La population active vieillit, malgré l'apport des frontaliers
La population active vieillit, malgré l'apport des frontaliers
Le LISER publie ce lundi ses derniers chiffres en matière d'emploi au Luxembourg à travers trois indicateurs: il analyse notamment les interactions entre les résidents luxembourgeois, les résidents étrangers et les travailleurs frontaliers.
Trois constatations:
- Même si le pourcentage de femmes salariées augmente (40% en 2018), le nombre d’hommes reste prédominant avec 149 hommes pour 100 femmes.
- En 24 ans, le rapport entre les jeunes travailleurs (15-34 ans) et les travailleurs âgés (50 ans et plus) a fortement chuté. On note ainsi une baisse du nombre de jeunes travailleurs, avec en parallèle une augmentation de la part des travailleurs âgés.
- Enfin, contrairement à l’évolution décroissante de la part des résidents luxembourgeois dans l’emploi salarié, la part des résidents étrangers tend à rester quasiment stable entre 1994 et 2018. Le pourcentage de frontaliers n’a, quant à lui, cessé de croître les dix premières années pour adopter ensuite une tendance dénotant une certaine stabilisation du phénomène (26% en 1994 contre 46% en 2018).
L'afflux frontalier comme booster
Au cours de ces dernières décennies, l’emploi salarié a presque doublé au Luxembourg, profitant aussi à de nombreux travailleurs frontaliers venus de France, d’Allemagne et de Belgique.
L’emploi salarié intérieur a plus que doublé depuis 1994, passant d’environ 190.000 à plus de 420.000 salariés.
En effet, alors que les frontaliers représentaient 26% de l’emploi salarié intérieur au 31 mars 1994, leur part s’élève à 46%, 24 ans plus tard. Entre 1994 et 2003, le nombre de frontaliers présents a plus que doublé, puis entre 2003 et 2007, il a progressé de 26%, pour ralentir à 8% entre 2007 et 2008.
Ce n’est qu’après 2008, durant la crise économique mondiale, que son augmentation s’est stabilisée entre 1 et 3% par an.
Des salariés plus vieux
Dans la plupart des pays européens, la population nationale, c’est-à-dire l’ensemble des résidents, constitue le principal vivier de main-d’œuvre salariée. Le vieillissement démographique de la population nationale se retranscrit dès lors directement dans la population active occupée.
Le Luxembourg apparaît dans ce contexte comme un cas particulier car le vieillissement de sa population active dépend également de celui des frontaliers (46% en 2018) et des résidents étrangers (27% en 2018).
Dans ce contexte, le Grand-Duché a pu bénéficier d’un répit en termes de vieillissement de sa population active jusqu’au milieu des années 2000, notamment grâce à l’arrivée d’une main-d’œuvre frontalière et étrangère plus jeune en moyenne que la main-d’œuvre luxembourgeoise.
Néanmoins, cette dynamique particulière du Grand-Duché s’est essoufflée au cours du temps et le répit semble consommé note le LISER.
Dès 2003, les frontaliers et les résidents étrangers ont en effet vieilli à un rythme plus soutenu que les salariés résidents luxembourgeois. Sur l’ensemble de la période 1994-2018, l’âge moyen des salariés résidents luxembourgeois a progressé de 3,6 ans (41 ans en 2018) contre 6,2 ans pour les salariés résidents étrangers (41ans) et 7,1 ans pour les frontaliers (41 ans).
L’augmentation plus importante, pour les frontaliers et résidents étrangers, de l’âge moyen et de la part des seniors couplée à une baisse plus importante de la part des jeunes salariés témoignent entre autres, de ce rattrapage.
Un enjeu national et européen
Le maintien des travailleurs âgés en activité est un enjeu national et européen. Le LISER note que l’évolution de la distribution par âge de la main-d’œuvre salariée illustre le risque d’un renouvellement seulement partiel des anciennes générations par les jeunes générations.
Certains secteurs, voire certaines entreprises, sont d’ailleurs déjà plus touchés que d'autres par le vieillissement de leur main-d’œuvre. C’est pourquoi le vieillissement actif reste un enjeu tant au niveau national (projet de loi sur le plan de gestion des âges) qu’au niveau européen (Stratégie de Lisbonne et EU2020) et pour tous les acteurs pouvant jouer un rôle (les salariés, les entreprises et les politiques).
