La nouvelle aide à la presse sème la zizanie
La nouvelle aide à la presse sème la zizanie
(Jmh avec Annette Welsch) - Adoptée en Conseil de gouvernement en juillet 2020, la nouvelle loi sur la presse sera votée ce jeudi à la Chambre. Un texte attendu depuis longtemps par la profession et qui doit aboutir à une transformation profonde du financement étatique puisque le texte prévoit de mettre sur un pied d'égalité journaux imprimés et médias en ligne. Que ces derniers soient gratuits ou payants, avec une publication quotidienne ou mensuelle, qu'ils soient réalisés par de jeunes éditeurs ou des «médias citoyens».
Un dispositif qui se veut «neutre sur le plan technologique» qui entend donc apporter une aide proportionnelle non plus au nombre de pages imprimées, mais bel et bien au nombre de journalistes professionnels employés. Objectif affiché par le gouvernement: renforcer la qualité des médias et adapter leur cadre aux nouvelles habitudes de consommation des lecteurs. Sauf que la réalité semble présenter un visage différent, à en croire l'association luxembourgeoise des journalistes professionnels (ALJP) qui pointe du doigt plusieurs lacunes.
Notamment l'absence de référence, dans le texte, d'un accès facilité à l'information et particulièrement l'obligation pour les administrations publiques de fournir des informations pour les journalistes détenteurs de la carte de presse. Une promesse pourtant faite et répétée à plusieurs reprises par Xavier Bettel (DP), ministre des Médias. Mais le principal reproche tient dans le montant de l'aide prévu pour chaque journaliste, passé de 55.000 euros dans le projet de loi initial à 30.000 euros.
«Il existe un risque que cela soit désormais considéré comme le salaire de référence pour les journalistes professionnels», craint Roger Infalt, président de l'ALJP, qui s'interroge sur les effets pervers de cette mesure qui «pourrait pousser les éditeurs à se demander pourquoi ils devraient payer plus». Une logique qui serait contre-productive, dans un métier soumis à une forte rotation des personnels, en raison notamment de la charge de travail élevée, des horaires extensibles et d'un niveau de rémunération sans commune mesure avec ce qui existe sur la Place ou dans la fonction publique.
«Beaucoup de jeunes collègues quittent le navire dès qu'une bonne opportunité se présente à eux», constate Roger Infalt qui observe également que le phénomène touche aussi de plus en plus de journalistes expérimentés, de plus en plus en désamour avec un métier en pleine mutation. Malgré ces évolutions et les réticences émises par les représentants du secteur, la nouvelle loi a été réalisée sous la pression des futurs bénéficiaires, désireux d'obtenir de nouvelles sources de financement pour leur développement. Face à cette situation, le CSV a déposé deux nouveaux amendements prévoyant d'augmenter à 45.000 euros par an l'aide pour les médias employant cinq journalistes puis 30.000 euros à partir du sixième. Des amendements qui ont été rejetés.
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