La Chambre des salariés redessine la reprise
La Chambre des salariés redessine la reprise
Plus question de rester discrète et dans l'ombre de l'état de crise. Maintenant que le déconfinement commence à redonner son élan au pays, la Chambre des salariés entend elle aussi avoir l'oreille des politiques. A l'image des syndicats regrettant le silence du gouvernement à leur égard ces derniers temps, la présidente de la CSL Nora Back a elle aussi fait savoir, jeudi, qu'il était temps de relancer «un dialogue social fort».
Aussi fort que la situation est grave. Et cette fois, contrairement à la sortie de la crise financière en 2008-2009, la Chambre des salariés entend bien que le Luxembourg ne retombe plus dans des mesures d'austérité. Préférant compter sur un Etat-providence bienveillant. Ainsi, la CSL estime qu'il convient de veiller à ne pas retirer les mesures de soutien et de renforcer le pouvoir d'achat des citoyens.
Des intentions pour lesquelles la Chambre a avancé des propositions concrètes. Comme la mise en place d'un chèque-consommation pour les ménages résidents et frontaliers. Ce "voucher" permettrait non seulement aux familles de faire quelques économies, mais pourrait surtout permettre de soutenir certains domaines particulièrement en difficulté au sortir de ces deux mois de confinement. On pense tout naturellement à la restauration, secteur dont la réouverture n'est toujours pas en vue.
Mais parmi les 17 propositions mises sur la table, ce jeudi, la Chambre des salariés a aussi insisté sur l'augmentation attendue du salaire social minimum mais aussi de la pension de base versée aux retraités. Tout comme l'Etat est invité à augmenter les prestations familiales, estimant à un retard de plus de 20% le rattrapage nécessaire. Un geste indispensable à l'heure où le taux de risque de pauvreté des ménages luxembourgeois avec enfants dépasse la moyenne européenne...
Même hausse attendue pour l'allocation de vie chère, ou le crédit d'impôt monoparental, là encore cela concerne une part de la population devenant de plus en plus précaire. Tout comme la CSL souhaite que l'administration puisse être en mesure de traiter rapidement les dossiers de demandes d'aides sociales, nombreux, qui ne manqueront pas d'arriver dans les prochains jours. Et notamment par l'octroi d'avances financières récupérables, à l'image de ce que le gouvernement a déjà octroyé à certaines catégories d'entreprises.
Alors qu'il faut s'attendre à des pertes de revenus (liées au passage au chômage partiel voire total d'une bonne partie de la population active du pays), la Chambre souhaiterait aussi que le gouvernement révise à la hausse la subvention de loyer. Certes le ministre du Logement, Henri Kox (Déi Gréng), a déjà proposé une mesure le 30 avril, mais les représentants des salariés l'estiment «largement insuffisante». Cela en particulier pour soutenir les locataires âgés qui risquent de ne plus pouvoir compter sur la solidarité de leurs proches dont le portefeuille se sera lui aussi réduit.
Le poids des loyers comptant beaucoup dans le quotidien des ménages, l'Etat est invité à décréter la possible suspension du paiement des loyers pour les foyers en difficulté en raison de la crise. Geste qui s'accompagnerait par la création d'un fonds de compensation afin d'indemniser les propriétaires privés affectés par cette non-rentrée de revenus.
Si Xavier Bettel et ses ministres voulaient ajouter une poignée de mesures sociales dans leur future loi "Covid-19", les voilà servis. Mais sans doute que ces propositions seront évoquées, ce jeudi après-midi, pour la réunion tant attendue entre syndicats et le Premier ministre. Première main tendue, sous pression, après plusieurs semaines de silence.
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