«La mort de Poutine, le seul moyen de sortir de la guerre»
«La mort de Poutine, le seul moyen de sortir de la guerre»
(m. m. avec YL) - «Si le peuple russe voyait les ravages que Poutine est en train de créer, ce qu'il est en train de détruire, la peur et le nombre de morts dont il est responsable, à mon avis le Kremlin serait renversé, ce qui est tout ce que l'on peut souhaiter [qu'il lui arrive], également qu'il soit physiquement éliminé», a déclaré Jean Asselborn dans une interview accordée à la radio 100,7 mercredi. «Pour que cela cesse, cela semble être la seule solution», a-t-il ajouté.
Jean Asselborn est connu pour ses commentaires audacieux sur les dirigeants étrangers. Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères «ne peut pas imaginer» que les négociations de paix actuelles aboutissent à un résultat.
Le ministère des Affaires étrangères n'a pas voulu faire d'autres commentaires lorsqu'on lui a demandé si le ministre Asselborn avait voulu exhorter les Russes à se soulever, à renverser le gouvernement et éventuellement à tuer Vladimir Poutine pour mettre fin au conflit, affirmant que l'interview avait été claire.
Un appel à la violence approprié?
L'interview a conduit le parti national conservateur ADR à demander au Premier ministre Xavier Bettel (DP) s'il trouvait «approprié» que le ministre des Affaires étrangères du pays recoure publiquement à un appel à la violence mortelle contre un chef d'État étranger, dans une question parlementaire à laquelle M. Bettel doit répondre dans la semaine.
Fin d'après-midi, le ministère des Affaires étrangères a fait savoir dans un communiqué la prise de position du ministre par rapport à son intervention matinale sur les ondes de 100,7. «Avant mon interview de ce matin sur la station de radio 100,7, je venais d'entendre la description par le maire de Kharkiv de la situation dramatique dans sa ville. Il a dit que les troupes de Poutine étaient en train de détruire complètement Kharkiv, que même un hôpital avait été bombardé, que de très nombreux civils avaient perdu la vie dans les combats de rue et que d'autres allaient certainement suivre», explique le ministre.
«Ma réaction à la question de savoir si une «solution» pouvait être trouvée a été que la guerre en Ukraine ne peut être arrêtée que si les actions de Poutine peuvent être arrêtées. Je ne vois pas d'autre solution. Les deux mots «éliminer physiquement» m'ont échappé», affirme-t-il.
«C'était une erreur»
«Un ministre des Affaires étrangères ne devrait jamais utiliser de tels mots», a confessé Jean Asselborn. «Même après 18 ans en tant que ministre des Affaires étrangères, je ne suis pas capable de réprimer mes émotions et mon sens de la justice, face à une telle souffrance humaine incommensurable endurée par des personnes innocentes. C'était une erreur, mais aussi une soupape d'échappement, pour tenter de faire face à la situation. J'accepte la critique, elle est valable. Je ne me cacherai pas la tête dans le sable», a-t-il conclu.
Jean Asselborn, déjà connu pour ses remarques acerbes sur l'ancien vice-Premier ministre italien Matteo Salvini et la Hongrie, avait poussé le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo à annuler une visite au Luxembourg en janvier 2021, quelques jours seulement après avoir qualifié le président américain Donald Trump de «criminel» et de «pyromane politique».
Des pourparlers vont reprendre
Ce mercredi, la lutte pour certaines des principales villes d'Ukraine s'est intensifiée au septième jour de l'attaque militaire russe, avec des bombardements lourds dans la ville orientale de Kharkiv, tandis qu'un convoi militaire de plusieurs kilomètres s'approchait de la capitale Kiev.
Des négociations pour mettre fin à la guerre ont eu lieu lundi entre les délégations représentant Moscou et Kiev. Les résultats n'ont pas été concluants, mais les deux parties ont accepté de poursuivre les discussions, selon le Financial Times.
Les pourparlers doivent reprendre ce mercredi soir, a déclaré le gouvernement ukrainien. Mais le chef de la diplomatie luxembourgeoise s'est dit pessimiste sur les chances de régler ce conflit par la voie diplomatique, avec des négociations. «Nous ne devons pas dire aux gens que, diplomatiquement, on va encore réussir à prendre le virage avec un Vladimir Poutine comme président», a-t-il déclaré.
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