ans, elles couvrent presque ¾ du budget, mais cela retombe à 46% pour les adolescents.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
