«La langue luxembourgeoise connaît une vraie dynamique»
«La langue luxembourgeoise connaît une vraie dynamique»
«Ah bon? Le luxembourgeois est une langue?» Qui n'a pas déjà entendu cette phrase à l'étranger? Une langue certes encore toute jeune d'une certaine manière, puisqu'elle n'a été reconnue qu'en 1984 comme langue nationale du Grand-Duché par la loi sur le régime des langues, mais qui connaît ces dernières années un véritable intérêt. Pour Luc Marteling, directeur du Zenter fir d'Lëtzebuerger Sprooch (Centre pour le luxembourgeois), si la langue de Michel Lentz est moins parlée à la maison, elle n'est pour autant pas en danger: «La langue luxembourgeoise connaît une vraie dynamique. Il est légitime de se faire du souci dans une société multiculturelle, mais le luxembourgeois a sa place et connaît un développement phénoménal à l'écrit, donc il n'y a pas d'inquiétude.»
Le directeur dit également constater un fort intérêt pour la langue luxembourgeoise et pour son orthographe. Un intérêt qui s'est d'ailleurs traduit par plus de 20.000 exemplaires du livre «D'Lëtzebuerger Orthografie» écoulés depuis 2019: «C'était une grande surprise, on était débordé, mais c'est vraiment bien.»
Plus de 1.000 questions reçues sur l'orthographe
Pour Luc Marteling, plusieurs raisons peuvent expliquer cet engouement. Selon lui, il peut y avoir d'une part des personnes intéressées par la langue luxembourgeoise parce que celle-ci peut représenter un atout dans le monde du travail, mais d'autre part aussi parce qu'il y a une «prise de conscience de la valeur de la langue et de sa richesse».
Cette curiosité pour la langue luxembourgeoise, Luc Marteling le constate aussi dans les nombreuses sollicitations que reçoit le Zenter fir d'Lëtzebuerger Sprooch (ZLS). Le directeur recense plus de 1.000 questions reçues sur l'orthographe, l'étymologie ou encore la signification de mots locaux. «Il y a un intérêt général, mais ce qui est surprenant c'est aussi le nombre de questions pertinentes sur les règles d'un niveau assez élevé», remarque le responsable du ZLS. Ce dernier estime que la dynamique de la langue repose aussi sur l'encadrement donné par le gouvernement avec la création en 2019 du ZLS et du poste de commissaire à la langue luxembourgeoise occupé par Marc Barthelemy.
Celui-ci a assuré, à la veille de la fête nationale, sur les ondes de RTL que «le luxembourgeois faisait indéniablement partie de ce qui constitue le Luxembourg». Le commissaire a aussi remarqué: «Il n'y a jamais autant de personnes qui peuvent parler le luxembourgeois comme c'est le cas aujourd'hui. Mais c'est aussi vrai que la part des locuteurs de langue maternelle a diminué dans la population luxembourgeoise, parce que celle-ci a doublé avec majoritairement des immigrés.» Marc Barthelemy dit également observer que la langue de Michel Lentz a «gagné en statut», comme le montrent les discours à la Chambre ou pour la fête nationale, alors que ce n'était pas le cas il y a quarante ans.
Notons que pour mesurer la progression de la langue luxembourgeoise, il y a également le dictionnaire en ligne luxembourgeois LOD. En 2021, 10 millions d'articles y ont été publiés, soit près de trois fois plus qu'en 2017. Rien que l'année dernière, 2.700 utilisateurs par jour sont allés consulter le site selon le directeur du ZLS et près de 9,7 millions de termes ont notamment été recherchés.
Une nouvelle version pour le LOD
Avec la pandémie de covid de nouveaux mots ont d'ailleurs fait leur entrée dans le dictionnaire comme «tracing» ou «coronavirus». «C'est important d'être proche de l'usage courant de la langue et de permettre de nommer la crise sanitaire», souligne Luc Marteling. Ce dernier indique que le LOD bénéficie désormais d'une nouvelle mise à jour qui permet d'élargir les possibilités de recherches avec notamment des tags.
Quelle est l'expression luxembourgeoise favorite du directeur du ZLS? Réponse de l'intéressé: «Dat ass mer ausdenkeg ginn (à comprendre: ça m'est sorti de l'esprit». Voilà, une expression à bien retenir si vous faites partie des personnes distraites.
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