La note de la Santé qui repoussait tout allègement
La note de la Santé qui repoussait tout allègement
«Le contexte général et international ne permet certainement pas d’entrevoir d'allègement des mesures.» Telle est la conclusion du rapport sur la situation épidémiologique des semaines 52 et 53 rédigé par les experts du ministère de la Santé. Des spécialistes invités à mesurer l'efficacité des dispositifs en place et qui ont dû bondir, mardi, en écoutant leur ministre et Xavier Bettel détailler les adaptations sanitaires qu'allait suivre le pays pour ce premier mois de 2021.
Car à l'issue du premier conseil de gouvernement de l'année, une autre voie a été retenue. A compter du 10 janvier, les clients retrouveront tous leurs magasins habituels, élèves et enseignants reprendront le chemin des salles de cours, le couvre-feu ne débutera plus à 21h mais 23h et activités sportives et culturelles pourront repartir. De quoi possiblement engendrer une reprise virale d'après les spécialistes. Ces derniers invitaient donc plutôt les décideurs politiques à maintenir les dispositifs plus sévères instaurés depuis le 26 décembre notamment.
Pour les experts du ministère de la Santé, ce statu quo devait permettre aux autorités de «ramener au plus vite les taux des nouvelles infections à un niveau qui permet un contrôle optimal de la situation par le contact tracing». Soit environ 120 à 150 infections quotidiennes, quand les derniers chiffres -certes encourageants- s'établissent encore autour de 160 nouveaux cas/jour.
Si le gouvernement n'a pas choisi de suivre pleinement ces recommandations, Paulette Lenert et Xavier Bettel l'assument. Et mardi, interrogés sur cette divergence, ministre et Premier ministre s'en sont expliqués, martelant : «On doit disposer d'un paquet de mesures qui recherche un équilibre». Celui entre maîtrise sanitaire d'un côté, reprise économique et moral de la population de l'autre. D'où des nouvelles dispositions qui, de l'avis de Paulette Lenert, tendent vers «une normalité maximale avec des mesures maximales».
Allez parler d'un allègement des mesures aux restaurateurs que nous maintenons fermés jusqu'au 31 janvier, vous verrez si cela va les amuser
Paulette Lenert, ministre de la Santé
Le mot à bannir d'ailleurs est déconfinement. L'exécutif ne veut ni l'entendre, ni le prononcer. Les choix, dont la Chambre des députés va débattre cette semaine, forment selon le duo Bettel-Lenert «un paquet encore très strict». Et d'appuyer leur démonstration sur les limitations qui s'imposeront aussi bien en termes d'accueil des clients dans les commerces, que de jauge et de distanciation dans les salles de spectacle ou de cinéma, de limite au nombre d'invités à domicile (toujours deux maximum) comme les normes à respecter dans la pratique sportive (détaillées jeudi par le ministre Dan Kersch).
«Allez parler d'un allègement des mesures aux restaurateurs que nous maintenons fermés jusqu'au 31 janvier, vous verrez si cela va les amuser», lance même crânement la ministre de la Santé, piquée visiblement par les remarques. Une Paulette Lenert qui assume d'ailleurs volontiers les choix de l'ensemble de la majorité : «On ne peut pas se limiter aux seules réflexions de la Santé» quand il faut faire des choix pour tout le pays.
Alors oui, le gouvernement soulève (un peu) le couvercle du confinement des particuliers, des scolaires, d'une société dont Xavier Bettel a conscience qu'elle souffre psychologiquement des mois passés dans le stress de l'épidémie et des interdictions successives. Jeunes, actifs, seniors : nul n'est épargné par le covid blues. Aussi convient-il de faire quelque peu retomber la pression en retrouvant un peu cette fameuse «normalité» disparue depuis bientôt un an.
Mais gare au retour de bâton, pronostiquent l'opposition politique comme les spécialistes médicaux qui ont signé le rapport délivré le 4 janvier au gouvernement luxembourgeois. «Seulement un taux d'incidence virale bas pourra garantir un impact minimal de l’infection sur la santé publique, l’économie et la société en général.»
Si le coronavirus venait à reprendre la vigueur, «déjà avec un peu moins de 200 infections/jour au Luxembourg, l’impact économique sera majeur pour le pays, ont averti les experts. «Environ 3% de la population sera alors en isolement ou en quarantaine, ce qui aura un impact non négligeable sur la force de travail disponible».
Un argument entendu par le libéral Xavier Bettel qui indique avoir décidé de suivre une autre ligne que la voie purement sanitaire : «Notre priorité doit être d'aider l'économie à se relever», insistait le chef du gouvernement pour ce début 2021.
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