La mue de la route d'Esch atteint le cœur de Hollerich
La mue de la route d'Esch atteint le cœur de Hollerich
En pleine mutation physique depuis quatre ans sur son tronçon reliant Hollerich et Gasperich, la route d'Esch, poursuit sa métamorphose. Que ce soit sur le site de l'ancien Monopol où poussent actuellement 480 appartements ou l'immeuble Trianon sorti de terre au niveau du carrefour avec la rue de Gasperich. A la place des anciennes maisons individuelles, la pente fait place aux immeubles, souvent aux formes cubiques, de quatre ou cinq étages.
Cette fois la transfiguration touche le cœur même de l'ancien village de Hollerich, la Place Paul et Pierre, à l'ombre de l'église esseulée, phare de l'entrée sud de la Ville. Comme c'était écrit dans ses gènes, le «Chiche !», restaurant de spécialités syriennes situé au 99 route d'Esch, a finalement fermé ses portes le 5 octobre. Pour mieux renaître au Limpertsberg ce samedi 19 octobre.
L'adresse gastronomique portée par des réfugiés désireux de s'insérer, était temporaire. Le propriétaire de l'immeuble, Pitt Pirrotte, avait symboliquement loué les murs, tout comme ceux du «Chiche Garden» voisin (au 51 rue Baudouin) et du «Back Chiche !» voisin (101 route d'Esch), en attendant de vendre les cinq maisons qui se jouxtent à l'angle de la route d'Esch et de la rue Baudouin.
«Les maisons vont être démolies d'ici la fin de l'année», annonce l'entrepreneur. A la place, poussera d'ici «le printemps 2022» un immeuble flambant neuf de cinq étages en briques noires. Des 47 appartements de ce «redéveloppement du patrimoine familial» que compte le projet baptisé «51Baudouin», 22 sont déjà signés. Un logement d'une seule chambre est affiché entre 527.000 et 701.000 euros, le prix variant selon la surface.
Son sous-sol sur trois niveaux abritera 55 places de parkings. C'est davantage que sur la Place Pierre et Paul. Une place coûte 55.000 euros, hors taxe. L'affectation des 800 m2 de surface commerciale au rez-de-chaussée reste un mystère pour l'heure. «Il n'y aura vraisemblablement pas de restaurant», glisse Pit Pirrotte.
Ce nouveau projet, qui redessinera la partie basse de la Route d'Esch, est à l'image de la mue sociologique qui s'opère sur cet axe pénétrant reliant le centre-ville et le Ban de Gasperich. Mais aussi dans la longue rue de Hollerich. Le quartier vit une gentrification accélérée par une capitale tentaculaire aux faubourgs vieillissants et par la pression immobilière. Au cours du deuxième trimestre 2019, les prix ont encore flambé de 11,4% au Luxembourg par rapport à 2018.
Anciens abattoirs et «Porte de Hollerich»
Dans un rayon de 300 mètres autour de l'église-phare, d'autres projets de construction, bien plus vastes, viendront modifier dans un avenir à moyen terme, l'image de la porte que constitue Hollerich pour Luxembourg-Ville.
Pas plus tard que fin septembre, la Ville de Luxembourg a relancé le réaménagement du «Schluechthaus», les anciens abattoirs de la ville qui offrent un site de 2,5 hectares aux portes de Hollerich. Et les idées ne manquent pas pour fixer les contours du concours d'architectes que Lydie Polfer, bourgmestre DP, veut lancer «courant 2020».
Refait aussi surface ces derniers temps le projet «Porte de Hollerich» à l'entrée d'un quartier dessiné par son axe d'accès à l'autoroute A4, la silhouette du P&R Bouillon et les entreprises qui longent l'axe. La ville et l'Etat sont en grande partie propriétaires de la gigantesque zone de 35 hectares où 3.580 logements pourraient voir le jour.
Interrogé début juillet par nos collègues du Quotidien, Laurent Langner, directeur adjoint du service architecte de la Ville, estimait que «les premiers travaux devraient commencer d'ici cinq ans et on peut imaginer qu'en 2030 la Porte de Hollerich commencera à accueillir ses habitants.»
Plusieurs centaines de logements devraient également être construits à «Hollerich Village», une ancienne friche vouée à devenir le quartier le plus écolo de Luxembourg qui s'inscrit dans le projet plus vaste de la «Porte de Hollerich».
A l'autre bout du quartier de Hollerich, côté gare, un autre projet d'habitat sera créé sur les futures friches industrielles de 18 hectares des usines Heintz van Landewyck et Paul Wurth. Près de 4.000 personnes s'installeront là. C'est plus de la moitié du quartier Hollerich qui comptait 7.100 habitants au 1er janvier 2019.
