«La mentalité flamande se rapproche du Luxembourg»
«La mentalité flamande se rapproche du Luxembourg»
«Le Luxembourg est mon pays d'adoption», annonce d'entrée Michèle Detaille. La présidente de la Fedil ne renie pas ses origines belges mais elle avoue ne plus se retrouver dans la Belgique actuelle qu'elle a quittée il y a 25 ans. «Il y a trop de divergences entre le sud et le nord du pays, les mentalités ont changé entre un jeune Flamand qui ne parle pas le français et un Wallon qui ne maîtrise pas le néerlandais.»
L'ancienne bourgmestre de Vaux/Sûre regrette aussi la complexité de son pays. «On retrouve deux régions avec une culture différente. Je retrouve en Flandre une mentalité qui se rapproche quelque peu du Luxembourg, les décideurs ne s'endorment pas sur leurs lauriers et n'hésitent pas à dépoussiérer certains domaines».
Au côté pragmatique et efficacité des gens du Nord, Michèle Detaille regrette le manque d'ambition de la Wallonie où la remise en question est rarement d'actualité. Un contraste saisissant avec «le Luxembourg qui est parvenu à se renouveler au cours des dernières décennies».
Georges Gondon partage également le même sentiment. Issu du monde des PME, il est arrivé au Grand-Duché au début des années 90 et a, lui aussi été frappé par l'esprit d'entreprise qui règne au pays. «Le tissu économique du Luxembourg est favorable aux investisseurs ce qui n'est pas le cas partout.» Et ce dernier de mettre en avant la «flexibilité décisionnelle» et la «réactivité» des dirigeants. «C'est le jour et la nuit avec la Belgique. Le fait de pouvoir rencontrer et dialoguer avec un ministre sans trop de problème est aussi un atout.»
Cet échevin de la commune d'Etalle pointe aussi le décalage énorme entre la capitale où siègent les différents niveaux de pouvoir et le sud du pays. «L'identification politique et la réalité du terrain ne sont plus en adéquation, la manière dont on perçoit les choses est différente». Et notre interlocuteur de citer Ath et Arlon, deux communes qui font partie de la Grande Région mais dont les «attentes et les aspirations sont bien différentes».
Si un colloque sera organisé le 9 juin 2021 à Martelange et Rombach pour fêter en grande pompe le Centenaire de l'Union économique belgo-luxembourgeoise, les relations entre la Belgique et le Luxembourg n'ont pas toujours ressemblé à un long fleuve tranquille. La crise du covid-19 a quelque peu mis à mal cette relation d'amitié mais Georges Gondon pointe aussi la présence d'une autre barrière. «Sur un plan physique, les frontières ont été levées mais on retrouve cette limite au niveau de la fiscalité», dit-il.
Celui qui est aussi membre de l'association «Effet-Frontière» plaide notamment pour davantage de souplesse en faveur des salariés. «La mobilité ne doit pas être que physique. La dernière crise sanitaire a démontré que le travail à domicile fonctionnait. J'ai été surpris par la vitesse avec laquelle la Belgique a laissé tomber ses règles de fiscalité avec le Luxembourg», estime encore Georges Gondron qui rêve d'étendre à 56 le quota de jours de télétravail autorisés pour ses compatriotes. Mais pour cela, il faudra encore patienter pour que la Belgique se dote enfin d'un gouvernement de plein exercice. Les dernières élections législatives ont eu lieu le 26 mai... 2019.
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