La criminalité liée à la drogue toujours à la hausse
La criminalité liée à la drogue toujours à la hausse
(DH) - Le trafic de drogue et la cohorte de problèmes qu'il véhicule gangrènent le quartier de la gare et sa périphérie. Corroborée par les chiffres communiqués dernièrement par la police, la situation ne fait qu'empirer au fil des années.
Pour l'année 2018, selon les chiffres présentés par les autorités en septembre, le taux de délinquance dans ce secteur est plus de dix fois supérieur à celui des autres quartiers de la Ville. Patrick Even, directeur régional de la police dans la capitale, a par ailleurs indiqué que, lors des sept premiers mois de l'année, la criminalité liée au trafic de stupéfiants avait augmenté de plus de 62% à Luxembourg, contre 13,5% dans le reste du pays.
Sollicité à plusieurs reprises au sujet des chiffres de la délinquance pour l'ensemble des quartiers de la Ville, la police a indiqué que «3.960 affaires avaient été traitées dans le quartier de la gare, dont 666 en rapport direct avec un trafic de drogue», selon Frank Stoltz, son porte-parole.
Dans ce classement peu enviable, le quartier de Bonnevoie-Sud, qui jouxte la gare, arrive en deuxième position des secteurs les plus impactés par la criminalité. 2.260 affaires y ont été traitées, dont 378 relatives à la drogue. A titre de comparaison, la police s'est chargée de 503 affaires à Gasperich (26 de drogue) alors que Dommeldange n'a fait l'objet que «d'environ 200 affaires», et le Grund «de moins de 50».
Patrick Even a toutefois tenu à apporter un bémol en soulignant que cette progression devait, en partie, être imputée à la multiplication des enquêtes. «Si plus d'infractions sont détectées, cela signifie que la police est plus proactive», a-t-il indiqué.
Pour mémoire, en termes de population carcérale, un cinquième des 700 détenus dans les centres de détention de Schrassig et Givenich le sont pour des affaires liées aux stupéfiants.
Plus de présence et de collaboration transfrontalière
Pour faire face à cet envol de la délinquance, 450 riverains du quartier de la gare ont participé à la réunion d'information organisée par les élus, le 25 septembre. Et vendredi dernier, 80 personnes ont répondu à l'appel à manifester pour bannir drogue et prostitution dans un quartier qui compte 11.000 habitants, soit le quatrième de la capitale en termes de population.
Face à la grogne, le ministre de la Sécurité intérieure François Bausch (Déi Gréng) s'est engagé à disposer davantage de forces de l'ordre sur le terrain avec davantage de moyens.
Le budget consacré à la lutte contre la drogue est d'ailleurs en progression puisqu'il est passé de 8,5 millions d'euros par an en 2014 à près de 14 millions en 2018.
Assermentés le 18 septembre, la plupart des 75 nouveaux policiers seront affectés au quartier de la gare pendant «quelques mois à un an». Par ailleurs, le ministre mise aussi sur une coopération transfrontalière renforcée, avec la France notamment. Elle avait permis, en 2016, de décapiter un réseau de Nigérians qui préparaient, à Longwy, la cocaïne revendue dans le quartier de la gare.
Quant à Lydie Polfer, la bourgmestre de la capitale, elle a promis que sitôt les chantiers du tram et de Soho terminés, l'année prochaine, elle présentera un projet d'aménagement de la rue de Strasbourg.
En attendant, les riverains et commerçants restent mobilisés alors que d'autres proposent des solutions alternatives. C'est ainsi que Patrick Goldschmidt (DP), échevin de la Ville en charge du service Hygiène, a évoqué avec nos confrères de Paperjam l'idée d'un appel à des sociétés privées de sécurité, «si la police n’a pas les moyens nécessaires».
A ce jour, cette proposition n'a pas rencontré d'écho.
