La pandémie condamne le Luxembourg au ralenti
La pandémie condamne le Luxembourg au ralenti
(DH) - Avec 77 cas officiellement recensés et un décès liés au coronavirus, des établissements d'enseignement fermés au moins jusqu'au 29 mars et de «sévères limitations» dans les possibilités de sortie avec la fermeture des restaurants, cafés et autres musées, le Luxembourg se barricade. Objectif: «prévenir la propagation du virus», selon Xavier Bettel, quitte à transformer le pays en camp retranché.
Ce lundi, c'est bien plus qu'un quart de la population résidente qui se retrouve directement impactée par les diverses décisions annoncées pour maintenir ce cordon sanitaire. Charge à eux de jongler entre droit au congé pour raisons familiales, système D et télétravail. Comme en Belgique, en France ou en Allemagne, les résidents se retrouvent face à une situation quasi inédite où tout va tourner au ralenti.
Si les administrations vont assurer un service minimum - sur rendez-vous -, et alors que l'industrie souffre d'un manque d'approvisionnement, les entreprises, notamment les PME, sont frappées de plein fouet. Le secteur de l'hôtellerie, de la restauration et de l'événementiel pâtit déjà d'une perte de clientèle. L'interdiction des manifestations en milieu confiné rassemblant plus de 100 personnes augurait des lendemains difficiles, mais, depuis dimanche, la fermeture des restaurants - la vente à emporter n'est pas concernée - et cafés les oblige à avoir recours au chômage partiel. Tout comme les autres commerces qui n'ont pas trait à l'alimentaire.
Jeudi déjà, Franz Fayot (LSAP), le ministre de l'Economie, avait énoncé tout un panel des dispositions pour venir en aide aux entreprises, dont le chômage partiel. Une mesure qui permet une prise en charge pouvant aller jusqu'à 80% des salaires via le Fonds de l'emploi et qui connaît une recrudescence ces derniers jours.
Rien que la semaine dernière et les premières annonces de durcissement des mesures sanitaires, près d'une centaine d'entreprises ont introduit une demande, selon les données transmises par le ministère de l'Economie. Vendredi, «40 demandes réelles avaient déjà été introduites portant sur 2.800 salariés», précise un porte-parole de Franz Fayot. Dans l'urgence, un comité de conjoncture extraordinaire siégera mercredi pour examiner ces demandes.
Dans le même ordre d'idées, la Chambre de commerce entend mettre son influence et ses compétences au service des sociétés en souffrance, via des garanties de prêt aux entreprises fragilisées. Un geste globalement apprécié par les représentants patronaux, même si ces derniers revendiquent davantage, comme la suspension des paiements de TVA, de sécurité sociale et des impôts pour le mois de mars.
«Nous attendons des actions qui auront un effet immédiat et qui ne coûteront pas cher à l'Etat», concède Nicolas Henckes, président de la Confédération luxembourgeoise du commerce. Mêmes doléances pour Nicolas Buck, président de l'Union des entreprises luxembourgeoises, qui n'hésite pas à juger cette demande comme «essentielle» pour la poursuite de l'activité économique du pays.
Pour compléter ce tableau d'ensemble plus que morose, plusieurs villes du pays, comme la capitale, ont annoncé des mesures drastiques alors que le monde de la culture et du sport sont condamnés à l'arrêt. Après les scènes hallucinantes dans les supermarchés, vendredi, et les files d'attente aux pompes à essence, le week-end dernier, le Premier ministre a tenu à rassurer en indiquant, dimanche, qu'il n'y avait «pas de problème de distribution». À noter enfin que le Luxembourg n'entend pas instaurer de contrôle aux frontières, afin de permettre aux frontaliers de se rendre à leur travail. Et donc de permettre au pays d'assurer un fonctionnement. Mais a minima.
