La délicate réouverture des crèches
La délicate réouverture des crèches
A l'image des princesses de contes de fées, les crèches du pays rouvrent les yeux. Le sommeil aura duré deux mois, et ce qui les attend pourrait laisser penser à un cauchemar sanitaire. «Il ne faut pas dramatiser, tempère Arthur Carvas, président de la Felsea, nous sommes des professionnels et nous avons été consultés depuis des semaines pour savoir ce qu'il était envisagé pour ce réveil du 25 mai.» Mais à voir le responsable de la Fédération luxembourgeoise des services d'éducation et d'accueil pour enfants passer d'un appel à l'autre, on sent la profession stressée.
Pourtant, le gouvernement aura pris soin d'associer la Felsea à la Task Force covid-19. Chaque établissement a également reçu son lot de documentations pour assurer la réouverture au mieux. Huit pages de consignes sanitaires (du ministère de la Santé) et 14 pages de recommandations pour l'accueil (du ministère de la Jeunesse, et de l'Enfance). «Et ce ne sont que des lignes directrices que l'administration a construites main dans la main avec nous.»
Reste que, lundi, le quotidien des crèches va être bouleversé. Obligation leur est ainsi faite de ne plus accueillir que cinq petits par salle d'activité et par dortoir. Toujours les cinq mêmes et toujours avec le même éducateur. Obligation de ne laisser entrer les parents que masqués (les moins de 6 ans étant dispensés) et sans que papas et mamans ne puissent accéder aux pièces réservées aux bambins. Interdiction pour les bambins de se croiser dans les couloirs, dans la cour ou côté jardin. «D'ailleurs, pour éviter tout brassage, chaque crèche doit nommer un référent chargé de gérer les flux à l'intérieur des bâtiments et avec le dehors», indique le président d'une fédération regroupant une centaine de structures pour une capacité d'accueil d'environ 10.000 bambins.
Un chiffre qui, à l'heure de cette nouvelle phase de déconfinement, va brutalement chuter. Car compte tenu des nouvelles règles, ce n'est pas la moitié des capacités qui vont disparaître mais bien plus parfois. «Prenez mon cas, confie le directeur de la crèche King Arthur's Castle, je passe d'un accueil de 48 enfants à 16!» Mais Arthur Carvas ne bronche pas: «Nul ne va s'amuser à dépasser ce qui est autorisé. Pour la santé des enfants comme pour celle de nos personnels.» N'empêche, le coup sera dur à amortir.
D'autant que contrairement à 14.700 sociétés du pays, aucune crèche n'a bénéficié des mesures de chômage partiel pour leurs salariés. Ces établissements fonctionnent en effet en délégation d'une mission publique d'accueil. A ce titre, les crèches bénéficient de subsides accordés par enfant.
Un subside dont le montant varie en fonction du profil social de la famille. «Résultat, certaines crèches à la clientèle plutôt fortunée ont vite déchanté après la fermeture exigée par le gouvernement. Elles n'ont plus reçu d'argent des familles et seulement quelques euros de la part de l'Etat.» De fait, les structures qui n'avaient pas de réserves de trésorerie ont dû réclamer des crédits pour assurer les salaires, et d'autres devront mettre la clef sous la porte.
Un joli souhait
Pour l'heure, Arthur Carvas doit se préoccuper des crèches souhaitant reprendre, lundi. Tout juste le président de la fédération a-t-il adressé un souhait aux membres de la Felsea. «Je voulais qu'à l'heure de reprendre les inscriptions, les responsables de crèche soient attentifs à offrir la priorité aux bambins issus d'une famille monoparentale, par exemple. Ou encore les enfants dont un ou les parents travaillent dans le secteur de la santé. Sans oublier d'ouvrir la porte d'abord aux moins de 4 ans dont ils savent que la vie à la maison, confiné, n'est pas simple.» Comme dans les contes de fées, on vous dit...
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