La fièvre gagne les enseignants
La fièvre gagne les enseignants
Deux vidéoconférences début avril, autant fin juin. Et c'est tout... Aucun doute, cette crise sanitaire n'aura pas été marquée par une grande concertation entre le ministre de l'Education et les syndicats enseignants. «Il nous a un peu informés, n'a pas du tout sollicité nos idées, ni demandé comment ses mesures étaient perçues», regrette amèrement Patrick Arendt, président du syndicat SEW-OGBL.
Et apprendre via la presse qu'une vingtaine de classes ont dû être placées en quarantaine, en raison de jeunes ou professeurs positifs au covid-19, ne va pas améliorer la note attribuée à Claude Meisch (DP) par les représentants syndicaux. «Il nous maintient à l'écart des décisions et des informations essentielles, peste Raoul Scholtes pour la Fédération enseignante Feduse-CGFP. Pourtant, les professionnels de l'enseignement sont maintenant en première ligne.» Aussi, même si les syndicats ne réclament pas le nom des jeunes ou collègues testés positifs (respect du secret médical), au moins attendent-ils de l'autorité gouvernementale un peu plus de transparence sur la situation réelle.
D'autant que voilà les enseignants plus exposés que jamais. Avec la fin de l'obligation du port du masque en classe (maintenant facultatif) et la réunion des demi-groupes qui avaient été instaurés pour la reprise le 25 mai, d'aucuns estiment le risque de contamination comme d'autant plus élevé. «Beaucoup de confrères reconnaissent que cela leur procure une peur particulière que d'aller en classe dans ces conditions. Et pas certain que pédagogiquement les classes y aient beaucoup gagné», soulignent les syndicats.
Sans compter qu'à cette incertitude pour leur santé, les enseignants restent aussi dans le doute pour ce qui les attend à la rentrée. Certes, Claude Meisch ne saurait pronostiquer l'avenir dans cette période sanitaire incertaine. Mais, au moins, pourrait-il discuter avec eux des plans B ou C à mettre en place en cas de reprise de l'épidémie au retour des vacances. «Ce serait bien de préparer les choses, note ainsi Raoul Scholtes. Pour mémoire, quand il s'est agi de fermer toutes les écoles, en à peine deux jours, il a fallu tout repenser pour passer au télétravail, en prenant les adresses mail des enfants, essayant de réfléchir aux exercices à donner, etc.»
Avec le retour d'expérience et deux mois de préparatifs (juillet-août), les syndicats enseignants estiment qu'il serait possible de mieux préparer la suite des événements. Encore faut-il que le ministre accepte de faire de cet exercice inédit un devoir commun. «Vous savez, deux jours après la mise en place de l'enseignement à distance, Claude Meisch était devant les caméras pour dire combien tout se passait à merveille. Sans nous avoir demandé ce qu'il en était d'ailleurs. Oui, le Luxembourg avait mis les outils à disposition, mais il a fallu s'y adapter, aussi bien les écoliers que les maîtres», note Patrick Arendt.
Aussi, les voix de SEW et Feduse réclament-elles un état des lieux rapide au ministre. Il serait ainsi bon de voir dès maintenant combien de jeunes n'ont pas bénéficié d'un environnement favorable pour bénéficier des apprentissages; quels sont ceux qui ne disposaient pas des ressources matérielles pour bien suivre (accès à l'ordinateur ou à internet); quelles ont été les difficultés pour les professeurs, etc. Dans un second temps, sitôt la rentrée 2020-2021 sonnée, les écoliers pourraient également passer un test d'évaluation. Ce serait là un bon moyen de savoir ce qui a été retenu, ou non, du long trimestre de crise.
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