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La date de la prochaine tripartite sera fixée en septembre
Luxembourg 5 min. 03.08.2022 Cet article est archivé
L'inflation revue à la hausse

La date de la prochaine tripartite sera fixée en septembre

Selon le Statec, les ménages doivent se préparer à une importante hausse des prix de l'énergie à l'automne-hiver, qui ne sera pas sans répercussion sur les prix d'un large éventail de biens et de services.
L'inflation revue à la hausse

La date de la prochaine tripartite sera fixée en septembre

Selon le Statec, les ménages doivent se préparer à une importante hausse des prix de l'énergie à l'automne-hiver, qui ne sera pas sans répercussion sur les prix d'un large éventail de biens et de services.
Photo: Shutterstock
Luxembourg 5 min. 03.08.2022 Cet article est archivé
L'inflation revue à la hausse

La date de la prochaine tripartite sera fixée en septembre

Laura BANNIER
Laura BANNIER
Les dernières prévisions économiques de l'institut national de statistiques envisagent le déclenchement d'une prochaine tranche indiciaire lors du dernier trimestre 2022.

Les partenaires sociaux et le gouvernement vont-ils à nouveau devoir se soumettre à l'exercice d'une réunion tripartite avant la fin de l'année? Les prévisions économiques du Statec semblent en tout cas aller dans ce sens. Les statisticiens ont publié ce mercredi leurs prévisions d'inflation, ainsi que l'indice mensuel des prix à la consommation du mois de juillet. Et si ces derniers ont légèrement reculé, la tendance inflationniste a, elle, été revue à la hausse pour 2022 et 2023. Suffisamment pour déclencher une prochaine tranche indiciaire au cours du 4e trimestre 2022.


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À la lecture de ces éléments, le gouvernement a rappelé que l'accord qui le lie à l'Union des entreprises luxembourgeoises et aux organisations syndicales LCGB et CGFP, en date du 31 mars dernier, indique que l'exécutif s'engageait à convoquer une nouvelle réunion tripartite dans deux cas. Le premier étant une situation économique et sociale empirant au cours de l'année 2023 ; le second, une tranche indiciaire supplémentaire déclenchée en 2023. 

Selon les chiffres dévoilés par le Statec, l'inflation devrait donc atteindre 6,6% sur l'année 2022, et 5,3% en 2023 en cas d'une non-résolution du conflit russo-ukrainien. Pour rappel, en mai dernier, date des dernières estimations de l'institut national de statistiques, l'inflation avait été estimée à 5,8% pour 2022 et 2,8% pour 2023.

Trois tranches au total

De quoi amener le gouvernement luxembourgeois à mandater l'institut national de statistiques pour une mise à jour de ses prévisions lors de la première semaine de septembre. C'est uniquement à cette date qu'une prochaine réunion du Comité de coordination tripartite pourrait être convoquée, sur base de l'évolution présentée par les statisticiens, a fait savoir l'État par voie de communiqué de presse.


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Dans le détail, le Statec souligne les niveaux historiquement élevés atteints en 2022 par l'inflation sous-jacente (plus de 4%), et la poursuite de cette tendance en 2023. Une dynamique notamment due aux risques croissants de pénurie de gaz en Europe et sa répercussion sur le prix de l'électricité, la dépréciation de l'euro face au dollar, mais également la décroissance lente du prix du baril de Brent, qui favorisent l'inertie de l'inflation et sa diffusion sur les prix.

Alors que le déclenchement d'une première tranche indiciaire pourrait se précipiter dès la fin de l'année 2022, une seconde pourrait avoir lieu dès 2023, lors du second trimestre, selon le scénario central du Statec. Deux tranches, donc, auquel il convient de rajouter le paiement de la tranche indiciaire déclenchée en juin 2022 qui sera appliqué en avril 2023, selon l'accord tripartite du 31 mars dernier.

Entre 60% et 140% d'augmentation pour le gaz

Cette hausse des prévisions économiques est largement boostée par les tensions sur l'approvisionnement en gaz de l'Europe. Ainsi, le Statec envisage une augmentation du prix du gaz au Luxembourg de près de 90% au cours du prochain automne-hiver par rapport aux prix pratiqués à l'été 2022. L'électricité, elle, bondira supposément de 35% en janvier 2023 par rapport au mois de décembre 2022. Mais les incertitudes liées à l'approvisionnement devraient également se transmettre «aux prix d'un large éventail de biens et services», prévient le Statec.


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L'institut prévoit par ailleurs deux autres scénarios. Dans le cadre de l'estimation haute, les risques croissants de pénurie de gaz pourraient davantage peser sur le prix de l'énergie. La hausse additionnelle du prix du gaz causée par une possible coupure totale de Nord Stream 1 se répercuterait sur les prix du pétrole, entrainant un choc de prix avec une augmentation de 140% du prix du gaz à l'automne-hiver par rapport à l'été 2022 et 40% du prix de l'électricité en janvier 2023 par rapport à décembre 2022. Dans ce cas, le prochain indice serait toujours déclenché au 4e trimestre 2022, auquel s'ajouteraient deux tranches indiciaires aux 1er et 2e trimestre 2023, ainsi que le rattrapage de la tranche déclenchée en juin 2022.

La montée des incertitudes autour de l’approvisionnement de gaz en Europe devrait se transmettre au prix de l’électricité et, plus généralement, aux prix d’un large éventail de biens et services.

Statec

Pour finir sur une note moins négative, le Statec prévoit aussi un scénario bas dans lequel l'OPEP pourrait décider de revoir sa production de pétrole à la hausse. De quoi accélérer la baisse du prix du baril de Brent. Associé au plan d'urgence de la Commission européenne prévoyant une réduction de 10% de la consommation de gaz sur le Vieux continent, cette perspective entrainerait un ajustement de seulement 30% pour le prix de l'électricité, tandis que le gaz connaîtrait une hausse de 60%. Dans ce scénario, la prochaine tranche indiciaire ne serait déclenchée qu'au premier trimestre 2023, à laquelle s'ajouterait toujours le rattrapage de l'indice de juin 2022.


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À noter que d'autres facteurs peuvent peser sur l'inflation et ne sont pas pris en compte dans les prévisions du Statec. Les statisticiens notent par exemple que l'analyse «ne tient pas compte d'une accentuation de la dépréciation de l'euro vis-à-vis du dollar». Un facteur qui pourrait stimuler davantage l'inflation sous-jacente via les produits importés qui deviendraient plus chers en Europe. Par ailleurs, le marché du travail, qui connaît déjà d'importantes tensions en matière de recrutement, pourrait voir sa situation s'aggravé par l'augmentation des salaires plus rapide que la productivité. Une sorte de cercle vicieux qui entrainerait une hausse des prix, et par conséquent, de l'inflation.

Pour autant, un assouplissement de la stratégie «zéro covid» de la Chine, limitant ainsi les problèmes d'approvisionnements, et une normalisation de la politique monétaire en Europe par la BCE pourraient, eux, ralentir l'inflation, sans accroître les risques de récession.

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