La grippe fait les frais du covid
La grippe fait les frais du covid
Ouf, la double épidémie covid+grippe crainte pour cet hiver n'aura vraisemblablement pas lieu. «A l'heure actuelle, on peut parler d'absence grippale. Il y a très peu de cas de grippe dans le pays ou plus largement à l'échelle de l'Europe», commente le Dr Guillaume Fournier du Laboratoire national de santé. A peine si neuf cas ont été signalés, alors que pour le précédent épisode le seuil épidémiologique avait été atteint dès début décembre 2019 et que janvier marquait la montée en puissance des cas d'infection.
Ainsi, le réseau Sentinelle mis en place pour surveiller l'évolution des cas d'infections respiratoires aiguës ne voit pas la grippe pointer le bout de son nez cet hiver. Ni cette vingtaine de cabinets médicaux répartis dans tout le Grand-Duché, ni les Centres de consultation covid (CCC) vers qui sont envoyés les patients possiblement atteints par le coronavirus ne signalent de cas. «Nous étudions aussi les échantillons obtenus auprès de ces CCC car les syndromes grippaux et ceux du covid sont très proches (douleurs musculaires, fièvres, fatigue, gêne respiratoire, etc). Les analyses PCR menées au LNS permettent de bien distinguer les deux. Mais rien n’apparaît concernant la grippe...»
Pourtant l'influenza est bien là, comme chaque fin et début d'année dans l'hémisphère Nord, mais «l'isolement des pays les uns par rapport aux autres qui empêche le passage des voyageurs d'un Etat à l'autre contribue largement à freiner la circulation de la grippe cette année», note le spécialiste.
Tout comme le Dr Fournier et ses confrères se félicitent de voir que les gestes barrières portent leurs fruits. «La distanciation, le masque, l'éternuement dans le coude, le lavage des mains, le gel: tout cela a très certainement participé aussi à ralentir la propagation du virus de la grippe ces derniers mois.»
L'Australie en avait été le témoin dès cet été (à l'heure de l'hiver austral donc). Le nombre de cas de malades de la grippe avait été en 2020 «ridiculement faible». Et c'est ce qui se passe désormais en Europe où moins de 400 cas ont été répertoriés sur 150.000 tests du réseau de surveillance continental.
Mais pourquoi alors ce qui fait tampon à la grippe n'a pas la même efficacité sur le covid-19. «Certes les deux sont des virus respiratoires, qui se transmettent essentiellement par voie aérienne (dans l'air). Mais la virulence du coronavirus semble bien plus forte et il se transmet bien plus facilement.» Preuve en sont les 38.000 nouveaux cas covid dépistés au Luxembourg ces trois derniers mois (sur les 48.027 infections relevées sur dix mois).
Aussi le virologue ne peut-il qu'encourager chacun à maintenir le respect des gestes barrières d'abord dans les semaines à venir, mais aussi pour les temps à venir. «Avant que nous émettions ces mêmes recommandations, les gens les écoutaient mais sans les appliquer. Là, avec le Sars-Cov2, leur niveau de vigilance s'est renforcé et se combine avec l'ensemble des mesures sanitaires gouvernementales. D'où ce coup porté à la vague de grippe de cette saison», constate le Dr Fournier.
Cependant, même si elle est «absente» cette fois, la grippe saisonnière reviendra bien un jour. Elle aussi mute, et les grands laboratoires pharmaceutiques chargés de produire le vaccin sont bien placés pour le savoir. «Chaque année, c'est la même chose pour eux: en février déjà, ils doivent anticiper la formule qui pourra contrecarrer la souche qui circulera plusieurs mois après.»
Une prospective scientifique plus ou moins pertinente, en fonction de plusieurs critères. «Mais, grosso modo, on peut estimer que les vaccins proposés sont efficaces à 60% contre la grippe A/H1N1 et la grippe B, et à 30-40% en ce qui concerne la grippe A/H3N2». Des taux bien inférieurs donc à ceux affichés par Pfizer/BioNTech ou Moderna pour leur vaccin anti-covid qui sont désormais autorisés en Europe. 95% pour le premier, 90% pour le second.
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