La Place en télétravail jusqu'au 25 mai «au moins»
La Place en télétravail jusqu'au 25 mai «au moins»
Si la première phase du déconfinement progressif annoncée par le Premier ministre a démarré en douceur lundi, la troisième et dernière phase du plan doit entrer en vigueur le 25 mai prochain. Une date qui doit voir non seulement le retour sur les bancs de l'école des quelque 50.000 enfants inscrits au fondamental, mais aussi un retour probable à la normale pour le secteur financier.
Dans un communiqué publié en fin de semaine dernière, la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) demande «à toutes les institutions financières (...) de continuer à privilégier le travail à domicile» jusqu'à la fin du mois de mai. Ce qui porterait à pas moins de dix semaines la période de confinement pour les quelque 47.500 salariés des établissements de crédit, des fonds d'investissement et autres sociétés de gestion. Un calendrier que le gendarme de la Place financière réexaminera «après le 11 mai», une fois la réévaluation de la situation par le gouvernement effectuée.
Cette annonce impacte des milliers de personnes puisque le nombre de personnes en télétravail dans le secteur financier serait compris «entre 70 et 75% depuis le début de la crise», estime Véronique Eischen, membre du bureau exécutif de l'OGBL en charge du secteur financier. Pour la responsable syndicale, la pratique concerne «surtout les frontaliers pour lesquels se rendre au Luxembourg par la route est un calvaire».
Mais si cette dernière considère le télétravail comme «un outil positif», elle ne peut s'empêcher de noter que son utilisation sur une telle durée «est nouvelle» au Grand-Duché. Raison pour laquelle «il faut être très vigilant» sur la suite à donner. En ligne de mire, «le respect du bien-être et de la santé des salariés» au cours d'une période inédite. Tant par sa durée que par son intensité. Une analyse que Véronique Eischen souhaite intégrer dans les futures négociations de la convention collective, qui doivent débuter à la fin de l'année.
Même interrogation du côté de Laurent Mertz, secrétaire général de l'Aleba, principal syndicat du secteur financier. Si ce dernier «ne se focalise pas sur la date» de la fin du confinement dans le secteur, il souhaite la mise en place «de plans de retour qui ne se font surtout pas dans l'urgence». Car, estime-t-il, «le deuxième ennemi après le coronavirus, c'est la précipitation».
Aux yeux de l'Aleba, le bilan de la situation est clair: «Le travail est fait et le télétravail n'est pas synonyme de vacances». Il faut donc «continuer à le privilégier» d'autant qu'à l'heure actuelle rien ne presse puisque «la clientèle ne peut pas voyager». Pour Laurent Mertz, les semaines à venir devraient donc être utilisées par les directions des établissements financiers pour répondre aux interrogations encore ouvertes sur l'organisation du travail au moment du déconfinement. Référence au port du masque «dans une entreprise où travaillent plus d'une centaine de personnes qui peuvent garder une distance de deux mètres » ou les consignes à adopter «dans les cantines».
Pour sa part l'Association des banques et banquiers (ABBL) ne lit pas le retour potentiel des salariés dans les entreprises le 25 mai comme une bonne nouvelle, elle préfère y voir «la contribution du secteur pour le bien-être de tout le monde». A l'ABBL, 100% des salariés sont en télétravail dans un secteur où la nature même du travail réalisé permet aisément de travailler à distance.
«Excepté si vous êtes au contact de la clientèle dans une agence, vous pouvez très bien travailler de chez vous. Ça fonctionne très bien», argumente Judith Gledhill, porte-parole de l'organisation patronale. Comme l'Aleba, l'ABBL a plutôt bien accueilli la décision de la CSSF: «Nous voulons simplement que ça aille dans le bon sens et que nous ne nous retrouvions pas dans la même situation dans deux mois parce que nous étions pressés de reprendre».
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